sons où ses eaux diffèrent de celle du lac. Sans entrer dans les détails
du calcul (*) qui est d’une approximation trop peu serrée pour qu’il vaille
la peine de les donner, je me borne aux résultats généraux. J’ai trouvé
que dans les quatre mois d’été, de juin à septembre, le Rhône verse
dans le lac environ 3700 millions de mètres cubes d’eau, d’une teneur
moyenne de 110“ ? de substances dissoutes, tandis que dans les
huit mois d’hiver, d’octobre à mai, il y jette environ 1600 millions“ 5
d’eau, d’une teneur moyenne de 260ms. (f)
Si ces deux masses d’eau étaient réparties immédiatement par
mélange aux 89 milliards1113 du lac, dont la teneur générale est 175m=,
cette teneur serait modifiée légèrement et
abaissée à la fin de l’été, en septembre, à 172m? par litre
relevée à la fin de l’hiver, en mai, à 176— —
C’est dans ces limites approximatives que s’étendrait la variabilité
de la composition générale du lac, si le Rhône était le seul affluent du
Léman.
Mais les autres affluents du lac ont un régime différent de celui du
Rhône; rivières de basse montagne ou dé plaine, elles ont leurs
0) Voici les éléments du calcul ci-dessus :
S a iso n e stiv a le :
moyennes
Sa iso n h iv e rn a le :
Débit moyen Ten eu r T ra n sp o rt pro b ab le
de 1879 e t 1886. de 1892-93. p a r seco n d e.
juin 321mSsec 132ms 1 42.4^ 9sec.
juillet 414 104 : 43.0
août 407 99 40.8
septembre 282 117 33.0
356 113 39.7
octobre 123 186 22.9
novembre 81 .247 20.0
décembre 52 285 14.8 '
janvier 54 332 17:9
février 51 326 16.6
mars 60 319 19.1
avril 78 ~ 215 16.8
mai 121 180 21.8
moyennes 77 261 18.7
(2) Depuis que cette page a été composée, j’ai reçu les débits du Itliône en 1892
et 1898, calculés pa r M. l’ingénieur J. Epper, du Bureau hydrométrique fédéral,
d’après ses jaugages à Outre-Rhône. La saison estivale de 1892 a donné un débit
moyen de 304“ 8 ■«=, la saison hivernale 1892-1893 un débit de 63“ s »“ . Le résultat
général du calcul en est un peu modifié en ce sens que le débit est notablement
abaissé; mais les conclusions pour la variation du transport restent les mêmes
et les proportions relatives sont presque identiques.
grandes eaux à une autre saison que le fleuve glaciaire, qui vient des
hautes Alpes ; leur teneur en substances dissoutes varie aussi
d une manière différente de celle du Rhône du Valais. Nous en trouvons
la preuve dans la comparaison des chiffres donnés par M. Dele-
becque pour la teneur en substances dissoutes des eaux de la Drance
du Chablais et du Rhône valaisan (v. p. 594). Tandis que pour le
Rhône, la variation annuelle, dans la teneur des eaux en matières
dissoutes, est simple et présente :
un maximum d’hiver : janvier 332 ms
un minimum d’été ; . ' ". août 99
pour la Drance, la variation est plus compliquée et montre :
un maximum d’hiver : janvier 390 ms
un minimum de printemps : avril 210
un maximum d’été : août 329
un minimum d’automne : octobre 251
Pour lévRhône, comme pour la Drance, la teneur en matières
dissoutes est fonction inverse du débit ; plus l’eau est abondante, plus
la solution est diluée. Aussi bien au point de vue du débit d’eau, qu’au
point de vue de la teneur des eaux, le régime du fleuve alpin est
presque absolument inverse de celui des rivières de plaine ou de
basse montagne. Il n’y a que la saison d’hiver dans laquelle la variation
soit de même signe dans les deux cas, le débit étant au minimum
et la teneur au maximum.
Au point de vue de l’alimentation du lac, et en particulier de
l’effet sur la composition chimique de son eau, les petits affluents du
lac neutralisent en partie l’action du Rhône et diminuent certainement
de beaucoup la variation qu’il occasionne. La variation
de la composition chimiqûe de l’ensemble du lac, qui devait avoir, du
fait du Rhône, une valeur de 4m? de l’été à l’hiver, est réduite peut-
être de moitié par l’intervention des affluents directs du lac.
Où sont versées les eaux des affluents ? Quel est leur trajet avant
qu’elles soient mélangées dans la grande masse presque indéfinie du
lac ? — Pour les ‘eaux du Rhône, nous les avons vues pendant la plus
■grande partie de l’année descendre directement, en suivant le ravin
sous-lacustre du delta immergé, dans les grands fonds du lac, s’y