mille mètres ou plus, la variation cyclique serait tellement faible dans
les grands fonds qu’elle y serait nulle ; la température y serait constamment
à 4°. La discussion de cette allégation nous entraînerait trop
loin du Léman actuel.
D. La température des couches profondes du Petit-lttc.
Nous n’avons jusqu’à présent parlé que du Grand-lac; nous avons
laissé de côté ce qui concerne le Petit-lac. Celui-ci a en effet des allures
thermiques qui le séparent complètement de. la grande masse du lac
pendant les temps froids de l’hiver; nous nous occuperons bientôt de
cette question. Mais en dehors de la saison hivernale, il se comporte
comme partie intégrante du Léman.
Nous possédons'deux séries intéressantes d’études sur cette région
du lac.
I. M. l’ingénieur Th. Turrettini, président du conseil administratif de
la ville de Genève, a eu l’obligeance de me communiquer une série
d’observations thermométriques qu’il a faites faire en 1890 et 1891 à
l’entrée de la rade de Genève, depuis la surface jusqu’au fond. 11 avait
choisi quatre ^stations distantes l’une de l’autre de 200m environ, la
plus éloignée, celle dont nous dohnerons les chiffres, à environ 2400™
de la jetée du port de Genève. Les valeurs comparables des lectures
thermométriques faites dans les qu atre stations n’ont jamais d ifféré de plus
de 1 j degré ; ce qui est une garantie du soin apporté aux observations.
Voici, p. 367, le tableau complet des observations faites à la 4e station,
devant Chambésy, en un point où le lac mesure 30m de profondeur. (*)
De cette belle série d’observations, je tire entr’àutres les faits suivants
:
i° Les recherches suivies régulièrement chaque semaine des mois
d’été montrent, mieux que nos séries isolées ou accidentellement espacées
dans le Grand-lac, le réchauffement progressif des couches supérieures
de l’eau. En laissant, pour le moment, de côté les observations
du 22 juillet et du 28 août qui représentent des cas accidentels, nous
voyons en particulier que :
a. La différence entre la couche de 10m et la surface, qui s’élève en
(’) Les mesures thermométriques étaient prises en fractions de quarts de degrés.
Pour faciliter la lecture, je les ai transformées en fractions décimales.
Dates Om lom . 20m 30m Notes météorologiques.
juillet 17 - — ; 8.0
.18 20 0 15.5 12.5 7.5
22 17.2 16.2 15.7 14.0 après 3 jours de bise.
24 17.7 12.2 7.5 6.2 2 jours après la bise.
30 20.5 15.0 11.0 9.0 petite bise.
août 1 22.0 15.5 9.7 8.7 séchard (!) assez fort.
12 19.5 14.0 12.2 8.5 légère bise.
21 20.5 18.5 14.0 9.5 calme.
28 12.2 10.0 9.0 8.0 après fort vent et pluie.
' septembre 10 16:5 15.5 15.0 11.5 après plusieurs joun de bise.
12 16.5 15.2 15.0 7.5 après 2 jours calmes.
20 17.0 15.5 14.0 10.7 calme.
30 16.7 15.5 15.0 9.5
octobre H 15.0 15.0 15.0 7.5 2 jours de bise et 3 jours calmes.
12 15.0 14.5 11.5 8.7 calme, pluie.
juillet à 4° et plus, descend à partir de la moitié d’août à 1° environ;
h. La couche de 20m est en juillet entre 7° et 12°, en septembre de
14° à 15°.
c. Une observation complémentaire du 7 octobre 1891 montre
que la couche d’eaux chaudes descend jusqu’à 25m; en voici les
chiffres :
de 0 à 20m 15.0°
tlppt; 25™ , 14.5°.
30™ '7.5°'
d. La couche de 30™ n’est pas sensiblement affectée par ce réchauffement
progressif des couches supérieures; mais sa température est
irrégulièrement variable, ce que l’on doit attribuer aux courants de convection.
2° Les sondages thermométriques du 28 août montrent d’une manière
évidente l’effet de refroidissement d’un vent sudois qui a sévi la veille.
Dans les notes de l’Observatoire à cette date on lit : « très fort vent de 16
à 19h, violent vent et très forte averse à 18h 55min, etc. » Le vent du S. W.
a balayé les couches de surface, les a chassées loin de Genève et les a fait
0) A Genève, l’on désigne pa r le terme de séchard la brise diurne que nous avons
appelée le rebat.