1827,
Mars.
VI XLI.
Korora-Reka, et à trois heures et demie nous déposâmes
M. Williams chez lui.
Afin d’employer avec fruit le reste de la journée,
je me dirigeai sur-le-champ vers le village de Korora-
Reka queje désirais visiter. La vue de quelques cases,
garnies de cheminées, élevées par les mains des marins
ou des ouvriers qui ont résidé en cet endroit, annonce
au navigateur les premiers effets de la civilisation
européenne. En parcourant ce hameau, on ne
larde pas à s’apercevoir que les fréquens rapports des
fialurels avec les étrangers ont déjà modifié leur
croyance; ils sont devenus plus tolérans, et commencent
même à secouer une partie de leurs superstitieuses
pratiques.
Presque tous les hommes de la tribu de Korora-
Reka étaient partis pour la g uerre, et plusieurs des
maisons qui sont agréablement situées le long de la
plage, étaient complètement désertes. Il me prit envie
de revoirie village de Mata-Ouwi, où commandait
naguère le redoutable Pomare, où j ’avais reçu trois
ans auparavant l’hospitalité de M. Kendall.
Comme ce village est à peine distant de trois à
quatre cents toises de celui de Korora-Reka, nous y
fûmes bientôt rendus, et je fus frappé du nouvel aspect
quil m offrait. En 1824, ses cases étaient éparses,
suivant l’ancienne coutume, sur l’arête d’un coteau
voisin qui s avance en forme de promontoire dans
les eaux de la baie. Effrayés sans doute par les troubles
qui venaient d’avoir lieu dans toute cette partie de
la Nouvelle-Zélande, et voulant se maintenir en état
1827.
Mars.
de défense contre une attaque imprévue, les habitans
de Mata-Ouwi avaient groupé leurs nouvelles
cabanes au pied du coteau, sur le bord même de la
mer, et les avaient environnées de palissades élevées,
et de distance en distance fortifiées par des pieux très-
solides.
Une troupe armée vint nous recevoir à la porte du
pà et nous conduisit vers l’habitation du chef. Wetoï,
revêtu de ses plus beaux habits, nous reçut avec gravité,
assis à la porte de la cabane, son fusil à deux
coups près de lui. A ses côtés se tenaient sa femme
Ehana, le frère de Pako, le fils de Moudi-Panga et
ses principaux cliens. Il m’apprit que le vent l’avait
contrarié dans ses projets, et que son départ était
remis au lendemain. Je me plus à examiner quelque
temps le jeune Heikaï, fils aîné de Pomare, à peine
âgé de dix-huit an s, doué par la nature de la plus intéressante
figure ; aucun tatouage n ’avait encore altéré
l’harmonie de ses traits. Dans son maintien, comme
dans ses expressions, rien ne trahissait encore ce
caractère farouche, ce courage sanguinaire qui peuvent
seuls lui obtenir la considération de ses compatriotes.
Sa case, et celle de Wetoï, ornées l’une et l’autre de p i . l x v .
figures sculptées en bois et de bas-reliefs d’un goût
très-bizarre et de formes curieuses, attirèrent aussi
mon attention, et je les fis dessiner dans le plus grand
détail par le jeune Lauvergne.
On me montra à cent pas du village la maisonnette
d’un capilaine baleinier nommé Brimm qui a épousé
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