mis en rotation par un mouvement d’horlogerie (masqué par le cylindre
dans la flg. 53), avec une vitesse de 3em par heure.
Mon limnographe portatif fonctionne parfaitement et m’a donné des
tracés excellents. Il peut être installé partout où il y a une plage, avec
grève exondée. 11 demande cependant à être surveillé ; exposé qu’il
est à être dérangé par un passant trop curieux, il ne peut être abandonné
sans un gardien, et il ne saurait être utilisé commodément pour
une longue série d’observations, durant des semaines ou des mois.
C’est à ces inconvénients que M. le Dr Ed. Sarasin a paré fort ingénieusement
quand il a fait établir par la Société genevoise de construction
d’instruments de physique son limnimètre enregistreur transportable
f1). C’est un limnographe stable qui fonctionne parfaitement pendant
des semaines et des mois, comme ceux de Morges et de Sécheron
mais il peut à volonté être transporté d’une station à l’autre.
Le puits est un cylindre de zinc de 35e™ de diamètre et de 1,5™ de
hauteur; on le plonge dans le lac à mi-hauteur et on l’assujettit à un
pilotis. Le flotteur est une lentille biconvexe, portant une tige à laquelle
se fixe un ruban de cuivre qui passe sur une poulie, en mettant celle-ci
en mouvement. L’axe mobile de la poulie, par une transmission convenable,
fait glisser latéralement une tringle horizontale qui porte le
crayon, et dessine les oscillations de l’eau sur un papier sans fin mis
en marche par un artifice d’horlogerie. L’appareil enregistreur est logé
dans une caissette bien fermée qui peut être posée sur le mur d un
quai ou dans la chambre d’une maison de bains.
Le limnographe Sarasin enregistre les dénivellations du lac de grandeur
naturelle : il est réglé à la vitesse de 1™“ à la minute et de 6e™ à
l’heure. L’instrument a fonctionné à parfaite satisfaction dans de nombreuses
stations du Léman et des lacs de Zurich, de Constance et de
Neuchâtel.
LES ALLURES DES SEICHES
A l’aide des diverses méthodes d’observation décrites dans le paragraphe
précédent, nous avons, mes amis et moi-même, étudié, dans
les vingt dernières années, les seiches du Léman et celles de quelques
(!) Voir la description de M. Sarasin : Arch. de Genève II, 724,1879. .
autres lacs. Le matériel réuni est considérable ; je l’analyserai dans
cette première étude générale en m’en tenant aux grandes lignes et
aux faits probables ou certains, et en me bornant à indiquer sans chercher
à les interpréter, quelques détails qui ne sont pas encore suffi-'
samment clairs.
Les allures des seiches sont le mieux mises en évidence par les
tracés continus des limrîbgraphes. Les observations isolées obtenues
par d’autres méthodes fournissent des faits accidentels souvent intéressants;
elles nous ont été fort utiles dans le développement des
recherches qui nous ont conduit à l’explication du phénomène; mais
quand l’observation est isqlée, on n’en voit pas l’enchaînement avec les
événements antérieurs et postérieurs, on n’en a pas la raison d’être
ni les conséquences. C’est donc essentiellement sur l’étude des tracés
limnographiques que je me fonderai pour apprendre à connaître les
seiches : tous les exemples que je figurerai sont tirés de ces tracés.
Il est très rare que le lac soit au calme plat au point de vue des
seiches. Dans les six années pendant lesquelles le limnographe de
Morges a dessiné pour moi les allures du lac, je n’ai pas eu un seul
jour où je n’aie pu retrouver les indices d’un mouvement rythmique.
La figure 54 donne un exemple d’un lac immobile, sans seiches ;
mais cependant on y aperçoit des traces d’ondulations, ondulations de
10 minutes de durée, et de l mm à peine de hauteur.
iMorcje.d'30<Àl'a.i 18 7f>
(Fig. 54.) Calme plat au point de vue des.seiches. Morges. Grandeur naturelle.! -
6 cm. par heure.
Le plus souvent, on peut dire toujours, le tracé limnographique présente
des ondulations régulières ou irrégulières, parfois très faibles,
quelques millimètres de. hauteur, parfois très fortes, quelques centimètres,
parfois énormes, quelques décimètres de hauteur. Il n’est pas
toujours facile d’en démêler au premier abord la signification; ce
n’est que par l’étude attentive et répétée, souventefois renouvelée de
longues suites; de tracés, que l’on arrive à reconnaître, dans les
courbes souvent compliquées, brodées d’oscillations secondaires de
Hivers ordres, les types définis des seiches; avec de la patience et
de la persévérance, on obtient une appréciation très sûre qui n’est pas