avril 1873 ; pendant que de Morges j’examinais à la lunette une barque
qui naviguait entre Ouchy et Evian, je vis très nettement au-dessous
de la barque l’image renversée du bâtiment, très
fortement déprimée ; les voiles donnaient par réflexion
un triangle ayant à peine le tiers en hauteur
de l’image r é e l l e . C’était quelque chose de
semblable à la fig. 123. Le lac resta assez long-
- temps calme pour que je pusse aller avertir
M. Dufour et lui faire admirer la démonstration
y(2 s ? « n e ^ “ r la directe de ce que la théorie lui avait fait prévoir,
n a p p e sphéroidaie du lac. g u r un au^re bateau, qui prenait un chargement
de sable à la pointe de la Venoge, plus rapproché de Morges par
conséquent, nous voyions quelques hommes qui se mouvaient sur le
pont de la barquë; leurs images de réflexion étaient étranges ;
M. Dufour disait avec raison qu’on
aurait dit un bateau manoeuvré par
un équipage de chiens.
Depuis lors cette déformation de
l’image de réflexion a été vue par
moi-même une trentaine de fois (rj ;
j’ai pu la faire constater par mon
ami le D1' Morax, de Morges. M. Raoul
Pictet l’a reconnue d’après notre
(Fig. 124.) Im a g e s de Oli. Dufour.
description. Enfin M. A. Riccô, de Pa-
lerme, Fa, découverte à nouveau 6n
1888, en étudiant l’image du soleil qui se coucùe à rnonzon uans la
Barque marchande, à Ouchy, vue de
Chigny, sur Morges, 2 juillet 1887.
mer Méditerranée ; il a
même pu prendre des photographies
de ces images. 0
Le 20 novembre 1888,
(Fig. 125.) casino s’AmpUon, vu de ciügny, M. Riccô a répété la même
24 juillet 1887. observation' sur des barques
naviguant dans le golfe de Palerme; dans une communication
qu’il m’a adressée le lendemain, il adopte la comparaison de
(1) F.-A. Forel. Images réfléchies par la'nappé sphéroïdale du Léman. G. R. Acad.
Sc. Paris CVIII, 650. 1888.
{*) G. R. Acad. Sc. Pa ris CVIII, 590. 8''octobre 1888.
M. Dufour, et me dit que l’image réfléchie des hommes de ces barques
semblait celles de chiens ou de gnomes.
Nous sommes donc cinq observateurs différents qui avons constaté
la réalité de cette déformation, et avec M. Dufour,
nous pouvons en tirer une nouvelle preuve de la
rotondité de la terre. Cette démonstration n’est
du reste pas banale, et n’est pas à la portée de
chacun.
Je donne aux figures 124,125 et 126 le croquis
de quelques-unes des images ainsi déformées
que j’ai observées moi-même sur le lac Léman.
Il sera commode de préciser par un nom l’apparition
intéressante que nous venons de décrire.
(Fig. 126.) Yacht de plaisance,
vu de Chigny,
15 août 1887.
Je désignerai sous le terme d’image de réflexion de Charles Dufour
le phénomène dont la découverte théorique par mon vénéré maître et
ami a devancé l’observation directe dans la nature.
V. Déformation de l ’Image réfléchie des corps
mal éclairés;
11 est une déformation de l’image réfléchie qui est due à un mécanisme
tout autre que les précédents. Un corps sombre, noir, se réfléchit
à courte'distance sur un lac blanc, sur une nappe d’eau brillamment
éclairée, découpée en
miroirs fragmentaires par
les ondulations de vagues
mortes. L’image de ce corps
noir est remarquablement
déformée; elle est déprimée;
elle est diminuée de la moitié,
des trois" quarts de sa
hauteur. Ainsi le mur du
(Fig. 127.) Réflexion du mur noir de la jetée du port
port de Morges, vu du quai
- de Morges, 21 juillet 1887.
dans ces circonstances, donne l’image de la figure 127 ; a représente le
mur de la jetée, b l’image de ce mur noir réduite au quart de sa grandeur
réelle. J’ai vu l’image de réflexion des peupliers de la côte de