le 2 septembre 1806, est une preuve directe de la réalité de cette
action. « Les débris du rocher se portèrent jusqu’au lac de Lowerz et
ils en comblèrent l’extrémité occidentale. Les effets de cette chute sur
le lac furent prodigieux ; les eaux s’élevèrent avec un mouvement
semblable à celui qu’excite la tempête jusqu’à la hauteur de 60 à 70
pieds du côté de Seewen, village situé à l’autre extrémité du lac (i). »
La relation officielle de la catastrophe évalue à 150 pieds la hauteur de
la vague qui, après avoir traversé le lac de Lowerz, alla battre la côte de
Seewen (-). « La petite île du lac a été entièrement couverte par les
flots, et la grande île jusqu’à la hauteur du clocher de l’ermitage. On
trouva dans le village de Steinen (3) des poissons vivants qui y avaient
été jetés par les vagues. (*)
M. E. de Vallièrè attribue à une vague de ce genre les ravages causés
sur les bords du lac Léman, et jusqu’à Genève, par l’éboulement
du Tauretunum, en Valais, en l’an 563 (5). Nous en reparlerons à un
autre chapitré.
Qu’une première vague de cette nature soit suivie dans un bassin
fermé d’oscillations successives, de vagues de balancement, de seiches,
cela n’a pas besoin d’autre démonstration.
La cause des seiches cherchée dans les tremblements de terre.
Les secousses portées sur un vase peuvent, dans certaines circonstances,
provoquer un mouvement de balancement de l’eau Contenue
dans ce vase. Le fait est incontestable, et la plus vulgaire expérience
le démontre. Que le mouvement du balancement de l’eau puisse résulter
d’une secousse apportée au vase, c’est ce que nous voyons tous
les jours dans un verre d’eau ou dans une cuvette. Que toute secousse
(*) Lutz, Dictionnaire historique de la Suisse, 1811.
(2) Relation officielle dé la destruction de la vallée d’Arth, p. 5.
(3) A 33 mètres au-dessus du lac, d'après la carte fédérale.
(4) Relation succincte de l’écroulement de la montagne au-dessus de Goldau. Zurich,
1806, p. 5.
(s) E. de Vallièrè. Quelques mots sur la chute de Tauretunum. Bull. Soc. Vaud
Sc. nat., XIV, 437,
portée sur le vase ne mette pas nécessairement l’eau en balancement,
c’est ce qu’on peut vérifier en imprimant à un bassin plein d’eau un
mouvement ou trop lent, ou trop brusque, ou un mouvement d’ensemble
dans le sens vertical, soit en montant, soit en descendant, ou
une secousse trop faible qui n’entraîne pas l’eau dans un mouvement
appréciable.
Il en est de même des secousses plus considérables qui ébranlent la
terre elle même, des tremblements de terre qui mettent en mouvement
tout le pays et, par conséquent, les parois des bassins dans lesquels
reposent les lacs et les mers. Ces secousses se propagent parfois
à l’eau elle-même ; d’autres fois elles la laissent immobile.
Y a-t-il réellement des rapports entre les seiches et les tremblements
de terre?
Interrogeons à ce sujet l’expérience et l’observation.
L’eau est parfois mise en mouvement par les tremblements de
terre. C’est ce qui résulte de l’histoire trop souvent lugubre des raz-
de-mer ou raz-de-marée d’origine sismique.
Prenons d’abord nos exemples dans l’Océan. Je copie une page de
Reclus. (*) « Lorsque de violentes secousses agitent le sol, les villes situées
sur le bord de la mer ont eu souvent beaucoup plus à souffrir de la
soudaine irruption des eaux que de l’agitation de la terre elle-même ;
que les vagues aient reçu le choc des côtes voisines, ou bien que le centre
d’ébranlement se trouve au fond même de l’Océan, les masses d’eau
se redressent à une hauteur formidable et se ruent sur les rivages
comme pendant les ouragans. En 1763, à l’heure où la secousse des
Calabres renversait les villes et les villages sur le continent, un terrible
raz-de-marée, après avoir balayé deux mille personnes réunies sur
la plage de Scylla, s’engouffra dans le port de Messine, y coula tous
les navires et démolit en partie la rangée de palais qui bordait le
rivage ; plus de douze mille individus périrent, dit-on, sous les ruines.
Le 7 juin 1692, lors du tremblement qui agita la Jamaïque et les mers
voisines, les vagues se précipitèrent à l’assaut de la ville de Port-Royal
et, dans l’espace de trente minutes, recouvrirent plus de deux mille
cinq cents maisons d’une couche de dix mètres d’eau ; les navires
furent jetés çà ët là dans les campagnes, et la frégate Swan vint