une profondeur d’eau constante p rz 4m, et une hauteur de l’oeil
constante aussi, h — l m, la fraction de grossissement d’un objet situé
à différentes distances du pied de la verticale. Je suis arrivé aux chiffres
suivants pour différents angles d’inclinaison :
Angle d’inclinaison Fraction de grossissement
2o.30' 0.26
22°.30' 0.28
27o.30' 0.30
32°.30' 0.31
37o.30' 0.32
Ainsi donc plus le rayon visuel est oblique, plus il se rapproche de
la parallèle à la nappe d’eau, plus le grossissement illusoire est
important.
Cela rend compte de l’illusion étrange qui soulève le sol autour du
spectateur. Quand je navigue en bateau sur un fond horizontal, il me
semble voir le sol se relever tout autour de mon bateau ; il me semble
que je plane au-dessus d’un entonnoir.
Le fait physique de la réfraction explique donc bien une partie, la
partie principale, de l’illusion de grossissement des objets submergés.
(i) . .
2° Illusion subjective^jgliJl y a cependant, si je ne me trompe, à y
ajouter un fait d’illusion subjective tenant à une fausse appréciation de
la distance. Il me paraît que l’illusion de grossissement varie avec la
transparence de l’eau, et cela de la manière suivante :
Quandl’eau est très limpide, comme dans les beaux jours d’hiver, alors
que nous pratiquons nos pêches d’antiquités lacustres, nous ne voyons
pas l’eau interposée entre l’objet immergé et notre oeil ; nous oublions
l’existence d’un milieu différent de l’air. Et cependant cette eau est
légèrement opaline, ou poussiéreuse; les contours et les ombres des
objets submergés sont moins nets que s’ils étaient dans l’air; l’eau
intercepte une partie de la lumière comme le fait la brume de notre
(j) L ’eau de mer contenant près de 3 pour cent de chlorure de sodium, et ce sel
possédant un indice de réfraction notablement supérieur à celui de l’eau distillée
(» c : 1.575), l’illusion de grossissement des objets immergés dans la mer doit être
un peu plus forte que dans le cas d’immersion dans l’eau douce. La différence est
peu importante.
atmosphère aérienne. De même que la brume semble éloigner les mom
tagnes qui sont à l’horizon, l’objet immergé nous semble à une distance
plus grande qu’il n’est en réalité.
Or la grandeur apparente d’un objet dépendant du rapport entre la
grandeur de l’angle visuel et la distance à laquelle nous paraît l’objet,
il résulte d’une erreur en plus dans l’appréciation de la distance une
illusion de grossissement. Celle-ci s’ajoute à l’illusion que nous avons
vue provenir de la réfraction. Quand l’eau est limpide, l’illusion de
grossissement est énorme.
Au contraire, quand l’eau est peu limpide, quand un trouble apparent
nous masque presque entièrement le sol, ou bien quand l’eau est
assez profonde pour donner une teinte bleu-verdâtre aux objets reposant
sur le fond, nous v o y o n s l ’e a u , nous avons conscience
nette de l’éxistence d’un milieu interposé, nous faisons moins erreur
sur la distance qui nous sépare de l’objet que nous regardons. 11 n’y a
pas ou il n’y a que peu d’illusion subjective; il n’y a dans ce cas que
peu d’aggravation de l’illusion physique de grossissement due a la
réfraction.
Les différences dans l’intensité de l’illusion de grossissement que je
constate d’un jour à l’autre suivant la limpidité plus ou moins grande
de l’eau, doivent donc être attribuées à un fait subjectif de fausse
appréciation des distances.
Je conclus
L’illusion de grossissement d’un objet submergé varie. Elle est d’autant
plus grande :
1° Que l’eau est plus profonde ;■
2° Que l’oeil est moins élevé au-dessus de la nappe de l’eau ;
3°. Que l'objet regardé est plus éloigné de la verticale.
Ces trois faits sont dus au phénomène physique de la réfraction.
.4° Que l’eau est plus opaline tout en restant cependant assez limpide
pour n’être pas perçue comme un milieu interposé!
Ce dernier fait cause une illusion subjective par fausse appréciation
de la distance.
L’illusion de grossissement d’un objet immergé peut s’élever à un
tiers et plus de la grandeur réelle de l’objet.