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VOYAGE
d’aller mouiller à Paroa et non à Kidi-Kidi. 11 déteste
les habitans de celle tribu, Waï-Kato seul excepté, qui
est son ami particulier. Il m’a raconté en outre que
Shongui étant allé attaquer ceux de Wangaroa avait
reçu une balle qui lui avait traversé la gorge, et qu’il
venait de succomber aux suites de cette blessure. J ’ajoute
peu de foi à cette nouvelle, qui aurait dû être connue
des habitans du Shouraki, et surtout de Rangui-
Touke et de ses compagnons, alliés de Shongui. Mon
hôte m’apprit en outre quele chef de Wangaroa se nommait
Pere, et que la boule seule [ward) avait pu empêcher
Shongui-Kepa de venir aujourd’hui me rendre
visite à bord.
Nous sommes encore restés en calme toute la n u it,
de sorte qu’à neuf heures du matin nous nous retrouvons
presque au même point que le 7 à midi, à
huit milles au S. E. de Moudi-Motou. Ces circonstances
m’empêchent d’accoster la plage de Sandy-Bay
et de me présenter à l’entrée des baies de Nanga-Ounou
et Oudoudou, comme je le projetais. Ce serait une
manoeuvre imprudente avec des vents qui ne permettent
point de gouverner, et dans des parages comme
ceux-ci, où les plus furieuses tempêtes succèdent
presque instantanément au temps le plus beau en apparence.
Une pirogue, montée par huit à dix naturels, accosta
la corvette. Ils apportaient six beaux cochons
qu’ils échangèrent avec joie pour un mousqueton. Les
provisions acquises à si bon compte vers le cap Waï-
Apou étaient épuisées depuis quelques jours, et ce
renfort de vivres frais pour l’équipage eut à nos yeux
un grand prix, car je prévoyais déjà qu’à la baie des
Iles nous trouverions peu de ressources en ce genre.
Les insulaires qui nous ont visités aujourd’hui sont
aussi laids , aussi malpropres que ceux que nous
vîmes il y a deuxjours. Sous prétexte d’aller prendre
des cochons et des patates à terre, pour revenir nous
les vendre, notre ami Pako me demanda la permission
de descendre avec ses compatriotes. Je ne pouvais
la lui refuser, mais je soupçonnai fort q u e , déjà
ennuyé de la lenteur de notre navigation, il était bien
aise de saisir cette occasion pour retourner chez lui.
Nous trouvâmes quatre-vingt-dix et soixante-
quinze brasses, sable vasard, à trois heures et demie
et à six heures du soir. Lors de cette dernière sonde,
nous n’étions qu’à six milles au nord des petites îles
voisines de la pointe Kari-Kari (pointe Knuckle de
Cook ) qui forme la partie orientale de la baie N anga-
Ounou. Cette baie s’enfonce considérablement au sud
où elle est terminée par des terres peu élevées , et
formerait un bassin excellent, si la mer du Nord n’y
entrait directement.
Comme si les vents étaient conjurés contre notre
navigation , ils continuent de rester très-mous et variables
de l’E. S. E. à l’E. N. E., c’est-à-dire dans
une direction diamétralement opposée à la roule que
nous avons à faire. Nous sommes donc réduits à courir
des bordées devant la pointe Kari-Kari. Le soir,
nous avons viré à une lieue de terre environ ; vers
neuf heures, il y eut un souffle de vent du nord, dont
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Mars.
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