pendulaires, sont connues sur les bords du lac Léman sous le nom de
s e ic h e s . Nous allons les étudier dans les paragraphes suivants ; je
traiterai successivement les points les plus importants :
Historique.
Les seiches, vagues d’oscillation fixe.
Types des seiches.
Allures des seiches.
Causes des seiches.
L’on excusera le développement que je suis obligé de donner à ce
chapitre. C’est la première fois que j’ai l’occasion d’exposer d’une manière
synthétique les études qui nous ont occupé pendant bien longtemps
et qui nous ont amené à l’explication, aujourd’hui certaine dans
ses traits généraux, du phénomène des seiches.
HISTORIQUE
Les riverains du Léman appellent seiche un phénomène accidentel,
consistant en un mouvement alternatif et répété d’élévation et d’abaissement
de l’eau du lac. Dans certaines circonstances, on voit, à Genève,
le niveau du lac s’élever lentement, pendant 17 ou 36 minutes,
d’une hauteurvariable, de quelques centimètres ou quelques.dècimètres,
puis il s’abaisse lentement aussi, d’une quantité à peu près égale, puis
il-s’élève de nouveau pour s’abaisser encore, et ainsi de suite. On dirait
des vagues gigantesques, prodigieusement faibles et prodigieusement
lentes ; on dirait des marées en miniatures, à périodes singulièrement
rapides.
Cette marée’en. petites proportions, dont le flux et le reflux n’emploient
que quelques minutes pour leur révolution, tout en se répétant
parfois plusieurs heures ou plusieurs ¡ours durant, a d’abord été observée
et étudiée scientifiquementji Genève, puis sur les autres rives du
Léman ; pendant longtemps on l’a considérée comme l’un des phénomènes
propres au Léman. On en a constaté l’existence sur les autres
lacs, puis sur certaines côtes de la mer.
Je commencerai par résumer les anciennes observations de seiches
du Léman ; je citerai ensuite les faits, à moi connus, venant d’autres
bassins d’eau ; puis j ’analvserai les recherches modernes sur lesquelles
notre théorie est fondée.
Histoire ancienne des seiches du Léman.
Les seiches sont signalées, pour la première fois, en 1730, par ï a-
tio de Düillier, ingénieur des fortifications de Genève. Voici sa description
qui est classique Q : « Gomme les vents méridionaux, entre le
sud et l’ouest soufflent souvent, avec beaucoup d’inégalités-et par reprises,
il arrive quelquefois, et particulièrement lorsqu’il fait des vents
orageux, que, venant à frapper un peu obliquement, ou de haut en bas,
sur ïe grand banc, ils empêchent une partie des eaux de s’écouler :
cette partie d’eau, retenue par un vent violent, se hausse peu à peu au-
dessus du Travers, tandis que l’eau qui couvre le Travers se baisse
de plus en plus. Ensuite, le vent venant à diminuer, ou l’eau venant à
surmonter-par sa pesanteur l’effort du vent,-et à couler avec plus de
liberté et en plus grande abondance, on voit dans le même endroit
cette eau s’élever de niveau, quelquefois d’un pied ou beaucoup plus,
et, pour l’ordinaire, seulement d’environ dix pouces. Il se fait de fois
à autres plusieurs de ces abaissements et de ces élévations d’eau, en
peu d’heures, qui apportent dès changements considérables à la surface
du Rhône, et qui causent des véritables flux et reflux. Ils sont très
apparents dans quelques fossés de la ville, et particulièrement dans
ceux du côté de Plainpalais. Cette sorte de flux et reflux s’appelle à
Genève des s e ic h e s .
« On a vu quelquefois dans cette ville des seiches très remarquables
: il s’en fit trois ou quatre le 16 septembre lbOO, avant midi, d’environ
5 pieds de hauteur ; de sorte que les bateaux qui étaient dans le
port y restèrent autant de fois à s e c .; mais l’eau revenait et s’élevait
chaque fois avec beaucoup de promptitude. »
C’est donc à l’arrêt des eaux du Rhône, sur le banc du Travers,- par
les coups de vent du midi, que Fatio attribuaitl’existence des seiches.
Jean Jallabert, pasteur et professeur à Genève, dans une note écrite
en 1742 (-), discute la cause des seiches. Il montre d’abord que le flux
et reflux se reproduit plusieurs fois par jour, l’intervalle entre deux
crues étant de 14 à 15 minutes lorsque les eaux montent de 7 à 8 pou-
(*) J.-C. Fatio de Düillier. Remarques su r l’histoire naturelle du lac de Genève
in Spon, Histoire de Genève, T. II, p. 463, Genève 1730.
( ) J. Jallabert. Seiches ou flux et reflux du lac de Genève. Histoire de. l'Acad.
royale des sciences, pour 1742, p, 26. Paris 1745.