1875 pendant 1 jour 1885 pendant 3
76 5 86 20
77 0 87 14
78 3 88 42
79 1 89 7
1880 76 1890 5
81 0 91 61
82 0 92 21
83 0 93 32
84 o. 94 10
cas de refroidissement littoral n’ait pas été constaté : la durée moyenne
de ce refroidissement littoral est de 15 jours.
Pendant 15 jours, année moyenne, le Petit-lac est refroidi au-dessous
de 4° ; il présente la stratification thermique inverse ; il est dans les
conditions où la congélation peut survenir.
Nous allons constater que cette congélation a réellement lieu dans
cette région du Petit-lac. Mais avant de décrire les faits qui le prouvent,
je crois utile de préciser les phases et types que peut présenter
la congélation des lacs.
3. Phases et types de congélation.
Dans la congélation d’un lac, on doit considérer trois phases : La
phase de d é b u t, pendant laquelle les eaux de surface, refroidies
à 0°, sont prises par la glace; la phase d ’é ta t ou de congélation définitive,
dans laquelle la couche de glace solidement établie, résistant à
la chaleur diurne, augmente d’épaisseur chaque nuit ; enfin, la phase
de d é g e l, dans laquelle la glace disparaît sous l’action de la chaleur.
Etudions rapidement ces trois phases.
A. Phase de début, prise du lac.
Par suite du refroidissement automnal et hivernal, les eaux du lac
sont descendues au-dessous de 4°. Ou bien le lac dans son ensemble,
ou bien tout au moins sa région littorale, présentent la stratification
inverse; la surface du lac peut descendre à 0°. Si la perte de chaleur
continue, il se forme dans l’eau des cristaux de glace; ces cristaux
s’agglomèrent et se soudent, le lac se prend sous une couche de
glace. La première congélation a lieu suivant deux types très différents.
Premier type. Congélation continue ou congélation lamellaire. —
Si l’eau est calme, sur un lac en l’absence de vagues, la surface se
prend en une nappe continue, parfois de fort grande étendue. Cette
première prise a lieu ordinairement par une nuit sereine où la radiation
est puissante, et où la surface de l’eau perd une énorme quantité
de chaleur. Quelquefois la congélation se fait en une nuit sur tout un
lac; le lac de Morat, le 17 décembre 1879, ne montrait pas trace de
glace ; le 18, au matin, une seule nappe glacée, sans solution ni rupture,
couvrait toute l’étendue de ce lac de 27km2. (')
Ce type de prise lamellaire se présente seul dans ce que nous appelons
les c o n g é la tio n s p r in t a n i è r e s . Ces deux mots jurent
ensemble et cependant, je dois les accoupler. C’est au printemps, c’est
après une belle journée de beau soleil que pendant la nuit un lac se
couvre d’une mince lamelle de glace. Pour qu’il y ait prise de glace
continue, il faut, en effet, deux conditions : que l’eau soit calme, sans
cela nous aurions la formation de glaçons-gâteaux; que la perte
de chaleur' soit violente et rapide, sans cela la conduction disséminerait
le froid dans les couches sous-jacentes et les cristaux
de glace n’apparaîtraient pas. Or ces deux circonstances
sont à la fois représentées dans le premier printemps, alors qu’une
nuit sereine succède à une belle journée de grand calme; dans ces
nuits sans nuage du printemps, si redoutées par les agriculteurs, alors
que la vapeur d’eau atmosphérique est à son minimum, la plus grande
partie ayant disparu dans les condensations successives de l’hiver, alors
qu’elle joue mal son rôle d’écran protecteur, la diathermanéité de l’air
est extrême et la radiation puissante. La surface du lac irradie une
grande quantité de chaleur vers l’espace et se refroidit rapidement.
C’est alors que sur un lac réjoui pendant la journée par les rayons du
soleil printanier, l’on voit apparaître la nuit suivante une pellicule de
glace de quelques millimètres d’épaisseur, qui forme d’immenses
radeaux de centaines, de milliers de mètres de superficie. Nous trouverons
sur le Léman des exemples de ces congélations lamellaires, de
type printanier.