Thermomètre protégé
Thermométrographe
Méthode du limon
Negretti et Zambra
H.-B. de Saussure Février 1779 300” 5.4°
H. de la Bêche Septembre 1819 300 6.4 (?)
F.-A. Forel Février 1870 90 5-2
p§ t.". Mars 1871 65 5.4
Juillet 1873 260 5.9
_;• V. • Février 1874 50 515
_ ■ Mai 1879 210 5.2
__ Mai 1880 300 4.4
_ /-■ Novembre 1881 280 4.7
_ Février 1883 300 4.9 . ,
'__ Août 1884 290 5.1
Hôrnlimann Septembre 1885 240 ' 5.6
F.-A. Forel Juin 1886 300 5.0
_ Mars 1887 120 5.1
— Septembre 1889 300 4.7
Delebecque Janvier 1891 300 4.0
Juin WÊÊm 300 4.1
Janvier 1892 300 4.15
Mars 300 4.4
Février 1894 300 , 4.65
D’après'ces chiffres, il y a variation dans la température des couches
profondes du Léman, par 200 et 300m, bien plus bas que les limites de
la variation annuelle. La variation que nous appelons cyclique s’étend
jusqu’au plus profond du lac.
Les limites de cette variation sont assez étendues. Si nous écartons
le chiffre de la Bêche (1819) dont le thermométrographe non protégé
contre la pression devait donner des températures trop élevées, nous
trouvons comme température extrême 5.9° en 1873, et 4.0° en 1891;
amplitude de la variation 1.9°.
Les allures de la variation sont étranges. Pendant une série d’années
on voit la température des couches profondes se relever lentement, sans
interruption, sans retour en arrière. Ainsi de 1880 à 1885, la température
monte de 4.4 à 5.6°; de 1891 à 1894 de 4.0 à 4.6°. Pendant ces
séries d’années,il y a réchauffement continu à raison de 0.1°, de 0.2° ou de
0.3° par an.
Puis, subitement, clans ¡le courant d’un hiver, nous voyons la température
s’abaisser, parfois de quantités considérables :
dans l’hiver de 1879 à 1880 elle passe de 5.2 à 4.4°
— s 1890 à 1891 — 4.9 (?) à 4.0
Il y a échauffement progressif et continu dans les années ordinaires,
refroidissement subit dans les grands hivers.
Le procès du refroidissement rapide dans le cours d’un hiver est le
plus facile à comprendre. Nous avons vu que par le fait de la convection
thermique, à mesure que la surface du lac se refroidit, la température
s’uniformise en s’abaissant simultanément dans une couche de
plus en plus épaisse; que successivement la couche de température
uniforme, dont le degré de chaleur décroît progressivement, s’annexe,
par un procédé compliqué de descente des eaux refroidies, des couches
de plus en plus éloignées de la surface. Si l’hiver est rude, si l’hiver
se prolonge, ce procès qui se limite ordinairement aux couches de
80 à 120m peut atteindre les eaux les plus profondes, et alors il y a
refroidissement de toute la masse, de toute l’épaisseur du lac. La planche
VIIf, page 353, qui figure entr’autres l’effet du grand hiver de
1880, montre en particulier le refroidissement des couches profondes
par l’ascension verticale des isothermes 5.0° et 4.8°, qui n’étaient pas
représentées dans l’été de 1879.
Dans l’intervalle entre deux grands hivers, le procès inverse, celui
du réchauffement, continue sans interruption (*). Quand l’hiver n’est pas
assez rude ou pas assez prolongé pour abaisser la température de surface
au degré de froid des eaux profondes, celles-ci ne sont pas atteintes
p a rla convection thermique; la chaleur acquise l’année précédente reste
gagnée et le thermomètre indique un relèvement de température dans le
fond du lac. Voyez par exemple, dans la planche VIII, la descente des
isothermes 5.5°,-5.0°, 4.8°, 4.6° de l’année 1880 à 1881 ; cette descente
des isothermes dans des couches de plus en plus profondes indique un
réchauffement de ces couches.
Quelles sont les causes du réchauffement des couches très profondes
du lac ? La question est importante et intéressante. Eliminons tout d’abord
l’hypothèse qui attribuerait le réchauffement des couches profondes
à la chaleur propre de la terre. La chaleur terrestre, qui se
propage par conductibilité à travers le sol du plafond du lac, doit ten-
drè à réchauffer de bas en haut les couches profondes de l’eau et à les
uniformiser si elles sont en stratification directe. Mais cette cause de réchauffement
est trop faible pour que nous puissions la faire entrer en
considération. Nous en avons déjà indiqué (p. 295) la valeur d’après les
recherches récentes. Elle élèverait dans le cours d’une année de :
1° une couche d’eau de 0.41m d’épaisseur.
0.1° » 4.1“ »
0.01° » 41“ »
0.004° » 100“ »
0) Sans interruption apparente à nos méthodes de thermométrie. Je ne veux pas
dire que le réchauffement ait lieu été comme hiver, sans retour en arrière ou sans
ralentissement. Nous ne les avons pas jusqu’à présent constatés.