allures d’une asymptote. Elle vient se terminer brusquement à ïa ligne de
terre. Je suis parfaitement sûr que, au-delà de la limite d’obscurité
absolue, le papier au chlorure d’argent est resté et restera parfaitement
blanc. Ce qui me confirme dans cette assurance, ce sont les expériences
de juillet et de septembre qui ont été faites par des jours de grand
beau temps et dans lesquelles un grand nombre de feuilles sont restées
absolument blanches.
Je conclus de cela que pour une substance photo-sensible comme le
chlorure d’argent, il y a bien une limite d’obscurité absolue ; qu’il y a
une profondeur au-delà de laquelle les rayons actiniques n’agissent
plus.
Cette conclusion aura une grande importance pour l’étude des faits
biologiques. (')
2U Iodo-bromure d’argent.
On sait la très grande sensibilité à la lumière des composés iodo-
bromurés d’argent ; ils sont beaucoup plus vite et beaucoup plus puissamment
affectés que le chlorure d’argent. La lumière diffuse d’un ciel
couvert, celle qui pénètre au fond d’une chambre, celle qui éclaire
encore la nature après le coucher du soleil, laissent incolore le chlorure
d’argent; elles colorent promptement les plaques usitées actuellement
dans l’art de la photographie et qui sont connues sous le nom
de plaques au gélatino-bromure rapide de Monkhoven. Leur sensibilité
est telle qu’une exposition pendant une minute à la lumière des étoiles
produit une coloration appréciable.
Il était probable que pour cette substance photo-sensible, très délicate,
les limites d’obscurité absolue seraient différentes et plus étendues
que pour le chlorure d’argent.
(l) P a r les mêmes méthodes, nous avomrétudié la transparence des eaux du lae
de Constance en 1889-1891. Les chiffres que nous avons trouvés pour ce lac indiquent
une limpidité des eaux moins grande que dans le Léman. Je donne en présence
les valeurs comparables de ces deux lacs : [loc. cit. p. 624]'.
Bodan Léman
Limite de visibilité moyenne SA“ -10.2“
— maximale : 12. 21.
Limite d’obscurité absolue pour le chlorure
d’argent ' - été 80 45
hiver > 50 110
Les deux séries de recherches ont donné les mêmes résultats proportionnels
dans les deux lacs.
Les premières expériences avec le iodo-bromure d’argent ont été
faites par le Dr G. Asper, de Zurich, dans les lacs de Zurich et de Wa-
lenstadt(1). Ses résultats peuvent se résumer comme suit :
Dans le lac de Zurich, le 4 août 1881, des plaques descendues à 80
et 90m indiquaient une action photographique très marquée; le 10
octobre, à 90 et 100m la limite d’obscurité absolue n’était pas atteinte ;
à 100m, l’effet photographique de toute une journée dans le lac était
égal à celui de 5 heures d’exposition à l’air pendant la nuit du 2 nov.
1881, quatre jours avant la pleine lune avec de rares apparitions de cet
astre.
Dans le lac de Walenstadt, le 3 octobre 1881, Asper a constaté une
action lumineuse faible, mais encore évidente, sur dès plaques descendues
à 120 et 140m. Mais la décroissance de l’action photographique
était telle qu’il conclut à la probabilité d’une obscurité absolue à 150 ou
160m ; à 140m, l’effet était égal à celui de l’exposition à l’air pendant
toute une nuit claire sans lune.
Des recherches analogues, mais plus perfectionnées ont été faites
dans le lac Léman par deux membres de la Commission genevoise,
MM. H. Fol et Ed. Sarasin(2). Ces physiciens sont arrivés à opérer en
plein jour, sans avoir recours à la nuit pour poser ou relever
les plaques photographiques. Des appareils très ingénieux, superposés
le long d’une corde, sont descendus fermés dans le lac; ils s’ouvrent
à l’instant où le plomb de sonde touche le fond et se referment automatiquement
quand la ligne est relevée.
Voici le résumé des résultats obtenus par ces expériences, toutes
faites en plein lac entre Evian, Morges et Ouchy.
L’effet photographique est dans quelques-unes comparé à celui d’une
nuit sans lune pendant 5 ou 10 minutes.
16 août 1884.
b 1l3m effet faible supérieur à 10 minutes d’expoa
237 — nul sition à la lumière des étoiles,
ç 300 — nul
(*) G- Asper. Actes, S. H. S. N. Aarau. Arch. Genève VI, 318,1881. — V ierteljahres-
schrift dèr naturf. Ges. in Zurich, XVI, 382.
(2) H. Fol et Ed. Sarasin. Pénétration de la lumière du jour dans les eaux du lac
de Genève, etc. Mém. Soc. phys. XXIX N° .18. Genève 1887.