sont les thermomètres Six-Casella et Negretti et Zambra, 1 un et l’autre
à Londres.
Le Miller-Casella est un thermomètre de Six, à maximum et à minimum,
dont la boule est logée dans un tube extérieur de verre qui la
protège contre les effets de la pression. C’est un bon instrument, pratique
dans certaines circonstances; mais pour l’étude des lacs, je lui
préfère le Negretti et Zambra, qui lui est très supérieur.
Je me suis servi uniquement du thermomètre à renversement de
Negretti et Zambra (Deep sea inverting thermometer) et l’instrument
que j’ai possédé depuis le printemps de 1879 jusqu’au 29 septembre
4890 (*) m’a parfaitement satisfait.
C’est un thermomètre à mercure, logé dans un double tube de verre,
le tube extérieur étant seul influençable par les variations de la pression
extérieure; c’e st un.thermomètre à renversement dont la colonne
se brise, à un point déterminé par un rétrécissement du tube, à l’instant
où l’appareil est renversé boule en haut; la longueur delà colonne
mercurielle séparée de la masse principale est mesurée sur une
échelle gravée sur le verre et donne la température au moment du
renversement.
Les constructeurs ont donné deux modèles de l’appareil de renversement.
Le modèle métallique est un cadre qui peut basculer, sous
l’action libératrice d’une roue à ailettes, ou hélice, qui se met enjeu
lorsque l’on commence à remonter la sonde ; le déclanchement se fait
après un ou deux mètres de trajet (2). Le modèle en bois est une caissette
allongée, en bois de sapin, alourdie j usqu’à la densité de l’eau par du
plomb ; celui-ci est sous forme de grenaille, et mobile dans la caisse,
de telle sorte que son déplacement assure la stabilité verticale de
l’appareil dans la position qu’on lui fait prendre. La caissette est attachée
à la ligne dé sonde par une cordelette flottante qui lui permet de
prendre la position boule en bas pendant la descente, boule en haut
pendant la remontée. C’est de ce dernier modèle que je me suis servi
de préférence ; il est plus rustique et d’un emploi plus pratique dans
les nacelles à équilibre peu stable où nous travaillons sur nos lacs.
« Le thermomètre gît actuellement au fond de l’entonnoir du Boubioz, au lac
d ’Annecy.
(2) Un autre modèle fait partir le déclanchement sous l’impulsion d’un messager
qu i glisse le long de la ligne de sonde.
La caissette de bois du Negretti et Zambra présente cependant un
inconvénient qui l’a fait rejeter par plusieurs naturalistes. Tant que
l’appareil ne descend pas plus bas que 50 ou 100m, la caisse flotte
très bien entre deux eaux et suit docilement les positions qu’on lui fait
prendre ; mais sitôt qu’on l’emploie à de plus grandes profondeurs, la
pression chasse l’eau dans les pores du bois par les éraillures inévitables
du Vernis, et la densité de l’appareil devient supérieure à celle de
l’eau. Le thermomètre descend bien boule en bas tant que le plomb de
la sonde l’entraîne rapidement vers le fond ; mais la caissette s’incline
aussitôt qu’elle s’arrête dans la couche d’observation, et elle se renverse
avant que l’équilibre thermique se soit établi.
Une manoeuvré très simple me permet d’obvier à ce défaut. Je laisse
descendre la sonde avec son thermomètre à la profondeur voulue ; je
les laisse reposer dans l’eau les 3 minutes de temps nécessaire à l’équilibration
thermique. Puis, avant de pratiquer le dévidage en retour
pour remonter la sonde, je commence par la laisser descendre rapidement
de 2m environ, puis rapidement aussi je renverse le mouvement
et je relève la ligne jusqu’à la surface. Pendant les deux mètres
de descente, le thermomètre qui, dans sa caissette, s’était renversé
boule en haut, se retourne boule en bas; la colonne de mercure se
soude à nouveau pour se briser au point voulu par la température, à
l’instant où la remontée commence. La manoeuvre est assez rapide
pour que la température du mercure n’ait pas eu le temps de se modifier
; du reste, dans les profondeurs dont il s’agit, il n’y a pas de variations
de chaleur appréciables dans une couche de 2m d’épaisseur.
Avec l’introduction de cette petite manoeuvre accessoire, j’estime
que le thermomètre Negretti et Zambra est le plus pratique et le plus
parfait des bathythermomètres.
Un voyageur qui ne posséderait pas un thermomètre protégé contre
la pression, arriverait à mesurer la température profonde d’un lac avec
un thermomètre ordinaire, par les procédés suivants :
Ou bien il placera une bouteille à col étroit au milieu d’un récipient
rempli de sable mouillé. Il attachera le tout à une corde et le descendra
A la profondeur voulue où il le laissera reposer sur le sol pendant 8 ou
10 heures au moins. Quand il remontera l’appareil, il plongera son
thermomètre dans l’eau de la bouteille qui aura conservé, dans son
retour rapide, la température même des couches profondes.
Ou bien il draguera avec un bidon de métal une quantité suffisante,