1827.
Février.
Le rivage, eu général haul el monlueux depuis la
baie Houa-Houa, au-delà de celle de Toko-Malou
s’abaisse et vient tomber à la mer en pente plus douce.
La contrée environnante présente à l’oeil du navigateur
de rians bocages, de jolies vallées et deux ou trois pas
considérables. Un d’eux surtout situé au milieu d’un
espace dégagé d’arbres à une liene environ de la mer,
par sa teinte blanchâtre, par ses cases alignées et disposées
en amphithéâtre, me rappelait assez bien les petites
villesdel’archipel grec. C e rapprochement involontaire
du berceau de la haute civilisation européenne avec
ces plages sauvages voisines de nos antipodes, faisait
naître en moi une foule de réflexions sur les destinées
des peuples et sur les causes imprévues qui peuvent
tout-à-coup les faire sortir du néant pour jouer à leur
tour un rôle brillant sur la scène du monde. Je me rappelais
les Gaulois, brigands si méprisés par les Grecs
policés ; les Bretons, sorte de sauvages dont Rome
dédaigna la conquête aux temps les plus brillans de
son empire. Vingt siècles ont suffi pour les élever au
premier rang des nations. Les uns viennent de faire
trembler l’Europe au bruit de leurs armes, et les autres
aujourd’hui dominent le monde entier par l’influence
de leurs richesses et la toute-puissance de leurs
vaisseaux. Plus récemment encore, les Russes dont le
nom était à peine connu il y a moins de deux siècles,
sortis comme par miracle de l’obscurité où ils étaient
plongés, ne forment-ils pas déjà une puissance formidable?
Et les Américains du nord , heureux et fiers
affranchis d’Albion, dont l’existence comme nation
date à peine d’un demi-siècle ; pour peu qu’ils conservent
leur simplicité, leur sagesse et leur hidustrie, ne
les verra-t-on pas sous peu de temps disputer aux
Anglais l’empire des mers !....
Si, comme tout porte à le croire, l’Australie est
destinée à devenir le siège d’un grand empire, il est
impossible que la N ouvelle-Zélande ne suive pas son
impulsion, et ses enfans, civilisés et confondus avec
la postérité de l’Angleterre, deviendront eux-mêmes
un peuple puissant et redoutable. Tout semble leur
présager particulièrement de hautes destinées sur mer.
Comme la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande environnée
de toutes parts des eaux de l’Océan, et pourvue
d’excellens p o its , possède en outre des forêts capables
de produire les plus beaux bois de mâture et de
construction, un végétal dont la fibre est propre à fabriquer
les meilleurs cordages , et un sol susceptible
de se prêter à toutes les cultures des climats tempérés.
11 n’est donc pas douteux que ses habitans ne fassent
des progrès très-rapides vers la civilisation, dès que
les Européens ou les Australiens voudront s’en donner
sérieusement la peine, ou dès qu’il s’élèvera parmi eux
un génie supérieur qui puisse devenir le législateur de
ses concitoyens et les réunir en un corps de nation.
Alors ces côtes désertes ou peuplées seulement de
quelques pas isolés présenteront des cités florissantes;
ces baies silencieuses ou traversées de temps en temps
par de frêles pirogues , seront sillonnées par des navires
de tous les rangs. Et dans quelques siècles, si
la presse n’était pas là désormais pour constater par