reil très sensible, le plémyramètre, dont l’application facile m’a été
d’une grande utilité dans ces recherches, j’ai pu constater que la
durée des seiches à Veytaux était, comme à Genève, très supérieure^
à celle de Morges. La durée que j ’ai trouvée à ces seiches longitudinales
était de 1783 secondes, soit 56 minutes environ. (*)
A l’aide du plémyramètre, j’ai pu, en 1873 et 1874, étudier avec
plus de sûreté les seiches de Morges (seiches transversales) et la
durée que je leur ai attribuée alors (10 Y2 minutes) se rapprochait
beaucoup plus de la vérité. En même temps, j’arrivais à discerner
dans quelques-unes des observations de Morges les seiches longitudinales
du lac, peu apparentes, car Morges est situé très près de la
ligne nodale de ces seiches, mais assez nettes cependant pour que
j’en aie pu reconnaître à peu près exactement la durée, que j’estimai
être de 75 Y2 minutes.
Je transportai alors mon appareil sur divers lacs suisses, 1874, et je
mesurai la durée des seiches des lacs de Constance, de Neuchâtel, de
Thoune, de Walenstadt, de Brienz, de Morat, de Joux et de Bret; la
durée des seiches que j’obtins dans cette recherche, me.donna une
série régulièrement croissante avec la longueur du lac; je ne rencontrai
qu’une seule exception, le lac de Joux, dont la faible profondeur,
25m seulement, explique le ralentissement tout à fait anormal du
rythme des seiches. (2)
Enfin, des observations simultanées faites aux deux extrémités du
lac de Neuchâtel me montrèrent l’eau s’élevant à l’un des bouts du
(1) f.-A. Forel, I I e étude sur les seiches. Bull. S. V. S. N., XIII, 510, Lausanne,
1875..
(2) Yoici la durée que mes observations plémyramétriques m’ont donnée poulies
seiches longitudinales de quelques lacs suisses; je les ordonne en série d’aprés
la longueur des lacs. (Voir I I o étude, p. 562.)
Lac. i Durée.
de Bref, 64 secondes;.
de Joux, 744
de Morat, 572
de Briênz 588
de Walenstadt, 871
de Thoune,) 1116 .
de Neuchâtel, 2840'
Bodan, 3594
Léman, 4534
Ces chiffres n’ont rien de définitif : plusieurs d’entr’eux demandent des corrections
importantes. Quelques-uns sont déjà corrigés pa r les observations que nous
possédons aujourd’hui (voir plus bas). -
lac on mémo tomps qu’elle s’abaissait à 1 autro bout, ot cola d uno
manière si précise et si concordante que je jugeai la question démontrée
(1874).
Toutes ces expériences et observations justifiaient parfaitement
l’hypothèse, et m’autorisaient, dans ma IIe étude, à l’élever à la dignité
de théorie. Les seiches sont bien des yagues de balancement de l’eau
des lacs.
En 1876, j’ai construit à Morges un limnimètre enregistreur, ou lim-
nographe, variante des marégraphes de l’océan, appareil très sensible
qui a fonctionné à satisfaction jusqu’en 1884, et m’a permis une étude
plus précise des allures et types des seiches. J’ai reconnu sur mes
tracés limnograpbiques de Morges l’existence d’un type normal, presque
constant, de 10 minutes de durée, les seiches transversales du
Léman, quelques types anormaux de durée ou plus forte ou plus
faible que 10 minutes, puis l’apparition fréquente du type normal des
seiches longitudinales du lac de 73 minutes de durée; j’ai étudié les
allures des seiches, leur apparition, leur décroissance, leurs causes,
etc.E
n 1876. aussi, j’ai enfin obtenu ce que je réclamais depuis longtemps
des mathématiciens, mes amis ; les éléments d’une formule des
seiches. M. le professeur K. Von der Mühl m’a indiqué une formule de
Rodolphe Merian de Bâle qui éxprime les mouvements d’une molécule
d’eau oscillant dans un vase. Cette formule, tirée de considérations
de mécanique pure, s’appliquait parfaitement aux faits observés dans
la nature; nous avons pu l’adopter pour la formule des seiches, en la
simplifiant sous la forme :
l
tM È— = = -
^ g h
En 1877, j’ai utilisé les diverses observations connues pour essayer
une monographie, des seiches du lac Léman. Je suis arrivé à constater
pour la première fois l’opposition synchrone du mouvement des seiches
longitudinales de Morges et de Genève. La description générale
que j’ai donnée à cette époque s’est vérifiée depuis lors, sauf sur un
point. Les seiches que j’avais constatées à Vevtaux, à Chillón, à Vevey
(H. Dufour), avaient une durée moyenne de 35 minutes, différentes
des seiches longitudinales de 73IIlin que mon limnographe de Morges
me montrait. Faute d’éléments suffisants de comparaison à Genève,