Qu’étaient ces seiches extraordinaires des temps anciens ? étaient-
elles des uninodales, des binodales ou des dicrotes? C’est difficile à.
dire, les renseignements sur la durée des oscillations étant trop peu
précis. Tout ce que nous savons, c’est que les grandes seiches de
M. Plantamour, du 20 août 1890, étaient manifestement des
dicrotes ; l’interférence des deux composantes a certainement exagéré
la hauteur de la résultante. Ni les uninodales seules, ni les binodales
n’auraient atteint cette amplitude si elles avaient été simples. J’en
conclurai que si nous nous basons seulement sur les données
certaines, à notre disposition (tracés de M. Plantamour), Ta hauteur
des seiches longitudinales simples du lac ne dépasse pas à Genève
60cm ; que cependant des faits historiques permettent peut-être
d’admettre l’existence de seiches encore plus grandes.-
5° Hauteur moyenne des seiches de Genève. La limnimétrie. de
Genève joue un grand rôle dans l’histoire du Léman. Elle est cependant
soumise à une incertitude due à diverses causes, entre autres aux
seiches. Quand nous constatons les dénivéllations souvent énormes
que produisent ces mouvements de l’eau, on peut comprendre quelle
erreur en plus ou en moins peut entacher une observation limnimé-
trique, faite au moment de la seiche haute ou de la seiche basse. Si
l’erreur peut être grave dans certaines circonstances, elle l’est
beaucoup moins dans d’autres. Quelle est la valeur moyenne de cette
incertitude?
Pour l’estimer, j’ai utilisé les tracés de Sécheron de l’année 1891,
mis très obligeamment à ma disposition par M. Ph. Plantamour. J’ai
mesuré chaque jour la hauteur de la plus forte seiche et de la plus
faible, et j’en ai tiré la moyenne approximative de hauteur des seiches
de la journée. Je mettrai plus loin en usage les valeurs que j’ai
obtenues par cette étude, lorsque je me baserai sur les allures des
seiches pour en rechercher les causes. Pour le moment, je me borne
à leur demander la moyenne générale. La moyenne arithmétique des
365 moyennes journalières des seiches de Genève de l’année 1891
est 45mm.
Par conséquent, la dénivellation moyenne des seiches hautes et des
seiches basses, au-dessus et au-dessous du niveau immobile de l’eau,
a été pendant cette année + 22.5ram. Par conséquent l’erreur
moyenne, dont les dénivellations des seiches entachent les observations
limnimétriques faites à un moment quelconque de l’année est
H 11.2ram. Cette erreur probable s’efface lorsque l’on considère un
nombre suffisamment grand d’observations.
N’oublions pas que ce chiffre ne s’applique qu’à la valeur des seiches
à Sécheron, en dehors du port de Genève, sur le banc du Travers
; comme nous l’avons vu par la comparaison des seiches de la
Machine avec celles de Sécheron, la hauteur des dénivellations est
fortement exagérée dans le port. Dans le port de Genève ou à la.
Machine hydraulique, l’erreur moyenne des observations limnimétriques
par le fait des seiches, est plus grande que 11.2mm; elle doit être-
de 16 à 17mm.
Seiches anormales.
Je désigne sous: cette appellation, en attendant qu’elles puissent
être mieux précisées, des oscillations peu fréquentes qui apparaissent
parfois, dans des conditions mal déterminées, et dont la signification
n’est pas encore reconnue.
(Fig. 75.) Seipiies.de 7 minutes de Genève. Moitié de hauteur
naturelle. 8 cm. par heure.
J’en donnerai quelques exemples, fig. 75 à ‘77, choisis sur les tracés;
du limnograpbe Ph. Plantamour, à Sécheron, Genève. On y verra que-
ces oscillations peuvent être parfaitement bien marquées, et y
atteindre une fort grande hauteur (fig. 76) ; elles ont des allures périodiques
incontestables, et montrent parfois une belle régularité. C’est,
un phénomène bien caractérisé. La durée de ces oscillations est assez
variable. J’ai reconnu entre autres un type de 7 minutes environ (fig. 75
et 76), et un type de 20 minutes (fig. 77). Quand on voudra les étudier
plus à fond, on y retrouvera certainement plusieurs autres formes.
Comment interpréter ces oscillations? On peut déjà indiquer trois.
hypothèses-. -
La première en ferait des seiches transversales, oscillant de.
.Sécheron à la rive opposée, à la côte de Cologny. La largeur du lac
étant en ce point de i 8Û0m environ, si l’on y applique la formule des;
seiches, on voit que pour une profondeur moyenne de 3m, on aurait