rencontre de belles forêts dont les arbres conservent
leur feuillage pendant l’hiver, et plusieurs de ces arbres
offrent d’excellens bois de construction. Les
collines dépourvues de bois sont en général tapissées
par la fougère comestible, Pteris esculenta, dont les
tiges rameuses et entrecroisées forment des fourrés
de quatre ou cinq pieds de haut presque impénétrables.
Ces localités sont d’une monotonie désolante
pour le botaniste; mais s’il dirige ses pas sur les bords
de la mer, sur les rives des toi-rens , dans les ravins
humides, surtout dans les forêts ombragées par de
grands arbres, ses récoltes deviennent plus abondantes
, et bon nombre de plantes encore peu connues
viennent s’offrir à ses regards. Dans le tableau rapide
que nous nous proposons de tracer de la végétation
de cette contrée, nous allons prendre pour base le
beau travail que M. Achille Richard vient de terminer
sur cette matière :
Forster, le seul naturaliste qui eût jusqu’à ce jour
essayé de tracer le tableau de la végétation de la
Nouvelle-Zélande, ne mentionna que 17 4 espèces de
plantes propres à ces îles, dont une vingtaine étaient
des Cryptogames appartenant seulement aux familles
des Fougères et des Lycopodes. Agardh décrivit
plus tard diverses Algues rapportées par Banks, et
le professeur Hooker a récemment décrit une foule
de Cryptogames recueillies par Menzies, médecin et
botaniste de l’expédition du capitaine Vancouver.
M. Richard, dans son Essai, a réuni à ces divers
documens toutes les plantes nouvelles rapportées par
l’Astrolabe, et il en résulte aujourd’hui pour la
Nouvelle-Zélande une Flore de 380 espèces , dont
211 sont des Phanérogames.
Sans doute plus d’un botaniste sera étonné au premier
abord de voir qu’une terre située par la latitude
la plus tempérée, et dont la surface est au moins égale
à celle de l’Italie en y joignant la Sicile, n’ait offert
aux recherches des voyageurs qu’un nombre d’espèces
aussi borné, tandis que de petites îles en Europe
en présentent souvent un nombre double ou
même triple. Cet étonnement augmentera quand on
apprendra que la Nouvelle-Zélande, loin d’être une
terre aride et stérile, offre le plus souvent un sol fécond
et bien arrosé, et qu’il est généralement tapissé
d’une riche et brillante verdure. Mais il faut regarder
comme un fait à peu près constant q u e , dans les
Flores locales, les nombres des espèces ne suivent
point précisément les rapports des surfaces du sol,
mais qu’ils sont bien plutôt en raison inverse des distances
des localités aux trois grands continens de
l’Ancien-Monde, du Nouveau et de l’Australie. Ce
n’est que lorsque cette distance devient peu considérable
que l’influence des surfaces du sol peut agir
plus directement sur le chiffre des espèces, qu’on
peut appeler l’exposant de la Flore.
Les îles de France et de Bourbon , dans la mer des
Indes, nous paraissent être les seules qui sortent de
cette règle générale, attendu que les exposans de
leurs Flores sont infiniment plus élevés que ne sera