tenant une plus grande quantité du gaz qu’il s’agit de dissoudre.
Quelque procédé que l’on envisage, les couches profondes ne peuvent
recevoir les grandes charges de gaz qu’elles seraient capables de
dissoudre, vu leur haute pression ; en définitive, elles ne contiennent
pas plus de gaz que les couches de surface.
4° L’eau profonde, ramenée à la pression ordinaire, est saturée de
gaz à la température basse qui règne dans les couches où elle gît;
sitôt qu’après l’avoir amenée à l’air on la laisse se réchauffer, on y voit
perler les bulles de gaz; elle contient donc plus de gaz que les eaux
chaudes de la surface en été. Le pouvoir de dissolution des gaz dans
les liquides étant fonction inverse de la température, cela prouve que
lorsque les eaux de surface, saturées de gaz, sont descendues, dans
les grands fonds, elles étaient froides ; ce ne sent que les eaüx relativement
froides des affluents, ou les eaux de surface refroidies en hiver,
qui descendent dans les Couches profondes du lac.
5° Dans les analyses de Walter, les quantités d’oxygène et d’azote
ne varient pas sensiblement dans les diverses couches superposées ;
les variations extrêmes ne sont que de 10 pour cent, ce qu’on peut
bien attribuer aux conditions d’expérimentation. Les quantités obtenues,
7cm3 d’oxygène, et 15cra3 d’azote, sont presque exactement
celles que donne la formule de Bunsen pour l’eau saturée à 5°
(V. p. 618).
6° La quantité d’acide carbonique, faible à la surface et à 60m (2.9cm %
est-très forte dans les couches de 100 et de 15Ôm (6.4cnl3), elle est un
peu moins forte à 200 et à 300m (5.4cm3). D’où provient cet acide carbonique
? Que signifient ses variations ?
L’eau en contact avec l’air atmosphérique, à l’altitude de 375m, celle
de la nappe du Léman, est saturée à la température de 5° avec 0.6e®!
par litre d’acide carbonique. Les analyses de Walter trouvent dans les
diverses couches du lac de 2.8 à 6.6cm3 de ce gaz, par conséquent de
4 à 10 fois l a teneur à saturation ; les eaux- du lac sont donc, ramenées
à la pression de la surface, à l’état de sursaturation. D’où provient
cet excès d’acidé carbonique?
Viendrait-il de l’eau des affluents qui, comme nous l’avons dit,
descend directement dans les grands fonds? Nous n’avons pas de raison
de croire cette eau fluviatile extraordinairement chargée d’acide'car-
bonique ; dans son trajet terrestre, elle est en contact avec l’air
atmosphérique, et elle se serait débarrassée de tout excès, si elle en
avait présenté originairement. De même l’eau de pluie peut être saturée
d’acide carbonique, mais non sursaturée.
L acide carbonique de l’eau lacustre est le produit des oxydations
des matières organiques, soit par la respiration animale ou végétale,
soit par les fermentations. Là faune lacustre, en respirant, produit de
l’acide carbonique, le protoplasme végétal de même ; la matière organique
morte, en se putréfiant, produit de l’acide carbonique et du gaz
des marais (méthane) ; ce dernier est oxydé et produit de l’acide
carbonique. (Q
Cet acide carbonique est lui-même repris par la vie végétale, qui
Je réduit pour s’assimiler le carbone sous l’action de la lumière ; il
se dégage d autre part dans l’air par la surface supérieure du lac
-ensuite dé la tension relativement faible de l’acide carbonique de
l’atmosphère.
Plus longtemps donc une eau aura séjourné dans le lac, loin du
contact avec l’atmosphère_et de l’action de la lumière, plus elle contiendra
d acide carbonique. C’est ce qui nous explique comment, dans
les analyses de Walter, nous trouvons les grandes proportions de ce
gaz dans les couches moyennes formées, comme nous l’avons dit, de
vieille eau lacustre ; nous -en trouvons moins dans les couches profondes
formées en partie par les eaux versées récemment par les
affluents ; nous en trouvons le moins dans les eaux de surface des
couches de 0 et 60™ de profondeur (2), qui ont ôté en contact avec
l’atmosphère et se sont débarrassées d’une partie de leur surcharge
de gaz.)
Nous attribuons donc l’acide carbonique qui est en excès dans les
eaüx du lac, en très grand excès dans les couches moyennes, à des
phénomènes d’oxydation des substances carbonées dans l’intimité
même dés coubhes laeustres ; c’est, si nous ne nous trompons, une
•altération des eaux résultant de leur très long séjour dans le lac.
Mais nous entendons une objection. Une oxydation ne se fait pas
§ § B I f l M; Ie Professeur E - Chuard met en doute la possibilité d'une
d ta m l" ! " ” ! i ) T ° t n rS est-il que!Ce,g a z , qui est certainement pro-
- abondance, dans le sol du lac,- disparait et qu’on n’en trouve plus
•de trace dans. les analyses des eaux du Léman; ' 1
g | En novembre 1880, date des prisés d’eau de Walter, la couche de surface des-'
cendait au moins jusqu’à 60», comme nous l’ont montré les sondages thermomé- '
triques exécutés ce jour-là. 6».