suivent en séries prolongées ; 5 ou 10 oscillations tout au plus, voilà les
longues séries des seiches de ce lac. Ce résultat négatif nous a surpris
d’abord ; nous y avons cependant trouvé une brillante confirmation
de notre théorie des seiches.
En effet, si le lac de Neuchâtelest bien régulier dans sa forme, et si
sur la carte géographique il dessine un rectangle allongé presque parfait,
sur la carte hydrographique il montre un relief très particulièrement
compliqué. Une colline sous-lacustre, la Motte, parallèle à la
longueui du lac, s étendant depuis Vaumarcus jusqu’à Auvernier,
élève son sommet jusqu’à 8“ seulement au-dessous des eaux moyennes
; elle sépare le lac en deux chenaux de profondeur différente :
1 un, le long de la côte neuchâteloise, descend jusqu’à 153m de profondeur,
l’autre, le long de la côte fribourgeoise, n’a,- dans sa partie
moyenne, qu’une profondeur maximale de 94m. Cela étant, le mouvement.
d oscillation longitudinale du lac doit passer simultanément par
ces deux canaux, mais comme leur profondeur n’est pas la même, la
période des seiches doit y être- différente. Une même vague partie
d’Yverdon arrivera plus vite à Préfargier en passant par le canal
neuchâtelois, le plus profond, qu’en suivant le canal fribourgeois, moins
profond. Il ne pourra donc pas s’établir de mouvement de balancement
régulier, et il n’y aura production de séries de seiches que
dans le cas où l’oscillation de l’eau ne se fera que dans un seul
des deux chenaux. Comme pour le lac de Zurich, mais par un
mécanisme différent, nous avons donc dans le lac doNeuchâtel un instrument
qui sonne faux, des oscillations de durée légèrement différente
se superposant ; de là l’absence toute naturelle de belles séries
de seiches. M. Sarasin a adopté cette explication que je lui avais proposée,
et nous y voyons l’un et l’autre une-justification intéressante
de la théorie.
M. Sarasin a cependant essayé de déterminer la période des seiches
de ce lac. Il est arrivé à un double résultat, à savoir, d’une part, des
seiches de 50 et de 25 minutes, qui seraient des longitudinales unino-
dales et binodales, d’une autre part, des seiches de 39.5min. — Est-ce
que ce ne serait peut-être pas, les premières, des seiches oscillant par
le chenal fribourgeois, le canal le moins profond, où les seiches sont
les plus ralenties, les dernières, les seiches du canal neuchâtelois plus
profond où les seiches seraient les plus rapides ? Je soumets cette question
à mon ami Sarasin.
♦
Les seiches du lac de Neuchâtel sont trop peu distinctes pour que
M. Sarasin ait pu les utiliser pour juger de la durée relative des uni-
nodales et des binodales.
5° Etude limnographique des seiches du lac George, Nouvelle Galle du Sud.
J’ai signalé, pages 61 et 80, les travaux de M. H.-G. Russell, directeur
de l’Observatoire, de Sidnev, sur le lac George, vaste lac dans
les montagnes de Gouroçk. J’ai donné la position géographique et les
dimensions de ce lac (p. 80). Le rapport de M. Russell sur ses observations
dans ce lac étant difficilement abordable ( ’), je crois utile d’en
extraire encore quelques passages intéressants. Je les traduis librement
en transformant en valeurs métriques les mesures anglaises de
l’original.
« L’appareil limnographique a été mis en place devant Douglas-
House, vers l’extrémité méridionale du lac, le 18 février 1885,. et le
crayon commença à 19h à enregistrer les dénivellations du lac. A ce
moment, les eaux étaient au calme plat, et personne n’aurait soupçonné
que ce miroir subissait les dénivellations que l’instrument allait nous
montrer. Le tracé du limnographe nous présenta d’abord une crue de
5™, suivie d’u n e . décrue qui ramena l’eau au niveau primitif, cette
dénivellation ayant mis un peu plus de 2 heures à s’accomplir ;
le même phénomène se reproduisit, et au bout de 24 heures il était
déjà évident pour nous que le lac présentait des oscillations régulières
avec un rythme de 2 heures et quelques minutes.
« Déjà dans l’après-midi du second jour, nous reçûmes quelque
lumière sur les causes de ces pulsations ; un violent orage passa sur
l'extrémité sud du lac ; une pluie abondante aurait dû occasionner une
crue générale du lac, mais en même temps un violent coup de vent
du sud frappant l’eau, le limnographe montra une rapide dépression
du niveau liquide ; le lac baissa de 8cm. En 10 minutes, l’ouragan avait
passé et l’eau ne tarda pas à reprendre son niveau... Mais elle ne s’arrêta
pas dans sa crue au point où le niveaù primitif était atteint ; la
force acquise (momentum) l’entraîna au-dessus de cette hauteur, et
éleva notablement l’eau au-dessus du niveau moyen. Puis l’eau s ’af