rigueur absolue à ces dessins ; ils représentent ce que je crois avoir vu.
1° Une des apparitions les plus fréquentes, quoique très variable
dans ses détails, est la suivante : l’image d’un bâteau naviguant à distance
est démesurément épaissie dans ses étages inférieurs, et renfoncée
ou diminuée dans ses étages supérieurs.
Ainsi fig. 154, le 14 avril 1880, à 12h35, température de l’air 17.2°,
154.) Aplatissement de l’image d’un bateau
à vapeur. Morges, 14 avril 1880.
de l’eau Ca 10°, j’avais
l’oeil à 3m au-dessus de
l’eau ; je regardais un
bateau à vapeur s’approchant
de Morges, à 3km
de distance: devant la
pointe de la Venoge. L’horizon apparent était soulevé derrière ces premiers
plans, et le haut de la cheminée du bateau à vapeur, qui s’élève
à 6 ou 8m au-dessus de l’eau, était renfoncé jusqu’à la ligne de l’horizon
apparent..
La fig. 155 donne un cas assez analogue, plus étrange encore. Le
31 mai 1879, à 18k10, ^
le bateau à vapeur Le I" H . T ' ; --'i- I ■‘ï t
Rhône, traversait d’E-
vian à Ouchy, à 10km
(Fig. 155.) Epaississement des parties inférieures, J
des quais de Morges ;
aplatissement des parties supérieures de l’image.
Morges, 31 mai 1879.
le corps du bateau était
énormément épaissi; les voiles latines d’une barque marchande qui
croisait à une plus, grande distance étaient en revanche ridiculement
rapetissées.
Qui eût reconnu dans la fig. 156 le dessin des barques marchandes
du Léman, avec leurs gracieuses voiles
latines? C’était cependant un de
ces bateaux, remorquant son canot
de sauvetage, qui traversait de Savoie
en Suisse, le 4 mars 1880, à 14h.
iffif
(Fig. 156.) Déformation de l’image d’une
barque marchande. Morges, 4 mars 1880.
Dans ce cas, comme en général pour tous ces phénomènes de mirages
et réfractions anormales, l’apparence de l’image est fort différente ■
suivant la position de l’oeil à une hauteur plus ou moins grande au-dessus
de l’eau. Ainsi la fig. 157, p. 555, donne'dans le dessin a une barque
vue du pont d’un bateau à vapeur, à 3m environ au-dessus de l’eau ; le
dessin b, la même barxfuevpe de la passerelle du pilote, à 2m5 plus
haut. C était le 2 mai 1887, à 14h, dans les parages de Coppet-Versoix.
2° Quand la Fata-morgana règne dans les arrière-plans, un bateau
naviguant à mi-distance présente
souvent des déformations extraordinaires.
On reconnaîtrait à peine les
voiles latines de nos barques marchandes
dans lës rectangles surmontés
de triangles de la fig. 158. • HË , 6
La barque était vue de Morges, à
m i l a i ’ ri a n a la H iro n tin n rl’An+W (Fig. 167.) Barque marchande déformée Jac’ dans 13 direction d Anthy, parlesJ réfraotions sur eau froide. Vue en
le 22 niai 1882, à 14h. a dupont du navire, èt en 6 de la passera
. i g , . | H , relie du pilote. Versoix, 2 mai 1887.. C est dans cet ordre de deformations
que doit rentrer la singulière observation faite par Emmanuel
Solomiac, en mars 1854, et qui est décrite
tout au long par M. Ch. Dufour (*). Je dois
à l’obligeance de M. Dufour communication
(Fig. 158.) Barque marchande du crocfuis d e Solomiac et je le reproduis
:Tmv“ r estr^ 6laFata- La barque marchande morgana. Morges 22mai 1882. . . . . était chargee
de bois et les piles de bûches ne s’élevaient
certainement pas à plus de, 3m au-dessus du lac ; elles
paraissaient é n o rm é ment
amplifiées en hauteur,
tandis que les
voiles latines, dont le
sommet pouvait atteindre
à 20m sur l’eau,
étaient réduites dans
l’image à deux petits
triangles s u rb a is s é s .
Autre détail intéressant,
l’image était remarquablement
nette dans ses
parties inférieures, très
confuse dans ses parties
supérieures.
3° Je rangerai enfin dans les catégories de mirages compliqués avec
(Fig. 159.) Barque marchande déformée par les réfractions
sur eau froide. Morges, mars 1854 (croquis d’E. Solomiac).