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1827.
Mars.
Comme je témoignai à Wetoï l’envie de connaître
l’histoire de cette tc le , il me raconta qu’elle avait ap-
liartenu à un i-angatira jinissant des bords du Waï-
Tamata, nommé Hou, qu’il avait lui-même tué un mois
auparavant. Ce Hou était le père du noble et fameux
guerrier In ak i, dont plusieurs Anglais m’avaient
|)arlé avec éloges, et qui périt si malheureusement
quelques années auparavant sous les coups du féroce
Shongui. Dans les orbites des yeux , et au lieu de la
résine que les naturels employaient jadis, ils avaient
coulé de la cire rouge qu’ils s’étaient procurée par les
Européens, et dont ils font un grand cas, tant à cause
de sa facile liquéfaction, que de son poli, de sa belle
couleur et de son odeur. J ’ai rapporté cette tête en
France, et selon mon projet j ’en ai fait hommage au
musée de Caen où elle se trouve aujourd’hui ; mais
l’humidité qu’elle a si souvent éprouvée à bord l’a
beaucoup dégradée. Dans cet état elle ne peut donc
donner qu’un faible exemple des étonnans résultats
qu’obtiennent les Kouveaux-Zélandais dans les préparations
qu’ils emploient pour conserver les dernières
dépouilles de leurs chefs.
Un moment après , Wetoï me présenta le frère de
Pak o , jeune homme de bonne mine, alors en visite à
Korora-Reka; il fut enchanté d’apprendre que son
frère était venu à bord, et surtout que j’eusse été
content de lui. Une autre connaissance que je fus plus
flatté de faire, fut celle du fils de Moudi-Panga, qui
me fut aussi présenté par Wetoï. Moudi-Panga était
ce sage et belliqueux chef de Kaï-Para, que les récits
de M. Marsden avaient représenté sous des couleurs
si intéi'essantes, et qui sut résister si long-temps avec
honneur aux armes meurtrières de Shongui et de
ses compagnons. C’était ce guerrier célèbre et malheureux
dont l’histoire m’avait suggéré la première idée
d’un petit ouvrage d’imagination sur les Nouveaux-
Zélandais , et dont quelques traits m’avaient servi de
cadre pour le caractère de mon héros. Dans un combat
livré trois ans auparavant, il avait succombé sous
les coups de Tepouna, cbef de Rangui-Hou. Quand je
témoignai à Wetoï mon étonnement de voir le fils de
Moudi-Panga au milieu des habitans de la baie des
Ile s, et pour ainsi dire à la merci de ses plus cruels
ennemis, je lui demandai si c’était à titre d’esclave. Il
repoussa vivement ce soupçon, comme injurieux à sa
réputation, et répliqua que ce jeune rangatira vivait à
Mata-Ouwi chez lui sous le double titre de parent et
d’ami. Suivant les lois de la guerre, le père avait dû
succomber sous les coups de Tepouna, mais la vie et la
liberté du fils n’en étaient pas moins à l’abri de toute
atteinte dans la baie des Iles. Quoi qu’il en soit, ce
jeune chef dont l’aspect annonçait une trentaine d’années,
offrait l’extérieur le plus agréable, une figure à
la fois douce, grave et spirituelle. Autant qu’il est
possible de juger du moral par le physique et surtout
par les manières, il est très-probable qu’avec des soins
et de l’éducation on eût pu faire de ce jeune homme
un sujet distingué, car tout en lui annonçait d’heureuses
dispositions et une véritable intelligence. Au
nom de son père, je lui fis quelques présens qu’il
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