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 du sol.  Les penchans belliqueux  de  ces insulaires  
 leur  donnent de  l’éloignement  pour  les  paisibles travaux  
 de  l’agriculture.  En  outre, ils redoutent les  irruptions  
 de leurs  voisins  qui se réuniraient  pour  les  
 dépouiller,  s’ils étaient  tentés  par  le pillage  d’une récolte  
 abondante. Cette considération  sera  long-temps  
 un obstacle à leurs progrès;  c’était  ce motif que m’alléguait  
 Touai,  toutes  les  fois  q u e je   lui  reprochais  
 d’avoir aussi peu  de  champs de patates et de pommes  
 de terre. 
 Outre la patate douce, les naturels cultivaient aussi  
 primitivement le taro, et les courges qu’ils mangeaient  
 tant qu’elles étaient  tendres,  et dont ils  fabriquaient  
 la  plupart  de  leurs  vases  '.  Toutes  ces  productions  
 étaient rares sur l’île méridionale 2. 
 Quelquefois  encore ,  ils  cultivaient  le phormium  
 lenax 3, en prenant des rejetons et  les plantant trois à  
 trois  à  certaine  distance  les  uns  des  autres  dans  les  
 terrains marécageux 4,  à peu  près comme l’on cultive  
 les  cannes  à sucre dans  les  colonies. Mais  ils  se donnaient  
 rarement  cette  peine,  attendu  qu’ils  aimaient  
 mieux  se  contenter  des  plantes  de  cette  espèce  qui  
 croissaient naturellement.  • 
 D’après ce que nous venons de dire des cultures de  
 la Nouvelle-Zélande,  on voit que ces insulaires avaient 
 une idée très-positive  du droit  de propriété.  En  effet  
 chaque tribu , chaque famille  connaît parfaitement les  
 limites  de  son  territoire ,  et  ceux  qui  voudraient  y  
 porter  atteinte  seraient  exposés  au  ressentiment des  
 propriétaires  '. 
 Tous  les navigateurs  ont successivement admiré le  
 travail et les dimensions immenses  des filets employés  
 par  ces  sauvages. Eu  effet,  plusieurs de ces filets  atteignent  
 jusqu’à  trois  ou quatre cents brasses de longueur, 
   sur  quinze  ou  vingt  pieds  de  largeur  2.  Us  
 remplacent le  liège  par  de petits morceaux d’un bois  
 blanc  fort léger,  et  le  plomb  par  de  petits  cailloux  
 très-lourds 3.  Les  filets  les  plus  précieux  sont  en  
 chanvre de phormium 4, mais ils en ont  aussi en jonc  
 pour  des  pêches  d’une nature particulière,  et  ils  se  
 servent très-adroitement des uns et des autres. 
 Avec  l’écorce  de  l’arbre  mangui-mangui,  ils  fabriquent  
 des  espèces  de  paniers  ou filets circulaires  
 semblables  à nos  verveux,  et qui  sont  employés particulièrement  
 pour pêcher sur  le  lac Maupere 5. 
 Des rangées de piquets plantés dans l’eau indiquent  
 les  limites  respectives des  espaces où  chaque tribu a  
 le droit  exclusif de pêcher. Leurs membres sont  fort  
 pointilleux sur ces  prérogatives,  et la moindre infraction  
 peut entraîner des  guerres sérieuses 6. 
 Ils pèchent à la ligne  avec succès,  malgré  l’imper- 
 Pêche.