1827.
Mars.
dont il est facile de deviner les dangereuses conséquences.
Quant à n o u s, instruits des opinions de nos hôtes,
nous sûmes les respecter, tout en les maudissant;
nous fîmes tous les détours que nos guides jugèrent
convenables. Par cette raison nous traversâmes plusieurs
fois la rivière qui n’est plus qu’un torrent souvent
guéable. Enfin, nous parvînmes aune vallée très-
humide que les eaux de la rivière doivent submerger
complètement au temps des pluies. Elle était presque
entièrement couverte d’immenses kaï-kateas, et je
l'econnus au premier coup-d’oeil que ce devait être
une espèce de podocarpus. C’est un fort bel arbre
dont le port et le feuillage rappellent assez bien le cyprès
, mais qui atteint de bien plus grandes dimensions.
De la, nos guides, avec de nouveaux circuits , nous
menèrent vers le terrain du Koudi. Sur une petite
éminence j’examinai quelque temps de fort belles
huttes construites avec un soin extrême et ornées de
sculptures bizarres, mais d’un travail remarquable
pour ces régions. Ces cases sont destinées à servir
de magasins pour les patates de la récolte prochaine,
et se nomment doua-koumara. C’est pour ce genre
d édifice que le Nouveau-Zélandais réserve tout le
goût, tout le luxe qu’il peut déployer. Les habitations
des chefs eux-mêmes ne marchent qu’en seconde ligne;
sans doute parce que les unes sont utiles à la
communauté entière, tandis que les autres ne sont que
des objets d’intérêt particulier. Peut-être est-ce là
une des preuves les plus irrécusables de l’esprit vraiment
républicain de ces peuplades.
Après avoir gravi un coteau couvert d’arbrisseaux
et de hautes fougères , nous entrâmes dans le lit d’un
torrent peu considérable qu’ombrageaient diverses espèces
d’arbres de la plus grande taille. Encore une fois
j’admirai combien le ton général de la végétation, et
surtout des fougères, me rappelait celle des tropiques,
principalement de la petite île d’Ualan, malgré un intervalle
de mille lieues terrestres , en latitude seulement.
Quatre ou cinq naturels nous suivaient en babillant
gaiement, et témoignant de tout leur pouvoir leur
empressement à m’être agréables. Il suffisait queje manifestasse
le désir d’avoir un échantillon de plante, de
pierre ou d’insecte, pour les voir à finstant se précipiter,
le recueillir et me le présenter en souriant. Ils
répétaient à chaque instant le nom de Marion, et me
le donnaient, supposant probablement que je devais
être un de ses enfans. Ils m’assurèrent que c’était aux
environs de ces mêmes forêts que cet infortuné navigateur
avait envoyé couper les mâtures dont il avait eu
besoin. Du re s te , il n’était pas douteux que les habitans
de Kawa-Kawa n’eussent eu de fréquens rapports
avec lui et ses compagnons ; la mémoire de Marion
paraissait leur être chère, et ils repoussaient avec
horreur le soupçon d’avoir trempé dans son assassinat.
Sur un des flancs de la colline , au milieu de plusieurs
autres espèces, on me montra le koudi, qui
donne le bois par excellence de toute la Zélande, au
jugement des naturels, comme à celui des missionk
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