3° Si je prends le profil Lutrv-Tour ronde, de 10.4km de longueur,
qui passe par l’extrémité orientale de la plaine centrale du lac, là où
les talus sont le plus inclinés, là où la section transversale est la plus
profonde par rapport à la largeur du lac, j’arrive, par le calcul, à une
durée de 10.9min pour les oscillations uninodales.
C’est ce dernier chiffre qui se rapproche le plus de la valeur des
seiches de Morges, et il semblerait que ce soit dans cette région du
lac, celle où est la masse d’eau la plus importante, que se détermine
le rythme du mouvément de balancement. (')
En somme, le calcul de la durée des seiches transversales en fonction
de la longueur et de la profondeur des profils dü Léman, ne
donne pas des résultats trop différents de la durée trouvée par
l’expérience pour les seiches de Morges (le résultat des calculs que
j’ai tentés est toujours trop fort); il n’y a pas là d’objection sérieuse à
l’hypothèse de la nature des seiches transversales que nous étudions ;
j ’y verrais plutôt une confirmation de l’hypothèse. Mais je dois reconnaître
que je suis loin d’être arrivé à utiliser, avec_certitude et précision,
l’intéressant procédé dont M. du Boys nous a dotés.
Quoi qu’il en soit, je n’ai pas.une objection sérieuse contre l’hypothèse
qui fait des seiches de '10 minutes, de Morges, des transversales
uninodales du lac. Tous les arguments parlent en sa faveur. Jusqu’à
réfutation, je continuerai donc à l’adopter comme plausible.-
2e type. Seiches binodales.
Sur les.tracés de Morges, presqu’aussi fréquemment que les seiches
de 40 minutes, on voit une seiche plus courte, de 5 minutes de durée,
que je tiens pour la transversale binodale du Grand-lac. Elle apparaît
en séries bien marquées, dont j’ai donné un exemple dans la fi g, 61,
p. 101. Ces seiches ont été vues par Yersin dans son observation du
3 décembre 1854 (p.49) ; elles sont assez fréquentes pour avoir
abaissé considérablement la durée moyenne des seiches de Morges,
étudiées par moi au goulet du port (p. 54).
Ces seiches de 5 minutes, sont souvent irrégulières, et leurs séries
j j II y aurait encore une autre possibilité ; -le rythme de l’oscillation serait
déterminé par la moyenne des différentes sections transversales du lac. Mais
j ’avoue ne pas savoir comment tenter le calcul qui vérifierait cette supposition.
ne sont en général que peu longues ; aussi ai-je eu plus de peine que
pour les uninodales a en déterminer la durée exacte. Cependant, j'ai
rencontré une série de 86 oscillations, suffisamment régulières, ayant
débuté le 5 octobre 1876, à 17h55, et qui m’a donné une durée
moyenne de la. seiche de 5.3mîn. Cette seiche est. donc légèrement
plus longue que la moitié de l’uninodale, dont la durée est de 10.3m,n.
3e type. Seiches dicrotes.
Les seiches dicrotes que nous avons vues si belles et si fréquentes
chez les longitudinales du Léman, existent aussi chez les transversales.
J’en ai uhe foule d’exemples sur les tracés de Morges, (fig. 62 et
63, p. 101 et 102). Mais elles ne sont jamais en séries longues et régulières,
comme les belles seiches que nous avons étudiées à Genève. Je
me borne donc à constater leur existence, sans vouloir essayer d’en
suivre les particularités plus en détail.
SEICHES THONON-ROLLE
Partant de notre hypothèse que lès seiches transversales oscillent
d’un côté à l’autre du lac, nous avions supposé que le mouvement de
balancement s’effectuerait en masse dans tout le lac, tout au moins
dans toute l’étendue du Grand-lac. Nous nous attendions donc à
retrouver nos seiches de 10 minutes, de Morges, non seulement à
Evian où nous les avons constatées, mais encore à Thonon et Rolle,
dans là partie occidentale du Grand-lac.
Grand a été mon étonnement en n’en -voyant pas traces sur les
courbes des limnographes. Dans toute cette région du Grand-lac qui
est à l’ouest du détroit de St-Prex-Pointe de la Drance, nous trouvons
des seiches de 7 minutes, très jolies, bien dessinées, souvent en
belles-séries (Pl. V, fig. G, p. 105) ; elles ont dans cette partie du lac
les mêmes caractères, la même fréquence, le même développement
en séries que les seiches de 10 minutes de Morges. Je les constate
parfaitement dessinées sur les tracés de Thonon du limnographe des
Ponts et Chaussées français, sur les tracés de Fleur-d’Eau, près
Rollè, . dù limnographe Sarasin ; les tracés de mon limnographe
portatif à Séchex-, près Anthy, et à Rolle, ne m’en ont donné que des