rige et complète les phiffres provisoires donnés dans notre premier
volume(p. 373) sur le Rhône du Valais. M. A. Delebpcque(!) a, pendant les
années 1892 et 1893, analysé systématiquement Ips eaux du Rhône du
Valais et de la ürance du Chablais sur des échantillons d’eau, levés
chaque semaine ou chaque quinzaine, près de leur embouchure dans
le lac. Il en a déterminé la teneur en matières dissoutes et est arrivé à
des chiffres variant assez régulièrement pour que nous puissions nous
borner à donner ici les valeurs mensuelles, basées sur 54 analyses
d’eau du Rhône et 38 d’eau de la Drance. (2)
Rhôpe Drance
janvier V 332 me 390 '"S
février 326 318
mars 319 294
avril 215 210
mai 180 215
juin 132 209
juillet 104 246
août 99 329
septembre 117 297
octobre 186 251
novembre 247 287
décembre 285 343
Les moyennes annuelles sont pour le Rhône 212™e, pour la Drance
283me ; l’une et l’autre de ces moyennes sont notablement supérieures
à la teneur générale du lac, 175ms-. Les extrêmes sont pour le Rhône
92 à 354ms ; pour la Drance 132 à 474me. La teneur de ces deux affluents
principaux du Léman peut donc différer énormément en plus ou en
moins de celle du lac, et les eaux de ces rivières doivent pouvoir modifier
la composition générale op locale de l’eau du Léman.
Nous arrivons au même résultat si nous interrogeons les études du
professeur W. Weith de Zurich, qui a fait entrer le Léman et ses
f1) Archives de Genève, XXX, 666.1893.
(2) J ’ai négligé, pour les moyennes de la Drance, deux analyses qui donnent la
teneur en temps de forte crue ; la quantité de matières dissoutes y est beaucqup
réduite, celle du 30 décembre 1891 à 132<”9, celle du 16 mars 1893 à Î86mo ; elies
auraient troublé la co.urbe très régulière que forment les autres analyses faites p a r
un débit moyen et normal de la rivière.
affluents dans une série de recherches sur la composition chimique
des eaux de la Suisse (1). Il cherche, au moyen de la décoloration
d’une solution alcoolique d’alizarine, la quantité d’acide carbonique
lié, et il en déduit la quantité de carbonate de calcium contenu dans
l’eau. Voici quelques chiffres intéressant notre lac :
Eau du Léman en plein lac, dates diverses 86.5
Rhône, Massongex 9 février 1880 1Q.3
» » 8 octobre 1879 68
» Bouveret » 1879 72.5
Avençon, Bex » 116
Salanfe, Vernayaz » 70.5
Trient » >> 45.5
Tinière, Villeneuve » 150.5
Léman, port de Villeneuve » 111.5
Grandes différences dans la teneur des eaux des diverses rivières ;
c’est un fait indiscutable.
Cette variabilité des rivières a-t-elle un effet sur la composition du
lac? Pouvons-nous apprécier l’importance de la variation?
Si nous consultons les moyennes données par M. Delebecque pour
la teneur des eaux du Rhône (v. p. 594), nous y voyons que pendant
les mois de juin à septembre les eaux du fleuve sont moins chargées
que celles du lac, que pendant les 8 autres mois elles sont plus chargées
; en été, le Rhône, qui est alors à son grand débit, tend à altérer
les eaux du lac en les diluant, en hiver en les surchargeant. Cherchons
quel peut être l’effet utile de ces altérations par rapport à la composition
générale du lac ; cherchons si elles peuvent la modifier sensiblement.
Nous ne disposons pas actuellement des valeurs du débit du Rhône
dans l’année 1892-1893, pendant laquelle M. Delebecque a fait ses
analyses d’eau ; mais en admettant que les mêmes variations mensuelles
dans la teneur des eaux du fleuve seraient applicables aux
années 1879 et 1886 pour lesquelles nous avons les débits du Rhône (2),
nous pouvons calculer le transport d’eau et la teneur probable en
matières dissoutes de l’affluent principal du Léman pour les deux sai-
(') W. Weith. Chemische Untersuchungen schweiz. Gewàsser, etc., Viertel-
jahresschr. der naturf. Gesellsch. XXV, 129. Zurich 1880.
(2) Voyez T. I, p. 360.