hypothèse, à laquelle je suis arrivé par exclusion de toute autre
possibilité.
3° Le Mascaret de la Morge.
J’ai déjà dit que j’avais constaté, d’une manière autre qué par les
tracés limnographiques, l’existence des vibrations du lac; je les ai
retrouvées dans mes observations plémyramétriques où elles se dessinent
par des mouvements saccadés et rapides du flotteur. J’en
trouve encore une autre mise en évidence par un phénomène visible,
en certaines circonstances, dans l’estuaire de la Morge, et qui n’est
autre chose qu’un mascaret:
La rivière la Morge présente à son embouchure un long canal de
d5m de largeur, à pente très faible, dans lequel le lac en hautes
eaux remonte assez loin. Lorsque la hauteur du lac est telle que
ses eaux remontent dans la Morge, mais n’y ont qu’une profondeur
minime, quelques centimètres, nous observons souvent dans cet
estuaire le phénomène suivant. Les eaux de la rivière sont calmes, et,
le débit étant très faible, s’écoulent lentement vers le lac ; mais à
intervalles plus ou moins réguliers, une série de 2, 3 et 4 vagues
remontent le cours de l’eau pour venir mourir au point où la nappe
horizontale du lac s’unit au plan très faiblement incliné de la rivière.
Ces vagues sont très serrées et se pressent l’une derrière l’àutre ; en
aval de ces v.agues, on peut reconnaître un léger courant remontant,
en amont le courant descendant est visiblement exagéré ; en aval de
ces vagues, le niveau de l’eau est de un ou deux centimètres plus
élevé que celui de l’eau amont. Ces vagues sont parfois assez fortes
pour rouler sur elles-mêmes, et pour écumer ; leur hauteur est de
plusieurs centimètres ; elles sont très visibles et ont été observées
aussi bien par M. Cb. Dufour que par moi-même.
Le schéma (fig. 90) donnera une idée de l’apparition ; la flèche a
(Fig. 90.) — Mascaret de la Morge: Coupe schématique.
indique le cours de la rivière, la flèche b le sens de la propagation des
vagues en question, les flèches c et d le courant de l’eau en amont et
en aval du mascaret. C’est un mascaret en miniature, analogue, dans ses
dimensions réduites, à celui qui se développe dans les estuaires débouchant
à l’océan, sous l’action de la marée montante:; nous y pourrions
reconnaître tous les détails du phénomène, exagération vers les rives
du canal, exagération sur les bas-fonds, formation et entrecroisement
des é te u le s ou vagues du mascaret, etc. Nous n’hésitons pas à leur
appliquer le nom de mascaret.
Ces mascarets se succèdent à intervalles plus ou moins réguliers ;
j ’ai noté, en plusieurs occasions, l’instant où les mascarets passaient
devant un repère de la berge ; je donnerai deux exemples des allures
du phénomène.
1er octobre 1893. Vagues mortes de rebat.
Passage du mascaret dans l’estuaire. Intervalle entre les passages.
•^711 0min 2 0 sec —
7 . 20 60 sec
— 40 20
9 00 80
m m 35 35
10 35 60
11 25 50
moyenne 5 1 see:
3 octobre 1893. Sudois III.
Passage. Intensité. Intervalle.
55min -JP) sec ' — —
45 30 sec
56 00 IV 15
— 20 11 20
— 40 m 20
57 55 IV 75
58 25 IV 30
— 40 15
1 50 IV 10
59 20 III 30
EnH 40 IV 20
moyenne 2 6 sec