ces mouvements de balancement de l’eau. Il faut que la rapidité de
la variation de pression soit en rapport avec la durée du rythme de
balancement de l’eau ; si la variation est plus lente que le mouvement,
l’équilibre se rétablit sans oscillations alternatives, si elle est plus
rapide, il se produit des oscillations de types plus compliqués, à deux
ou plusieurs noeuds. Suivant donc les dimensions du lac qui déterminent
le rythme des seiches, l’effet maximal sera obtenu lorsque la.
rapidité de la variation de pression sera telle que son développement ou
sa disparition dureront la moitié du temps d’une seiche entière. Sur le
Léman, les seiches longitudinales uninodales seront le mieux déve-
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loppées par une variation de pression atmosphérique de minutes,
soit 36 minutes de durée.
Est-ce bien ainsi que les choses se passent? Interrogeons l’expérience.
Les variations locales de la pression atmosphérique, telles que celles
d’un orage, se traduisent sur le baromètre; il y a variation barométrique
dans un sens ou dans l’autre. Un tornado ou une trombe sont
caractérisés par une baisse rapide du baromètre, suivie d’une hausse
aussi rapide ; un orage local est signalé par une hausse subite du
mercure suivie d’une baisse. Le premier cas est banal, je n’ai pas
besoin d’en fournir d’exemples ; pour le second cas, je renvoie aux
exemples de Hjeltstrôm et de Riggenbach, que j’ai cités dans mon
premier volume, p. 333.
Or l’expérience nous apprend que ces sautes subites du baromètre
sont accompagnées de seiches. Dès le début de nos études sur les
oscillations du lac, mon maître et ami, M. le professeur Ch. Dufour, de
Morges, m’a prouvé qu’il y a de tels rapports. Chaque fois qu’il voyait
le baromètre présenter une marche saccadée, monter ou baisser avec
secousses, il pronostiquait des fortes seiches ; combien de fois, alors
que je dirigeais mon limnographe de Morges, M. Dufour n’est-il pas
venu me visiter en m’avertissant que l’état d’agitation de son baromètre
lui faisait supposer qu’il devait y avoir de grandes seiches sur
le lac, et l’étude de mes tracés limnographiques vérifiait toujours ces
prévisions.
Depuis que nous possédons des baromètres enregistreurs, nous
constatons cette coïncidence bien plus facilement. Quand le tracé du
barographe présente des crochets, des secousses, des irrégularités, le
lac consulté par le limnographe répond invariablement par l’existence
de fortes seiches. J’en donnerai comme exemple celui du 20 août 1890.
C’était le lendemain du cyclone de la vallée de Joux ; 1 atrriosphère
était puissamment troublée. Après le terrible tourbillon qui, dans la
soirée du 19 août, avait dévasté le Jura, il y eut, pendant toute la journée
du 20 août, une série d’orages locaux. Voici à ce sujet les notes
de l’Observatoire de Genève : « 20 août, à 6h50, éclairs et tonnerres à
l’W. ; à 13h36, orage à W, de même à 1 4 4 3 ; nouvel orage au S.-W, à
1540 ; éclairs à l’E. à 20 V2h. » Quant à la pression atmosphérique, elle
était fort variable. Voici pour ce jour-là les tracés de deux baromètres
enregistreurs : Celui de la colonne météorologique de la ville de
Morges (petit Richard, fig. 78), communiqué par M. F. Girardet, donne
19 SO <Août 1890
(Fig. 78.) Tracé du. barographe de Morges, petit Richard, 20 août 1890.
entre autres, entre 8 et 10h, une hausse de 4mrn, suivie d’une baisse de
3mm, suivie elle-même d’une hausse de 4mm. Celui du bureau des
Ponts-et-Chaussées de Thonon (grand Richard), communiqué par
M. l’ingénieur Delebecque, fig, 79, donne entre autres de 7h à 7h25j
une hausse de 3mm, de 7||25 à 8h30, une baisse de 2mm, de 8h30 à 8h40>
une hausse de 3mm. A Genève, M. Ph. Plantamour notait à 8h une
forte et subite secousse du baromètre, en hausse de 2.5mm. D’après
les’ allures de cette perturbation, il est évident que nous n’avons pas
«flaire à une variation générale de la pression, simultanée sur l’en