calme, non ridée, d’un vase d’expérience ; les vagues déchirées, moutonnantes,
à crête réduite en poussière par le vent, représentent de
bonnes surfaces d’évaporation, et par les jours de forte bise, où l’air
est rapidement renouvelé à la surface du lac, le dégagement des
vapeurs doit être puissant et actif.
Admettons que la valeur maximale journalière de l’évaporation sur
le lac soit 10mm (c’est certainement trop fort) ; admettons que nous
ayons une période sèche de 30 jours consécutifs, sans grands vents
qui mélangent mécaniquement les couches du lac. Ce serait une couche
d’eau de 30om qui serait enlevée à la surface du lac, et l’eau sous-
jacente serait certainement concentrée. Mais l’eau de surface n’est pas
immobile ; même par -le calme plat, elle est soumisê; comme nous
l’avons vu en traitant de la thermique du lac (p. 360), à des courants
verticaux de convection journalière qui, en été (c’est la saison où l’évaporation
est la plus forte), mélangent chaque nuit les couches supérieures
jusqu’à 10 et 15m de profondeur. C’est donc sur une couche
de 10m au moins que se répartit cette concentration due à l’évaporation
; 30cm sur 10m représentent le 3 »/<>. C’est donc au maximum une
variation de 3 »/„ dans la composition chimique des eaux de surface
que nous pouvons attribuer à l’évaporation ; cette variation étant du
reste atténuée et détruite par la première pluie ou le premier grand
vent qui interrompt la période de sécheresse et de calme absolu.
2° Une seconde cause de modifications serait la précipitation des
éléments dissous par le fait des variations de température de l’eau.
Pendant l’hiver les eaux de surface sont moins chaudes qu’en été-;
elles sont par conséquent moins Capables de tenir en dissolution des
sels. Il n’est pas impossible que de ce fait il n’y ait une légère variation
dans la composition de l’eau ; mais elle est certainement très faible,
et je dois me borner à indiquer cette possibilité sans que je sache
comment la discuter et l’apprécier. 0)
3° Enfin les organismes végétaux e t animaux fixent dans leurs tissus
quelques sels minéraux et de la matière organique. La silice est
C) Une observation curieuse qui montre l’importance possible de tels précipités
est là suivante: le 24 juin 1873 je relevai un appareil photographique qui avait
séjourné pendant 3 jours à 60" de profondeur devant Morges ; les fils de laiton
qui supportaient la plaque de fer de l’appareil étaient recouverts d’une couche
très bien marquée de carbonate de chaux, cristalisé en rhomboèdres, et faisant
effervescence dans l’acide acétique. Y avait-il eu entre le fer et le cuivre formation
d’un couple électrique qui aurait exagéré la précipitation ?
nécessaire à la vie de quelques spongiaires, infusoires et algues ; le
carbonate et le phosphate de calcium entrent dans la composition des
os des vertébrés et des coquilles des mollusques ; le carbonate calcaire
est fixé par les algues dites incrustantes. D’une autre part tous les
animaux et végétaux prennent la substance de leurs tissus, directement
ou indirectement, dans la matière organique dissoute dans l’eau.
Or le développement de la vie animale et végétale est soumis à des
variations saisonnières importantes ; la vie est plus active quand la
température s’élève. De ce fait il doit y avoir une variation saisonnière
dans la teneur de l’eau du lac en matières dissoutes, minérales et
organiques. Je n’en veux pour preuve que le magnifique développement
de la flore littorale, dans le printemps, qui implique une fixation
importante de matières ligneuses et protoplasmatiques.
Dans certains lacs, les roches et cailloux du littoral sont recouverts
pai une très abondante végétation d’algues calcaires que nous étudie-
i ons, à propos des galets sculptés, dans un chapitre ultérieur. Ces
algues fixent évidemment une grande quantité de sels calcaires. Mais
cette végétation est presque nulle dans le Léman, et nous n’avons pas
à- en tenir compte.
Jusqu à nouvel avis, je ne pense pas que les variations saisonnières
dans le développement inégal des organismes vivants soient d’action
sensible sur la composition chimique des eaux de notre lac.
En résumé; s’il y a lieu de tenir compte des, actions très faibles
d altération que subissent les eaux du lac pendant leur séjour dans le
bassin du Léman, elles se font sentir uniquement dans les eaux de
surface ; les eaux des couches moyennes et profondes en sont complètement
à l’abri.
3° Les actions de mélange.
Les actions qui mélangent les eaux du lac sont puissantes et nombreuses.
Nous avons vu précédemment (p. 278 et 282) que les courants
mécaniques dus aux vents et aux inégalités de la pression atmosphérique
font circuler les eaux dans le sens horizontal ; que les courants
thermiques (p. 276) font circuler les eaux dans le sens vertical. Il y a
dans le lac une circulation compliquée et irrégulière qui doit tendre
à en mélanger les eaux. D’une autre part la diffusion doit tendre à
égaliser la composition chimique des couches voisines ; celle qui est