présente de petites irrégularités, des dentelures fines dont nous avons
déjà un exemple dans la figure 65 de la page 103. Ces broderies qui
représentent des oscillations de un ou plusieurs millimètres de hauteur,
dont les allures sont parfois très régulières, fig. 81, parfois très irrégu-
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M ________ 29 J u in 1876._________ [7^
(Fig. 81.) — Vibrations. Limnographe non sensibilisé, grandeur naturelle. 6«» par heure,
lières, ont une durée qui varie de 20 secondes à 2 minutes.
Je désignerai les mouvements de l’eau qui causent ces broderies de
nos tracés limnographiques sous le nom de vibrations du lac, nom
indifférent qui ne préjuge rien, ni sur leur nature, ni sur leur cause.
Ces vibrations apparaissent sur les tracés de tout limnographe suffisamment
sensible ; lorsqu’elles manquent,absolument, c’est une preuve
du défaut de délicatesse de l’appareil qui, soit par insuffisance de débit
du canal d’alimentation (trop grande longueur de ce canal, ou diamètre
trop faible), ou bien par trop de perte de mouvement dans les
organes de transmission, ne dessine pas les très légères oscillations
du lac (!). Les vibrations existent, en effet, presque toujours ; je les ai
reconnues sur la plupart des tracés limnographiques, dans tous les
lacs et dans toutes les stations où j ’ai installé mon plémyramètre, en
constatant des mouvements saccadés dans les promenades du flotteur
qui réagit avec une sensibilité exquise sous les plus faibles dénivellations
de l’eau.
fies vibrations apparaissent sur les tracés du limnographe sous
la forme de dentelures à sommets mousses, quand le débit du canal
d ’alimentation du puits est suffisant pour que l’eau S’équilibre à
temps dans la durée d’une oscillation ; chacune des dentelures est
alors une sinusoïde. Mais dans d’autres cas, lorsque la vibration est
de grande hauteur, l’eau du puits n’a pas le temps de suivre les dénivellations
du lac et les dentelures sont à sommets aigus.
Pour étudier plus en détail les vibrations, j’ai perfectionné de deux
manières la sensibilité de mon limnographe de Morges, Tout d’abord
(’) Une telle absence de sensibilité d’un limnographe qui ne dessine pas les
vibrations peut être considérée comme un avantage si l’on veut étudier uniquement
les seiches, dont les courbes sont alors beaucoup mieux m arquées, étant plus
simples et non altérées. Mais c’est plutôt Un inconvénient si l’on veut étudier la
complication naturelle des divers mouvements du lac.
j ’ai augmenté le débit du canal du puits ; à côté du tuyau de 8.4m de
long et de 6cm de diamètre qui me donnait l’alimentation convenable
pour l’étude des seiches, j’y ai adjoint un second tuyau de 8 0 m de
long et de 20cm de diamètre, fermé par une vanne mobile qui permettait
d’augmenter ou de diminuer, à volonté, la réaction du bassin
limité du puits sous les dénivellations de la masse illimitée du lac. En
second lieu, j’ai augmenté la vitesse d’enregistrement et je l’ai portée
à 6inm par minute ; les dentelures des vibrations, trop pressées dans
l’enregistrement normal de 6cm par heure, s’étalent mieux et se développent
à loisir sur le papier, entraîné à cette grande vitesse.
En résumant les observations fort nombreuses que depuis vingt ans
j ’ai pu faire occasionnellement ou systématiquement sur ce phénomène,
je iu i décrirai les caractères suivants :
1° Les vibrations sont des oscillations régulières ou irrégulières de
l’eau ; parfois leur régularité est parfaite.
2° Leur durée est variabië d’un jour à l’autre, dans les limites de
15 ou 20 à 120 secondes (station de Morges).
3° Leur hauteur est variable d’un jour à l’autre, de l mm et moins à
5cm et plus.
Avec ces dimensions, les vibrations sont un phénomène, un phénomène
spécial qui mérite d’être étudié.
Avant de rechercher les conditions de leur apparition, éliminons
tout d’abord une notion qui peut venir immédiatement à l’esprit de
nos lecteurs, c’est que nous aurions à faire ici à des vagues proprement
dites (vagues d’oscillation progressive), vagues du vent, vagues
des bateaux à vapeur, etc. Il n’ÿ a aucun rapport dé vitesse entre les
vibrations et les vagues ; ce que nous connaissons sous le nom de
vagues sont des oscillations beaucoup plus rapides ; elles ne se dessinent
pas du tout, quand elles sont faibles, sur les tracés de mon limnographe,
même avec la sensibilité exagérée que je lui ai donnée pour
l’étude des vibrations ; quand elles sont fortes, elles s’y dessinent avec
de tout autres allures. Les plus grandes vagues de vent que j’aie
mesurées à Morges, celles du 20 février 1879, avaient une durée de
près de 5 secondes ; donnons 5 secondes comme durée maximale
possible des plus grandes vagues du Léman ; les vibrations les plus
rapides sont encore 3 à 4 fois plus lentes. Il n’y a pas moyen d’assimiler
les deux ordres de phénomènes.
Cette supposition écartée, cherchons ce que peuvent être les vibra