N° 50. 22 ju in 1891. A 3km au large d’Evian. Beau, calme.
Om 18.0'
0.5 17.7
1.5 14.7
3.5 14.0
4.5 13.8
10.0 13.2
15.2 11.0
16.3 9.8
17.3 9.2
20.5 7.7
60 centièmes de degré
300
35
20
11
42
110
60
47
D’autrefois la couche de surface a une beaucoup plus grande épaisseur.
Ainsi quand le 23 septembre 1884 (N° 22) j’avais les températures
et le taux de variation suivants :
SU ai 7° Bü , » 0 centièmes de degré
10 | ' 17.7 25
20 15.2 34
30 11.8
j’estime que je me trouvais là en présence d’une couche de surface de
près de 20 mètres de hauteur.
Ainsi s’explique facilement le phénomène qui a tant préoccupé nos
amis les limnologues allemands, et que Richter a très bien appelé, en
en donnant la même explication que moi, la S p r u n g s c h ic h t^ ) la
c o u c h e du s a u t th e rm iq u e . Au-dessous de la couche de surface à
température presque uniforme, où le taux de variation est très faible ou
nul, on arrive brusquement à des.couches où le thermomètre baisse
subitement, où le taux de variation devient énorme. Dans notre exemple
du 21 juillet 1881, la couche du saut était entre 10 et 12 mètres; entre
la surface et 10 mètres de profondeur la température était de 20° environ,
à partir de 12 mètres la température descendait subitement à 12°
et moins ; en deux mètres d’épaisseur d’eau la température s’abaissait
de 7°. Je ne puis attribuer une grande importance à la couche du
saut, et je ne vois à sa constatation qu’un procédé pratique de limiter
facilement la couche des eaux de surface. Les eaux de surface s’éten-
(>) E. Richter. Die Temperatur-Verhältnisse der Alpenseen. Berlin 1891.
dent jusqu’au point où l’on reconnaît la variation rapide du thermomètre
pour un approfondissement minime.
C’est cette c o u c h e d e s e a u x d e s u r f a c e qui est à mes yeux le
phénomène important et intéressant. C’est en effet une couche nettement
séparée des eaux sous-jacentes par sa densité beaucoup plus
faible ; elle en reste distincte pendant l’été, aussi longtemps que des
courants de convection mécanique des grands vents ne l’auront pas
fait disparaître par mélange avec les eaux plus profondes, aussi longtemps
que la convection thermique de l’automne, en en augmentant
progressivement l’épaisseur, ne l’aura pas anéantie.
C’est dans cette couche que les eaux légères des affluents demeurent
localisées en paquets distincts qui peuvent garder longtemps leur
individualité et conserver leur composition chimique particulière
(voyez plus loin). Dans ces eaux de surface s’accumule la pluie qui, pendant
les saisons humides, peut diluer extraordinairement l’eau du lac ;
ce sont ces eaux de surface qui s’évaporent dans l’atmosphère et se
concentrent pendant les saisons sèches.
Les eaux de surface peuvent donc présenter une composition variable
et, quoique perdues dans la masse du lac, garder localement plus
ou moins longtemps les caractères d’eau de rivières, d’égouts ; elles
n’ont pas la belle homogénéité des eaux des couches moyennes qui
représentent l’eau l a c u s tr e par excellence. C’est au-dessous de ces
eaux de surface, dans les couches relativement froides des eaux
moyennes du lac, que l’hygiéniste devra aller chercher des eaux convenables
pour l’alimentation d’eau d’une cité. Je fixe à 15 ou 20m la
profondeur limite des eaux de surface dans les temps de développement
maximal de leur épaisseur. Pour plus de prudence, je conseillerai
de ne pas établir la prise d’une -bonne eau alimentaire à une profondeur
plus faible que 25 ou 30m.
En résumé, je reconnais dans la thermique du lac trois phénomènes
de variation périodique bien nettement caractérisés :
La v a r ia tio n jo u rn a liè r e qui est limitée dans les eaux de surface
jusqu’à 5,10 et 20 mètres de profondeur.
La v a r ia tio n a n n u e lle qui se fait sentir jusqu’à 80, 100 et 120m.
La v a r ia tio n c y c liq u e qui se manifeste jusqu’aux plus grandes
profondeurs du Léman, à 300m. Il est probable que si notre lac, dans
les mêmes conditions climatiques, avait une profondeur infinie, disons