Mirages ; Absence de mirages
Réfractions sur eau froide.
Mars 5 6
Avril 2 11
Mai 4 15
Juin 9 4
Juillet 9 3
Août 10 5
Septembre 10 3
Octobre 10 5
De novembre à février, l’apparition du mirage est constante.
C’est surtout au printemps, alors que le réchauffement du lac est en
retard sur celui de l’air que les réfractions sur eau froide sont fréquentes.
A partir de midi ou de 14h, on voit le mirage disparaître, le lac se
creuser, la côte opposée se soulever, les objets masqués par l’horizon
émerger au-dessus du lac, les maisons, champs et forêts bas sur l’eau
s’aplatir sous l’action des réfractions d’été. Pendant les mois de, mars
à mai, ces réfractions sur eau froide m’ont apparu plus fréquentes
dans mes observations de midi que les réfractions sur eau chaude et les
mirages. M. Ch. Dufour a déjà, en 1854, parfaitement caractérisèjes
conditions d’apparition de ces deux sortes de phénomènes.
En temps de réfractions sur eau chaude, le plan de l’horizon apparent
est déprimé; en temps de réfractions sur èau froide, il est soulevé.
Quelle est la grandeur extrême de ces mouvements illusoires? Pour
l’étudier j’ai, pendant l’année 1890, suivi une méthode d’observation
très simple.
J’ai choisi un repère fixe A sur le parapet du pont inférieur de la
Morge, près de l’embouchure de la rivière, et un repère mobile B sur
le tronc d’un arbre situé dans l’intérieur des terres, à 234.5m de distance
du point A. Etabli au point B, je visais l’horizon apparent et je
cherchais le long du tronc de l’arbre la hauteur qui mettait sur la
même droite le repère A et l’horizon apparent. Etant donnée la distance
entre A et B, tout déplacement vertical de l cm de mon oeil en B
correspondait à un angle de 8.9". .
Il est inutile de dbnHÎ3Mcî\le détail des observations que j’ai faites
par ce procédé. Je me bornerai aux valeurs extrêmes :
Le 18 janvier 1891, à 12*', température de l’air — 10°(1), la dépression
de l’horizoh apparent était très forte et le point de visée en B était
| à -j- 16ni;. '
Le 12 mai 1890, à 161*, température de l’air + 23° (2), le soulèvement
de l’horizon apparent était le plus fort et le point de visée en B était
à — 80e“ .
La différence de hauteur entre ces deux valeurs extrêmes, 96cm, correspond
à 14 minutes de degré
(96 X 8.9" 854" == 14') .
Si la hauteur du. lac avait grandement varié d’une observation à
l’autrê, j’aurais dû faire intervenir une correction de ce fait. Mais il s’èst
trouvé, par hasard, que le lac était dans les deux cas tellement à la
même hauteur (à 1.5cm près) que cette correction est d’importance
nulle. .
Je puis donc admettre que, entre la dépression maximale de l'horizon
apparent par les réfractions sur eau chaude, et son soulèvement
maximal par les réfractions sur eau froide, la différence angulaire n’est
que.d’environ un quart de degré.
IV. Le mirage latéral.
Pour être complet, je dois citer ici l’observation classique faite par
Soret et J urine en 1817 (3). Elle a été admise par Biot comme un cas
authentique de^ mirage latéral, et depuis lors elle est citée par tous les
auteurs comme le seul exemple connu de ce phénomène. Vu son
importance historique, je crois devoir la reproduire intégralement en
1 accompagnant d’une copie de la figure originale de Jurine réduite au
quart (4) (fig. 166, p. 562).
« Le jeudi 17 septembre 1818, à 10*>, le ciel était nuageux, l’air légè-
: (l) Température de l’eau environ 4°. i/2..
(2) Température du lac à Genève, ce jour-là, 11.0°.
, 0 Bull. soc. philomatique, 1820, p. 28. Paris, 1820.
C*) Lette copie est plus fidèle que celle qui traine dans tous-les manuels de physique
et qui est indignement altérée. ■ '