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 1827. 
 Février. 
 Pl.  X L V   et  
 X L V I . 
 décidai  à mettre  à  profit  ce  contre-temps  pour  faire  
 une petite station  à Tolaga. A sept heures trente  minutes  
 ,  nous  gouvernâmes  vers  la  baie,  et  à  onze  
 heures  l’Astrolabe  laissa  tomber l’ancre précisément  
 au même point où /’A'wc/eariiMr mouilla cinquante-cinq  
 ans auparavant. 
 Les  naturels  étaient  venus  au-devant  de  nous  de  
 bonne heure, mais je ne permis qu’à un petit nombre  
 de monter  à bord.  Arrivés au mouillage,  nous fûmes  
 bientôt environnés de pirogues pleines d’insulaires qui  
 vinrent commercer  avec  l’équipage.  Quoique  turbu-  
 lens  et bruyans  dans  leurs  marchés,  ils  montrèrent  
 beaucoup  de  bonne  foi,  et nous ne  pûmes  que  nous  
 féliciter des conditions  de nos échanges. Le prix  courant  
 d’un  gros  cochon  était  une  grande  hache ;  une  
 petite  hache  valait  un  jeune  pourceau.  Pour  de  
 méchans couteaux, des hameçons et autres bagatelles,  
 nous obtînmes des pommes  de terre à profusion.  On  
 peutjuger quelle ample provision de vivres frais nous  
 fîmes pour l’équipage et nos tables. 
 Sur-le-champ j’expédiai MM.  Jacquinot et Lottin à  
 l’anse de l’Aiguade de Cook, pour observer la latitude  
 et  la  longitude.  A  une  heure,  M.  Pâris  partit  pour  
 sonder  les  acores  de  la  passe.  Les  naturalistes  et  le  
 peintre descendirent aussi à terre pour vaquer à leurs  
 travaux.  Pour  moi,  je   restai  à  bord  avec  les  autres  
 officiers pour surveiller les mouvemens des naturels ,  
 précaution que je jugeai plus nécessaire ici que partout  
 ailleurs,  tant  à  cause  de  leur  nombre  que  de  leur  
 force phvsique et de leurs dispositions turbulentes. 
 m 
 volubilité  extraordinaire,  que  Shaki  son  patron. 
 1827. 
 Février. 
 Déjà  peu  s’en était  fallu  que je  ne  me  fusse  attiré  
 l’animosité d’un de ces redoutables sauvages, el c’était  
 ce  que je voulais éviter à tout prix,  suitout à cause deS  
 pei'sonnes  que  la  nature  de  leurs  travaux  obligeait  
 d’aller  à  terre.  Ainsi  que je  l’ai  déjà  d it,  tant  que  
 nous  étions  sous  voiles,  j ’avais  repoussé  toutes  les  
 pirogues  qui  s’approchaient  du  navire,  et  n’avais  
 permis qu’au seul Waï-Hetouma, qui se disait premier  
 rangatira  de  l’endroit,  de  monter  à  bord,  avec  un  
 autre naturel  qu’il m’avait présenté  comme un de ses  
 proches  parens.  Il est bon de remarquer que ce chef,  
 qui paraissait avoir reçu tous ses insignes à en juger par  
 le tatouage complet de sa figure,  était un homme paisible, 
   doux  el  fort  honnête,  et  qu’il  avait  applaudi  à  
 ma résolution  de ne  laisser monter  à  bord  personne  
 autre que lui-même et son compagnon. La plupart  de  
 ceux qui  se présentèrent  obtempérèrent de suite à la  
 défense qui leur fut faite, bien qu’avec une répugnance  
 visible ; mais il en vint un qui ne voulut point obéir à la  
 sentinelle et ne céda qu’en frémissant de rage à l’ordre  
 péremptoire  que  je  lui  intimai  moi-même;  il  me  fut  
 même  aisé de  voir  que  de  sa pirogue  il  proférait  des  
 menaces contre moi. A sa haute taille,  à son maintien  ri. lui  
 altier,  et  à  l’air  de  soumission  de  ceux  qui  l’entouraient, 
   je  me  doutai  que  c’était  un  chef.  En  outre,  
 une fille de sa pirogue qui parlait un anglais coiTompu  
 mêlé de  zélandais, ne  cessait de me répéter,  avec une 
 Nous empruntons  des  Anglais  la  forme  sh  pour  représenter  i c i ,  et  dans  
 TOME  II .  7 
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