
 
		Si  dans  ces  observations,  faites  par  diverses  personnes,  avec  des  
 instruments divers, il peut y avoir des différences provenant de l’équation  
 personnelle  du  lecteur  ou  du  thermomètre, il n’en  est plus  ainsi  
 dans les  observations  que j’ai faites moi-même avec le même thermomètre. 
  Exemples : 
 £  17 juin 1882 15h15min Golfe  des Pierrettes ( ‘)  15.2°) 
 (  _ ■ — — 15  30 —  de Morges 13.3  j 
 i  28 juin 1882 9  00 —  de Morges 16.6  )  
 |  _ — —  1 9  20 ■—  des Pierrettes 17.4  ) 
 i — — 18  40 —  des Pierrettes 19.0  7 
 )  111 — — 19  05 —  de Morges 18.0  ) 
 Ou  encore :  Dans  la  traversée  d’Ouchy  à  Morges,  je  mesurais  la  
 température  chaque 2  ou 3 minutes  de la marche du bateau  à vapeur,  
 le 27 mai 1880  : 
 12h20min 14.0" 12i) 30min 14.00 12h40min 15.50 
 —  23 13.3 —  32 13.7 —  43 15.0 
 —  26 14.0 1 : ^ 3 5 . 15.7 ,  —  46 15.2 
 H 28 15.0 637 15.8 
 Ces  exemples,  que je pourrais  multiplier  beaucoup,  ont  été  choisis  
 dans  des jours  de grand beau,  de grand  calme; ils montrent que  d’un  
 point à l’autre,  indépendamment de toute  cause perturbatrice actuelle;  
 la température du lac peut varier de plusieurs dixièmes de degré, d e l,  
 de 2 degrés  et plus,  à quelques  centaines de mètres de  distance. D’un  
 golfe à l’autre,  dans  le même  golfe  de  place  en  place,  la  température  
 de la  surface  est notablement différente.  Cette variabilité  locale  est  la  
 plus grande  quand  la  stratification  thermique  est  la  plus  accentuée ;  
 je l’ai  cependant  constatée  en toutes saisons. 
 Il  suit  de  là  que  c’est  un  problème  fort  compliqué  que  d’évaluer  
 avec  exactitude la température pélagique  d’un lac ;  qu’il  ne  suffit  
 pas  de mesurer cette température à  un  point  donné ;  qu’il  est  nécessaire, 
   pour  arriver  à  la  précision  désirable,  de  la  mesurer  dans  une  
 infinité de points  et  d’en chercher l’intégration. On se heurte à des difficultés  
 pratiques  insurmontables.  Ce  n’est  qu’en  répétant  pendant  
 longtemps,  année  après  année, les  observations  en  un  nombre  consi(>) 
   Entre Ouchy et St-Sulpice. 
 dérable de  localités  que  l’on  peut  arriver  à  une  approximation  suffisante. 
 2°  Variations  locales  de  la température sous Vinfluence du vent. La  
 différence entre la température des  diverses  régions  du  lac  peut  être  
 grandement  exagérée  par  l’action  des  vents.  Les  courants  que  nous  
 avons  étudiés p.  278,  et que nous  avons  désignés  sous  le  nom de courants  
 de retour,  en  amenant  à la surface, vers la  côte  sur  le  vent,  les  
 eaux  des  couches  moyennes  et  profondes,  occasionnent  un  abaissement  
 local de température qui ne se  fait  pas  sentir  à  l’autre  bout  du  
 lac.  Il  est d’expérience banale dans le monde des  baigneurs  que  l’eau  
 est fortement refroidie à Genève  par  le  vent  sudois,  sur  la  rive  nord  
 du lac,  à  Morges,  à  Ouchy,  par  la  bise.  Etant  donnée  la  forme  des  
 côtes,  la variation  est beaucoup plus  accentuée  dans  le  premier  cas ;  
 à Genève, la  chute du thermomètre dans l’eau peut  atteindre 5°,  6°,  8°  
 et plus. Le  plus bel  exemple que j’en  aie  est  celui  du  24  juillet  1879,  
 dans lequel  j ’ai  trouvé  moi-même  pour  la  température  de  la  surface  
 au large  d’Ouchy  entre  18.1°  et  19.6°,  tandis  que  la  température  du  
 port de Genève, à midi,  était descendue à 9.4°. La différence la plus forte  
 a  été de 10.2°;  c’était à la suite  d’un grand  vent  sudois  qui  avait  sévi  
 pendant 4 jours. 
 3°  Variation  de  la  température  de  su r f ace p a r  l'effet  des  vagues.  
 Ce n’est  pas  seulement  l’action  du  courant  de  retour  qui  en  cas  de  
 grand  vent  modifie  la  température  superficielle.  Il  y  a  aussi  une  
 action locale due  probablement  au  mélange  de  la  couche  supérieure  
 avec les  couches  sous-jacentes. De fortes vagues abaissent rapidement  
 la température de la nappe d’eau.  J’en  donnerai  un  exemple  frappant.  
 Le 14 mai 1884, je faisais  la traversée  du  lac  d’Ouchy  à  Evian,  et  j’ai  
 constaté les variations  suivantes : 
 l l h25m  Traversée d’Ouchy-Evian, tiers lac  17.8°  Calme, ciel  gris. 
 11  40  id.  ,  moitié lac  16.3  id. 
 11  50,  -  id  tiers lac  15.9  id. 
 13 —  Fort coup  de vent  sudois. Grosses  vagues. 
 14  15  Traversée d’Evian-Ouchy, tiers  lac  12.1°  Grd  vent sudois. 
 14  30  ,   .  •  id.  moitié lac  11.9  id. 
 Le lendemain j’allai vérifier la température du  lac  au large  de  Morges  
 et je  retrouvai  encore  11.9°.  L’abaissement  de  température  avait  
 été  de 4°  environ.