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 Février. 
 Le  rivage,  eu général haul  el monlueux depuis la  
 baie  Houa-Houa,  au-delà  de  celle  de  Toko-Malou  
 s’abaisse et vient tomber à la mer en pente plus douce.  
 La contrée environnante présente à l’oeil du navigateur  
 de rians bocages,  de jolies vallées et deux ou trois pas  
 considérables.  Un  d’eux surtout situé au milieu  d’un  
 espace dégagé d’arbres  à  une liene environ de la mer,  
 par sa teinte blanchâtre, par ses cases alignées et disposées  
 en amphithéâtre, me rappelait assez bien les petites  
 villesdel’archipel grec. C e  rapprochement involontaire  
 du  berceau  de  la  haute  civilisation  européenne  avec  
 ces  plages  sauvages voisines  de  nos antipodes,  faisait  
 naître en moi une foule de réflexions  sur les destinées  
 des  peuples  et  sur  les  causes imprévues  qui  peuvent  
 tout-à-coup les faire sortir  du  néant pour jouer à leur  
 tour un rôle brillant sur la scène du monde. Je me rappelais  
 les Gaulois,  brigands  si méprisés par les Grecs  
 policés ;  les  Bretons,  sorte  de  sauvages  dont  Rome  
 dédaigna  la  conquête  aux temps  les  plus  brillans  de  
 son empire. Vingt siècles ont  suffi pour  les  élever au  
 premier  rang des  nations.  Les uns viennent  de  faire  
 trembler l’Europe  au bruit de leurs  armes,  et les  autres  
 aujourd’hui  dominent  le  monde  entier  par  l’influence  
 de leurs richesses et la toute-puissance de leurs  
 vaisseaux.  Plus récemment encore,  les Russes dont le  
 nom était  à peine connu il y a moins de  deux  siècles,  
 sortis comme par miracle  de l’obscurité où ils  étaient  
 plongés,  ne forment-ils pas déjà une  puissance formidable? 
   Et les Américains  du  nord ,  heureux et  fiers  
 affranchis  d’Albion,  dont  l’existence  comme  nation 
 date à peine d’un demi-siècle ;  pour peu  qu’ils conservent  
 leur simplicité,  leur sagesse et leur hidustrie,  ne  
 les  verra-t-on  pas  sous  peu  de  temps  disputer  aux  
 Anglais l’empire des mers !.... 
 Si,  comme  tout  porte  à  le  croire,  l’Australie  est  
 destinée  à  devenir  le  siège  d’un  grand empire,  il est  
 impossible que la N ouvelle-Zélande  ne  suive  pas  son  
 impulsion,  et  ses  enfans,  civilisés  et  confondus avec  
 la  postérité  de  l’Angleterre,  deviendront  eux-mêmes  
 un  peuple  puissant  et  redoutable.  Tout  semble  leur  
 présager particulièrement de hautes destinées sur mer.  
 Comme la Grande-Bretagne,  la Nouvelle-Zélande environnée  
 de toutes parts des eaux de l’Océan, et pourvue  
 d’excellens p o its ,  possède en outre des forêts  capables  
 de produire les plus beaux bois de mâture et de  
 construction,  un végétal dont la fibre est propre à fabriquer  
 les meilleurs cordages ,  et un sol  susceptible  
 de se prêter à toutes les cultures des climats tempérés.  
 11 n’est donc pas douteux que ses  habitans ne  fassent  
 des  progrès  très-rapides vers  la  civilisation,  dès que  
 les Européens ou les Australiens voudront s’en donner  
 sérieusement la peine, ou dès qu’il s’élèvera parmi eux  
 un génie supérieur qui puisse devenir le législateur de  
 ses concitoyens et les réunir en un corps de nation. 
 Alors  ces  côtes  désertes ou  peuplées  seulement de  
 quelques pas isolés présenteront des cités florissantes;  
 ces baies silencieuses ou traversées de temps en temps  
 par  de  frêles  pirogues ,  seront  sillonnées par des navires  
 de  tous  les rangs.  Et  dans  quelques  siècles,  si  
 la  presse  n’était pas  là  désormais  pour  constater par