4° Enfin la méthode la plus parfaite est celle du l imno gr ap he ou
limnimètre enregistreur. Nous en avons établi cinq appareils, de types
divers, sur le lac Léman, à savoir : les limnographes fixes de Morges
(F.-A. Forel, 1876), de Sécheron, près Genève (M. Ph. Plantamour,
1877), de Thonon (Ponts et Chaussées français, 1880), les limnographes
portatifs de F.-A. Forel, 1878, et de M. Ed. Sarasin, 1879.
Tous sont bâtis sur le principe du marégraphe, modifié pour l’enregistrement
de dénivellations du lac de 5 à 80 minutes de durée. Leurs
traits généraux sont les suivants :
Un puits de dimensions suffisantes est mis en communication avec
le lac par un tuyau d’alimentation assez large pour que l’eau du puits
suive les dénivellations à longue période du lac, assez étroit pour que
l’action des vagues et vibrations n’v soit pas trop sensible. Dans ce
puits flotte un bassin ouvert par en haut (*), qui porte un mât vertical
arrivant jusqu’à la hauteur de la table d’enregistrement. Au mât est
fixé, par un ajustage convenable, un style, ou crayon, ou plume,, qui
dessine les dénivellations du lac sur un papier enregistreur, mu par
un artifice d’horlogerie. Les dimensions du flotteur doivent être assez
fortes pour que la pression de l’eau, même lorsque la dénivellation est
très faible, surmonte facilement tous les frottements de l’appareil
enregistreur.
Voici, comme exemple, les dimensions principales du limnographe
de Morges qui présentait une sensibilité exquise, en même temps
qu’une stabilité suffisante. Il était parfaitement approprié à l’étude des
seiches de cette station.
Superficie du puits 2m2
Tuyau d’alimentation, longueur 8.4m
» diamètre 6cm
Flotteur circulaire, diamètre 80cm
L’appareil de transmission donnait les dénivellations de l’eau de
grandeur naturelle, sans amplification, sans réduction.
La marche de l’horloge était primitivement calculée pour donner
une vitesse d’enregistrement de l mm par minute, soit 6cm par heure-.
Plus tard, quand j’eus étudié suffisamment les types ^des seiches de
Morges, je l’ai réduite à 3cm par heure.
m Les flatteurs sphériques ou cylindriques fermés doivent être évités. Les variations
de température déterminent des variations de pression, et l’eau finit par
les remplir par quelque fissure invisible du métal.
Mon limnographe de Morges (fig. 52) avait pour appareil de transmission
un double parallélogramme articulé, abcd, et aefg, qui transformait
les mouvements verticaux du flotteur p, et de- son mât t, en
un mouvement horizontal de la tringle d’enregistrement u ; celle-ci
portait, maintenue verticale par deux trous, un crayon v, qui pressait
de son poids sur lé papier à écoulement continu, et y dessinait les
courbes des- seiches ; des contrepoids convenables, q et r, mettaient
(Fig. 52.) Le limnimètre enregistreur de Morges, F.-A. Forel.
l’ensemble de l’appareil dans un état d’équilibre indifférent (’). Les axes
des parallélogrammes pivotaient aussi librement que possible, et ne
prêtaient à aucun battement ; il n’y avait de perte de mouvement que
par le jeu de la douille du crayon dans les trous qui le . guidaient,
(‘) Voir pour plus de détails; F.-A. Forel, le limnimètre enregistreur de Morges.
(Loc. cit. p. 63, n° 4).