Acides nitrique et nitreux 0.24 à 1.61 igf
Ammoniaque 0.00 à 0.06
MM. Chuard et Seiler n’en trouvent de môme que des traces très
faibles ou nulles.
A ce point de vue encore, les eaux du Léman répondent aux conditions
des bonnes eaux alimentaires.
\ . L’eau du lac est, comme nous le verrons, habitée par une population
nombreuse, animale et végétale. Animaux, plantes, protistes s’y
développent en abondance et y vivent et, par le jeu admirablement
balancé de leurs fonctions opposées, ils travaillent efficacement à
maintenir les eaux dans un bel état de limpidité et de pureté. Sitôt
que les affluents jettent dans le lac trop de matières organiques dissoutes,
celles-ci sont assimilées par les plantes chlorophyllées et
décomposées par les microbes de la fermentation. Les poussières
organiques sont mangées par les microzoaires, les cadavres
animaux sont dévorés par les animaux, ou transformés en éléments
gazeux par les Bactéries, Vibrions et Micçocoques de la putréfaction
; l’acide carbonique est réduit par la végétation des algues, diatomées,
etc. La présence de la vie animale et végétale dans les
eaux est un élément de régularisation des proportions de matières
organiques et gazeuses dissoutes, un gagé de la pureté des eaux.
D’une autre part, on peut en quelque sorte juger de la qualité
de l’eau par le groupement des êtres qui y vivent. On-connaît les
sociétés biologiques des eaux marécageuses, des eaux putrides, des
eaux d’égout, des eaux malsaines, on connaît de même celles qui exigent
des eaux pures, vives, aérées, des eaux saines. C’est à ce dernier
groupe qu’appartiènnent les faunes et flores des grands lacs et en particulier
celles du Léman. Parmi les animaux ou plantes qui l’habitent,
bon nombre sont absolument caractéristiques des eaux de belle
qualité. Ils ne sauraient vivre dans les eaux infectées. Je citerai, par
exemple, certains poissons très délicats, les salmonidés,; entr’autres,
la Truite, l’Ombre chevalier, les Corégones et encore les crustacés,'
l’Ecrevisse, les gammarides, les entomostracés, etc., etc. Ils nous sont
une garantie de l’excellence des eaux du lac.
Il y a cependant dans la présence de ces organismes deux points à
noter, intéressant la question des eaux alimentaires :
a. On pourrait craindre de voir ces animaux et plantes pénétrer
dans les canalisations et devenir un objet de répulsion et de dégoût
s’ils arrivaient dans les carafes de verre transparent que nous posons
sur nos tables. A cette objection répond l’expérience de Genève ; quelque
nombreux que soient ces organismes lorsqu’on les étudie au
point de vue zoologique, ils ne sont pas assez fréquents, en réalité, ou
bien ils disparaissent dans les réservoirs et canaux qui les amènent
dans les maisons, assez pour que nous n’ayons jamais entendu élever
de plaintes à cet égard. Du reste, si cet inconvénient était reconnu
comme sérieux, on y remédierait facilement en établissant, comme on
l’a fait à Zurich, des. filtres qui arrêtent toutes les particules figurées
de l’eau, les poussières mortes ou vivantes qui peuvent salir les eaux
du lac. A Genève, la construction de pareils filtres n’a jamais été réclamée
par le public.
b. On peut se demander si, parmi les organismes vivant dans le lac,
il n’y aurait pas les larves ou germes de parasites de l’homme ou des
animaux. A cela, nous pouvons répondre qu’il n’y a pas une seule
espèce de vers parasites de l’homme et des animaux domestiques dont
les larves vivent librement dans l’eau des lacs de nôtre région. Une
seule espèce était suspecte à ce point de vue, le B o th r io c e p h a lu s
la tu s , le Toenia large ou inerme. Mais les découvertes de M. le professeur
Braun, de Dorpat (f), ont prouvé que la larve de ce parasite vit enkystée
dans le corps de divers poissonsetn’entre pas dans l’homme par la
voie des boissons. Les expériences directes de M. le professeur
Zschokke (2), alors à Genève, qui a étudié la transmission de ce ver
cestoïde sur lui-même et sur ses élèves, ont achevé la démonstration
en nous montrant que les poissons qui nous donnent le Bothriocéphale
sont la Perche, le Brochet, i’Omble-chevalier et surtout la Lotte. Avis
aux cuisinières qui, pour éviter à la famille l’invasion de ce parasite,
du reste fort innocent, sont invitées à faire cuire suffisamment ces
espèces de poissons.
VI. Une question plus difficile est celle des microbes ; dans ces
dernières années, elle a, à juste titre, grandement attiré l’attention du
public '; elle a fait faire des progrès immenses à l’hygiène et à la médecine,
grâce aux travaux de Pasteur en France, de R. Koch en Aile-
(x) Max Braiin. Ueber die Herkunft vop Bothriocephalus latus'. Virchow’s Archiv.,
L XXXVIII, 119,1882.
(2) Fr. Zschokke. Der Bothriocephalus latus in Genf. Gentralblatt für Bactériologie,
etc. I, 377 et 409, Téna, 1887.