Est-ce possible? Est-ce admissible? Est-ce conciliable avec ce que
nous avons vu de la rapidité prodigieuse de la production du mirage
dans les réfractions sur eau chaude dans les cas de bise soufflant, sur
le lac au fond du golfe de Morges ? (Voir page 526.); .
Je soumets le problème, sans ayoir la préténtion de le résoudre, aux
maîtres dans l’étude des réfractions et mirages.
11. Réfractions sur eau froide.
Lorsque l’air est plus chaud que la surface du lac, ses couches inférieures
sont refroidies par contact avec, l’eau, et elles se stratifient
thermiquement dans l’ordre direct; c’est-à-dire que les couches froides,
par conséquent les plus denses indépendamment de la compression,
sont situées au-dessous des couches chaudes, plus légères.
Les rayons lumineux partant de la surface de l’eau pour arriver à
notre oeil, situé à quelques mètres au-
. P*' dessus de la nappe du lac, ont à
traverser des couches de moins en
moins denses; ils sont réfractés et
(Fig. 143.) Réfractions sur eau froide. l-, eur marchi e rectliüli gne se t, ransf~orme
en une courbe à concavité inférieure AO (fig. 143). Ils entrent dans
notre oeil suivant un angle moins incliné, plus rapproché de l’horizontale
que.s’il n’y avait pas de réfraction. L’objet A nous apparaît en A' ■
Ces déviations des rayons lumineux amènent des déformations du
paysage. Mais tandis que le mirage sur eâu chaude est toujours identique
à lui-même et, quoique différent d’intensité, ne présente jamais
de cas aberrants, les réfractions sur eau froide sont essentiellement
polymorphes. Après donc que nous aurons dèçrit le phénomène simple,
tel qu’il s’offre normalement à notre observation, nous aurons à
citer'plusieurs apparitions accidentelles, peu fréquentes, souvent très
étranges et très compliquées.
Phénomènes normaux.
Comme dans les réfractions sur eau chaude, nous avons à distinguer
deux ordres de phénomènes dus aux réfractions sur eau froide. ( ‘)
(J) Je ne reviens pas sur ce que j ’ai dit p. 533 des mirages sur eau froide.
A. Apparence de la nappe d'eau en dedans du cercle de l’horizon.
1° La surface de la nappe du lac, au lieu de montrer une exagération
de la sphéroïdicité comme c’était le cas dans les réfractions sur
eau-chaude, paraît plane ou même concave. Cela provient de ce que
la déviation est d’autant plus forte que le rayon lumineux traverse les
plans de séparation des
couches stratifiées suivant ——-— '. ' ‘ , i r
un angle plus faible. ¡1 , 0
Soient A et B (fig. 144) !
deux points inégalement
distants sur la surface du H(Fig. H144.) A, pparence concav- e de l,a nappe d’eau.
lac. Le point A plus rapproché
envoie un rayon qui sera moins dévié, et apparaîtra en A ’,
le point B plus éloigné paraîtra plus soulevé, et l’angle BOB' sera plus
grand que AOA'. La nappe du lac prendra à nos regards la position
de la surface courbe B' C A'D et nous semblera concave.
2° Le plan .de l’horizon paraît relevé. Le point B apparaît en B ’.
notablement au-dessus de la position de l’horizon réel.
3° Le cercle de l’horizon est éloigné. Soit OA, fig. 445, la tangente
à l’horizon pour l’oeil 0 ;
le point D situé au-delà de
l’horizon réel A envoie un
rayon lumineux qui, par le
fait de la réfraction, arrive
aI notre oeil. JaNt ous voyons (Fig. 145.) Agrandissement du cercle de'l’horizon,
donc des parties du lac qui, sans la réfraction, seraient restées au-delà
du cercle de l’horizon et auraient été par conséquent masquées à
notre vue.
La réfraction n’arrive cependant pas à éloigner indéfiniment le cercle
de l’horizon. Par les plus belles réfractions du printemps, nous ne
voyons pas la grève à vingt ou trente kilomètres de distance, et le
corps d’une barque qui navigue dans ces régions éloignées reste masqué
à notre vue, alors même que la nappe du lac nous semble concave
et paraît se relever jusqu’à la rive de la côte opposée. Alors même que,
à la réfraction normale, s’additionne la réfraction sur eau froide qui
agit dans le même sens, l’incurvation du rayon luminèux à concavité