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 Mars. 
 VI   XLI. 
 Korora-Reka,  et à trois  heures  et  demie  nous  déposâmes  
 M. Williams chez lui. 
 Afin  d’employer avec  fruit  le reste  de  la journée,  
 je me  dirigeai sur-le-champ vers le village de  Korora-  
 Reka queje désirais visiter. La vue de quelques cases,  
 garnies de cheminées, élevées par les mains des marins  
 ou  des  ouvriers  qui  ont  résidé  en  cet  endroit,  annonce  
 au navigateur  les  premiers  effets  de  la  civilisation  
 européenne.  En  parcourant  ce  hameau,  on  ne  
 larde  pas  à s’apercevoir que les fréquens rapports des  
 fialurels  avec  les  étrangers  ont  déjà  modifié  leur  
 croyance;  ils sont devenus plus tolérans, et commencent  
 même  à  secouer  une  partie  de  leurs  superstitieuses  
 pratiques. 
 Presque  tous  les  hommes  de  la  tribu  de Korora-  
 Reka  étaient partis  pour la  g uerre,  et plusieurs  des  
 maisons  qui  sont  agréablement  situées  le  long  de  la  
 plage, étaient complètement désertes. Il me prit envie  
 de  revoirie  village  de  Mata-Ouwi,  où  commandait  
 naguère  le  redoutable  Pomare,  où j ’avais  reçu  trois  
 ans auparavant l’hospitalité de M. Kendall. 
 Comme  ce  village  est  à  peine  distant  de  trois  à  
 quatre  cents  toises de  celui  de Korora-Reka,  nous y  
 fûmes bientôt rendus, et je fus frappé du nouvel aspect  
 quil  m offrait.  En  1824,  ses  cases  étaient  éparses,  
 suivant  l’ancienne  coutume,  sur  l’arête  d’un  coteau  
 voisin  qui  s avance  en  forme  de  promontoire  dans  
 les  eaux  de  la baie.  Effrayés  sans  doute par les  troubles  
 qui venaient d’avoir lieu dans toute cette partie de  
 la Nouvelle-Zélande,  et  voulant  se maintenir en  état 
 1827. 
 Mars. 
 de  défense  contre  une  attaque  imprévue,  les  habitans  
 de  Mata-Ouwi  avaient  groupé  leurs  nouvelles  
 cabanes  au  pied du  coteau,  sur  le  bord  même  de  la  
 mer,  et les  avaient environnées de palissades élevées,  
 et de distance en distance fortifiées par des pieux  très-  
 solides. 
 Une troupe  armée vint nous recevoir à  la porte du  
 pà et nous conduisit vers  l’habitation du  chef. Wetoï,  
 revêtu de ses plus beaux habits,  nous reçut avec  gravité, 
   assis  à  la  porte  de  la  cabane,  son  fusil  à  deux  
 coups  près  de  lui.  A  ses  côtés  se  tenaient  sa femme  
 Ehana,  le  frère de  Pako,  le  fils  de  Moudi-Panga  et  
 ses  principaux  cliens.  Il  m’apprit  que  le vent  l’avait  
 contrarié  dans  ses  projets,  et  que  son  départ  était  
 remis  au  lendemain.  Je me  plus  à  examiner  quelque  
 temps  le jeune  Heikaï,  fils  aîné  de  Pomare,  à  peine  
 âgé de dix-huit an s,  doué par la nature de la plus  intéressante  
 figure ; aucun tatouage n ’avait encore altéré  
 l’harmonie  de ses  traits.  Dans  son maintien,  comme  
 dans  ses  expressions,  rien  ne  trahissait  encore  ce  
 caractère farouche,  ce  courage  sanguinaire  qui  peuvent  
 seuls  lui  obtenir  la  considération  de ses compatriotes. 
 Sa case, et celle de Wetoï, ornées l’une et l’autre de  p i .  l x v .  
 figures  sculptées  en  bois  et  de  bas-reliefs  d’un  goût  
 très-bizarre  et  de  formes  curieuses,  attirèrent  aussi  
 mon attention,  et je les fis dessiner dans le plus grand  
 détail par le jeune Lauvergne. 
 On me montra à cent pas du village la maisonnette  
 d’un  capilaine  baleinier  nommé Brimm  qui  a  épousé 
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