
 
        
         
		la quantité et  la densité des matières dissoutes j’en tirais  leur poids  et  
 le volume  d’eau  déplacé ;  de  là  j’obtenais  l’excès  de  poids  de  l’eau  
 tenant  des  sels  en dissolution. 
 Pour 174.1m? de résidu  sec j’arrivais  à une densité moyenne de  2.4.  
 De là je faisais  le  calcul suivant  pour la densité de l’eau  du Léman  : 
 Un  décimètre cube d’eau  distillée pèse  1.000 000 s 
 j’en  soustrais le poids  de l’eau  déplacée  
 par  les matières  en  solution  0.000  074 
 j’y  ajoute le poids  du  résidu  0.000 174 
 Un  décimètre cube  d’eau  du  lac  pèserait donc  1.000 100 s 
 Donc  la  densité probable est 1.0001. 
 Mais M.  Chuard m’avertissait que  ce calcul  était erroné; que la contraction  
 des  matières  dissoutes  devait  probablement  amener  une  
 erreur  en moins;  la densité  de 1.0001  que je trouvais  ainsi  était  probablement  
 trop  faible.  —  Cette  erreur  n’avait  pas  grands  inconvénients  
 pour  le  calcul  que  je  faisais  alors.  Mais  il  était  important  de  
 connaître la  densité .réelle de  l’eau  du  Léman,  et  de  vérifier  si,  selon  
 les prévisions de M.  Chuard,  l’expérience directe donnerait  des  résultats  
 plus  forts  que ceux  de mon  calcul. 
 MM.  Chuard  et Jaccard ont  satisfait à  ce  desideratum  et  ont  déterminé  
 par  la  méthode  pycnométrique  (pesée  d’un  ballon  de  volume  
 connu,  rempli  d’eau)  la  densité  de  l’eau  de  cinq  prises  différentes  
 levées  devant Oucby  en  février,  mars  et  avril  1893,  analyses  Nos  23  
 à .27. La densité de  l’eau du  lac,  rapportée  à  celle  de  l’eau  distillée  à  
 la  même  température  a,  dans  ces  cinq  expériences,  été trouvée  la  
 même,  à savoir  1.000198.  D’après  l’approximation  de  la  méthode  la  
 dernière  décimale  doit  être  laissée  de  côté,  et  la  densité  réelle  être  
 appréciée par 1.00020. 
 C’est  le  chiffre que nous  admettrons jusqu’à nouvel  avis. 
 Mais pour appliquer la  notion  de  la  densité  aux  faits  de  la  nature,  
 nous  devons  lui  apporter  la  correction  de la température.  La  densité  
 de l’eau  qui  présente un maximum  à 4°, varie suivant une  loi  compliquée  
 qui  est  exprimée par la formule de Kopp. Vu la  fréquente  application  
 qui  doit  en  être faite aux  questions  de  la  thermique  du  lac,  je  
 vais  en  donner La valeur  entre 0 et 24°  en  admettant  que  1.0000  soit  
 la densité  de  l’eau  distillée  à 4°  C.  et 1.0002  celle  de  l’eau  du  Léman  
 à la même  température 
 A 
 Température Eau  distillée Eau  du Léman 
 O 0.9 9 9   88 1.000  08 
 1 —   93 - 1 3 
 2 —   97 —  17 
 3 —   99 — 19 
 4 1.000  00 —   20 
 5 0.999  99 —  19 
 6 —   97 —  17 
 7 —  94 H - 14 
 8 ■ H 90 —  10 
 9 —  85 '   05 
 10 ,  S -   78  ' 0.9 9 9   98 
 12 —  57 —   77 
 14 —   32 —  52 
 16 ■  03 —   23 
 18 0.998  69 0.9 9 8   89 
 20 —  30 —   5 0 
 '  22- 0.997  87 . —  07 
 24 H h o 0.997  60 
 Tels'sont les  chiffres  sur  lesquels  nous  nous  sommes  basés  quand  
 nous  avons  étudié les  phénomènes  régis  par  la  densité  de  l’eau  dans  
 le Léman. 
 III.  L’EAU  DU  LAC  LÉMAN,  EAU  D’ALIMENTATION 
 Il est une question  d’un grand intérêt  pour l’hygiène publique,  c’est  
 la valeur de l ’eau  des lacs  comme eau  d’alimentation. 
 Les villes  et  villages  riverains  des  lacs vont  chercher dans  ces bassins  
 naturels  l’eau  dont  l’homme  a  besoin  pour  son  alimentation,  et  
 pour  les  usages  industriels. A  mesure  que  les  villes  s’accroissent  et  
 que  les  habitudes  hygiéniques  réclament  une  plus  grande  quantité  
 d’eau  pour  les  nécessités  de  la  vie,  les  sources  et  ¿aux  terrestres  
 deviennent  plus  insuffisantes  ou  onéreuses.  Y  a-t-il  inconvénient,  y  
 a-t il  avantage  à  utiliser  les  ressources  inépuisables  des  lacs  pour  y  
 aller puiser des  eaux ? 
 Dans  notre  lac  Léman  la  question  est jugée  depuis  longtemps. Dès