luitî que celles du vent; ce ne sont pas, comme les vagues du vent,
des vagues d’oscillation progressive. Ce sont donc des vagues d’oscillation
fixe. Ce sont des vagues de balancement, analogues à celles
qui se développent dans une cuvette, dans une baignoire, dans un
bassin quelconque dont l’eau est mise par un choc en état de balancement
pendulaire; l’eau s’élève à une extrémité du vase pendant
qu’elle baisse à l’autre, et vice-versa.
Si cela est, les seiches de durée différente de Genève et de Morges
doivent correspondre à un balancement différent, ou oscillant suivant
des axes différents du lac. J’ai supposé que les seiches à longue période
de Genève seraient dues au balancement du lac suivant sa longueur,
dans le sens Villeneuve-Genève èt retour; que les seiches de
Morges seraient dues au balancement du lac suivant sa largeur, de la
côte suisse à la côte savoyarde^ de Morges à Evian et retour.
Cette supposition, très simple, demandait à être développée et vêtir
fiée.
Pour cela, j’ai cherché à étudier les vagues de balancement dans les
conditions où je pouvais les obtenir, à savoir dans le bassin fermé du
port de Morges, et dans une auge à expérience.
Dans le port de Morges, bassin de 200m environ de longueur, les
vagues de balancement ont une durée de 22.5 secondes. (')
Dans une auge d’expérience, analogue à celle des frères Weber,
(!) Pendant l’hiver de 1869 à 1870/les eaux du lac étant fort basses, l’angle nord
du port de Morges présentait une petite grève doiit la pente était si peu inclinée
q u e les moindres dénivellations de l'eau s’y faisaient voir à; merveille, le calme
absolu du bassin fermé-de toutes parts facilitant encore l’observation. Je remarquai
que fréquemment on pouvait-y reconnaître des oscillations rythmiq.ueu.de
l’eau qui s’élevait et s’abaissait suivant une périodicité régulière. J ’en mesurai la
durée, et trouvai comme valeur moyenne, en secondes :
Nombre Durée moyenne
Date. Yent. • d’oscillations. d’une oscillation.
6 janvier léger morget . 9 L 21.1sec
7 — ; légère bise 10 38 5
9 ■ 18 21.2
20 — HBBBH 16 17.5
. 5, mars 14 15:3
10 — 16 14.7
12 — léger sudois 6 34.1
Purée moyenne générale, 93.5 secondes.. Cette, duree est tellement supérieure à
celle des plus grandes vagues du vent (4 à 5 secondes en tempête)', qu’il n ’y a pas
moyen que la nature en soit la même. Toutes les observations ont du reste été
faites pa r un vent assez faible pour que l’eau du port fût au calme presque parfait.
Je n ’ai pas hésité à reconnaître dans ces oscillations un mouvement de balancej’ai
pu obtenir les vagues de balancement pour diverses profondeurs
d’eau et pour différentes longueurs du bassin. J’en ai tiré les lois de
l’oscillation de balancement que je résumerai plus loin.
Les faits jusqu’alors recueillis me donnaient les résultats généraux
suivants pour la durée en secondes de 1 oscillation de 1 eau .
Oscillation de balancement dans une auge de
1.3m de longueur et 35cm de profondeur 1.6sec.
Seiches du port de Morges 22.5
Seiches du lac à Morges 264
Seiches du lac à Genève 1590
La durée des oscillations était suffisamment proportionnelle à la
grandeur du bassin dans lequel l’eau oscillait..
Les lois et faits d’expérience répondaient si bien aux phénomènes
observés dans la nature que je n’hésitai plus à~ énoncer l’hypothèse
que les seiches sont-des vagues d’dscillation fixe ou vagues de balancement
; que l’eau balance d’un bout à l’autre du lac comme elle balance
d’un côté à l’autre d’une cuvette ou d’un verre à boire ; que les
seiches rapides de Morges sont des vagues de balancement établies
suivant le diamètre transversal du lac, que les seiches plus lentes de.
Genève oscillent suivant le diamètre longitudinal.
Comme preuve expérimentale, je demandais la constatation de la
durée, des seiches à l’extrémité orientale du lac, à l’autre extrémité
du diamètre longitudinal de Genève; les seiches devaient y avoir la
même durée qu’à Genève.
Cet experimentum crucis, je l’ai obtenu en 1873 en allant chercher
à Veytaux près Chiffon le rythme des seiches. A l’aide d’un appament
de l’eau du port, des seiches du port de Morges, analogues à celles du lac,
mais diminuées et.rapetissées en raison des dimensions minimes du bassin.
Ces seiches du port de Morges sont de h auteur si faible, 3 à 3n,m au plus, qu’elles
ne sont manifestes que lorsqu’elles viennent battre sur une plage très peu in-
. clinée, .,
Quant à l’origine de ces vagues de balancement du port, je les attribue à deux
causes différentes :
a) Au vent. Les observations que j ’ai citées ont toutes été faites alors qu’un
vent peu violent agitait légèrement l’atmosphère et causait des changements irré guliers
de pression sur les différentes parties du bassin.
b) A la vague puissante que les bateaux à vapeur refoulent devant eux, et font
engouffrer brutalement par les entrées du port ; dans . ce cas, les seiches du port
ont une hauteur plus forte que lorsqu’elles sont causées pa r le vent, et elles deviennent
même observables pa r des courants alternatifs aux ouvertures des jetées.
(Voir I™ étude, p. 335.)