
 
        
         
		dall  seul, plus éclairé que la plupart de ses collègues,  
 eût  pu se  livrer à ce genre de recherches; mais il était  
 circonvenu par l’idée fixe de trouver dans les opinions  
 religieuses des Nouveaux-Zélandais une analogie constante  
 avec les dogmes  judaïques; c’était dans  l’Ancien  
 Testament  qu’il  allait  chercher  l’origine  des  coutumes  
 ,  des emblèmes  et même  des  expressions  mystiques  
 des Nouveaux-Zélandais. On sent combien une  
 pareille  disposition devait nuire aux  recherches de ce  
 missionnaire.  Sans  doute  il  parvenait  quelquefois  à  
 des  rapprochemens  surprenans,  à  des  allusions  singulières  
 ; mais  on  sait  à  quels  écarts  peut  se  porter  
 une imagination préoccupée sans cesse d’une idée systématique. 
  D’ailleurs M. Kendall a quitté depuis longtemps  
 ces contrées,  il lui  a  donc fallu  renoncer à  ces  
 observations. Aujourd’hui  MM.  H.  et  W . Williams  
 seraient  seuls  capables  de  les  poursuivre  avec  quelque  
 succès ; mais  cette étude entrera-t-elle  dans  leurs  
 vues et dans leurs idées ? C’est  ce  dont  je  doute très-  
 fort. 
 En  attendant  qu’un  observateur  aussi  judicieux  
 qu’assidu  veuille se donner la peine  d’étudier  sur les  
 lieux même cette matière à fond, nous allons offrir au  
 lecteur  tout  ce que  nous  avons pu  recueillir  de  plus  
 complet et de plus positif  sur ce  sujet dans  les  divers  
 voyageurs,  dans  nos  entretiens  avec  les  missionnaires  
 ,  enfin dans nos propres  communications  avec  
 les Zélandais. Le  tableau  que  nous  allons  présenter  
 aura  du  moins  le mérite  de  mettre  sur  la  voie  et de  
 fixer  sur ce  chapitre  intéressant  l’attention  de  ceux 
 qui  nous  suivront  dans  ces  parages,  avec  plus  de  
 moyens pour atteindre  le but  de leurs recherches. 
 Les  Nouveaux-Zélandais  donnent  à  leurs  dieux le  Alouas.  
 nom  générique  (YAtoua  ' ,   et  quelques  savans  ont  
 cru trouver l’origine  de ce mot dans celui de Dewa 2,  
 qui exprime  aussi  le  nom  de  dieu  dans  le  sanscrit,  
 d’où il  a passé  dans le malais. 
 Il m’est impossible  de  donner  une  idée  précise de  
 ce  qu’ils entendent  par  atoua,  ni  de  leur théogonie. 
 Suivant MM. Marsden et Kendall,  leur religion serait  
 purement  métaphysique,  et  ils  ne  reconnaîtraient  
 qu’un  seul  dieu  tout-puissant 3,  éternel,  immatériel  
 et présidant k la conservation du monde  en général 4,  
 à peu pi’ès  tel  que le Jupiter des Grecs.  Mais  comme  
 cette  divinité  suprême  resterait  en  quelque  sorte  
 étrangère aux destinées particulières des diverses parties  
 de  l’univers  et à celles  des  hommes,  ils reconnaîtraient  
 en  outre  une  foule  d’autres  divinités  subalternes  
 chargées de présider aux élémens, aux diverses  
 localités et à  toutes sortes de fonctions spéciales  3. 
 A travers toutes  ces  ténèbres,  j’ai  cru  démêler en  
 eux l’idée d’un dieu supérieur à tous les autres, unique  
 et  essentiellement  spirituel 6..Ensuite  les autres  divinités  
 seraient à peu près,  à  leurs  yeux,  ce  que  sont  
 les bons  et  les  mauvais anges  pour les  chrétiens,  ce 
 I  Crozet,  d ü r v . ,   I I I ,  p.  6 8 .—   2  Nicholas,  I I ,   p.  288.  •—   3  Nicholas,  
 d ü r v . ,   I I I ,  p.  5 8 o.  Cruise,  dÜ rv -,  I I I ,  p.  660.  —   4  TurnhuU,  d Ü r v ., 
 I I I ,  p.  98.  Blosseville,  dÜ rv   ,  III,  p.  698.  —   5  Cook,  deux.  V o y .,   V^  
 p.  283.  Forster,  d Ü r v .,  I I I ,  p.  21 .  Nicholas,  d Ü r v .,  I II,  p.  5 8 i ,   — 
 6  Cook,  prem.  V o y .,  I I I ,  p.  296.