série de vagues dont les crêtes sont perpendiculaires à l’axe du
bateau et qui progressent en avançant dans le même sens que lui,
mais moins vite. Un poisson qui nage près de la surface, décèle sa
présence par des vagues analogues qui marquent son sillage.
4° Les v a g u e s a s s o c ié e s , causées par le frottement sur le
liquide d’un fluide aériforme, les vagues du vent. Les souffles du vent
attaquent l’eau non sur un point, mais sur une surface ; ils mettent
l’eau en oscillation, non par une vague solitaire, mais par une série de
vagues combinées entre elles; ce n’est pas un groupe de quelques
vagues antécédentes et consécutives qui s’avancent sur la nappe de
l’eau, mais une série indéfinie de rides parallèles, de même longueur,
de même forme, de même vitesse, de même durée. Sous le souffle
d’une brise légère, à la côte sur le vent, on voit le lac se couvrir
d’un moiré parfaitement régulier de rides, dont les arêtes sont perpendiculaires
à la marche du vent.
Mais l’action du vent ne cesse pas après le premier souffle ; il continue
et, son effet s’additionnant aux effets précédents, les rides
augmentent de dimensions à mesure qu’elles avancent en plein lac ;
elles passent bientôt à la dignité de vagues ; si le vent est suffisamment
fort, elles deviennent des lames. Ces vagues se compliquent sitôt
qu’elles atteignent des dimensions un peu considérables; sur les faces
des grandes lames, le vent peut soulever de nouvelles rides, et l’oscillation
de l’eau peut montrer, dans les fortes tempêtes, l’interférence
d’ondes nombreuses, de grandeurs diverses.
Les vagues sont d’intensité nulle à la côte sur lè vent ; d’intensité
maximale à la côte sous le vent.
Sous des vents d’intensité égale, la grandeur des vagues augmente
en fonction du chemin parcouru. Sur le Léman, les grandes vagues
de bise battent la côte de Savoie, à l’ouest d’Evian, et le Petit-lac ; à
Genève, elles peuvent être énormes; les grandes vagues du sudois
frappent le Haut-lac, sur la côte Suisse, à partir de Morges et d’Ou-
chy ; les grandes vagues de vaudaire battent la partie moyenne du
Grand-lac, de Vevèv à Morges, ce vent n’allant guère au-delà de Morges
ou St-Prex ; les grandes vagues du joran battent surtout la côte
savoyarde du Haut-lac.'
Les plus forts vents qui soufflent sur le Léman étant le sudois et la
bise, les plus fortes vagues sont les vagues du sudois, qui viennent
battre la rive de La Vaux, et les vagues de la bise à Genève.
Mais le Petit-lac ayant une profondeur beaucoup plus faible que le
Grand-lac, et le peu de profondeur agissant en raccourcissant
les vagues, et en exagérant leur hauteur, nous pouvons dire qu à
intensité égale du vent, les vagues du Grand-lac sont plus longues et
plus rapides, celles du Petit-lac plus h a u te sQ u a n t à la durée, elle
n’est pas influencée par le facteur profondeur. D’après cela, les plus
longues vagues seront celles du sudois, sur le Grand-lac, les plus hautes,
celles de la bise de Genève.
Quelles sont les dimensions réelles des vagues du Léman? J’en ai
fait de nombreuses mesures qui sont toutes entachées d’inexactitudes,
provenant dé la difficulté de l’observation en plein lac, et pour les
observations au rivage des altérations que subit la vague quand elle se
rapproche de la côte. Les seules mesures valables, sans correction,
sont celles qui cherchent la durée de la vague ; et encore ne sont-elles
pas très sûres, le compte étant difficile à faire, vu les irrégularités des
vagues.
Le chiffre le plus élevé que j’aie obtenu regarde les vagues de
l’ouragan cyclone du 20 février 1879, à 10 heures du soif. La durée de la
vague était à Morges de 4.7 secondes. Gela correspond, d’après les formules
ci-dessus données, sur une eau de profondeur infinie, à une longueur
de vague de 34.5m, et une vitesse de transmission de 7.3msec,
soit plus de 26km à l’heure 0 . La tempête du 20 février a été la plus
terrible que de mémoire d’homme on ait ressentie sur notre lac. On
peut donc admettre que ce sont probablement les dimensions des
plus grandes vagues du Léman.
Quelle est la hauteur des plus grandes vagues du Léman? Pour
répondre à cette question, nous ne pouvons faire usage des faits que
nous voyons sur la côte ; ni les vagues qui déferlent sur une plage
inclinée, ni les colonnes,soulevées par les vagues qui battent contre
le mur d’un quai ne sont des-vagues normales ; elles sont déformées,
exagérées en hauteur par le peu de profondeur de l’eau. Les évaluations
que j’ai faites de la hauteur des plus grandes vagues sur lesquelles
j’aie navigué en plein lac, arrivent au chiffre de 1.5m pour la
hauteur verticale entre le fond et la crête de la vague. Avec la formule
v f | C’est conforme à l’observation. Le pilote Morel, dit Guérin, de VAigle, m’a
affirmé que, en cas de « tout gros temps », les vagues venaient battre la poupe du
bateau à vapeur en pleine marche vent arrière. Nos bateaux ont une vitesse de
30 à 22k* à l’heure.,