n il
Lorsque ce salut s’accorde à des parens, à des amis
dont on a été long-temps éloigné, il est toujours accompagné
de soupirs, de gémissemens et même de cris
plaintifs qui durent d’autant plus long-temps que l’affection
est plus vive de part et d’autre '. Les voyageurs
se sont plu à nous citer une foule d’exemples de ce
genre, et à retracer les marques de sensibilité manifestées
par ces sauvages en ces occasions 2. Moi-même
je fus témoin de l’entrevue de Taï-Wanga avec son
oncle Shongui après une absence de dix-huit mois, et
j’avoue que j ’en fus véritablement touché 3. Souvent
l’excès de cette sensibilité les porte à se déchirer la figure
et diverses parties du corps, pour mieux témoigner
leur joie du retour d’une personne chérie, comme
ils le feraient de leur douleur pour sa mort, tant ces
naturels sont persuadés qu’ils ne sauraient assez témoigner
la vivacité de leurs affections, sans faire
couler leur sang 4.
Le mot shongui doit s’écrire e’hongui, suivant la
forme grammaticale, et c’est de là que le fameux chef
de Kidi-Kidi tirait son nom. Ainsi la réunion des deux
mots shongui et ika signifie littéralement salut
du poisson. On doit se rappeler que les Zélandais accordent
les honneurs divins à certains poissons monstrueux.
Ces hommes si pointilleux sur le salut shongui, n ’a-
I Savage^ p. 4 3 . Nicholas, I , p, 2 12 . Cruise, d Ü r v . , I I I , p. 636 et
6 3 7. Rutherford, d Ü r v . , I I I , p. 73 7. — 2 Marsden, dÜ r v ., I I I , p. 281.
— 3 D’Urville, II I , p. 674. — 4 Anderson, d’ü r v ., I I I , p. 2.5. Marsden.
d’I 'r v ., ITT, p. 1 4 5 , i 55.
vaient aucune idée du baiser ordinaire des Européens.
Ils semblaient même ignorer complètement cette caresse
entre personnes de sexe différent.
Leurs noms propres comme ceux des anciens Grecs Noms propres,
sont presque tous significatifs, et expriment tantôt
un animal, une plante, un poisson ; tantôt quelque
qualité du corps et de l’ame; quelquefois, enfin, ils
rappellent un exploit, une circonstance remarquable
pour l’individu qui le porte. Voici de nombreux exemples
de ces diverses sortes de désignations '.
Tawa, espèce d’arbre; Koudi, autre espèce d’arbre
; Ngarara, reptile ; Kiivi, espèce de casoar ; Kou-
tou, pou; Tara, oiseau de mer; Ika , poisson; Ma-
nou, oiseau; TFe, chenille, etc.
Kara-Tete, irascible ; Shouraki, qui marche vite ;
Doudou, caché; Didi, en colère; TFidi, qui tremble
de fureur; Tourna, qui regarde d’un air menaçant;
Kahi, qui foule aux pieds; Ahi-Tou, cri d’un certain
oiseau ; etc.
Dipiro, nom d’une certaine plage; Pakii-Koura,
arracher d’une terre rouge (le père de cet individu
avait été tué au moment où il arrachait de la racine de
fougère sur une terre rouge); Tau-Tahi, né la première
année du mariage; Tau-Nga-Oudou, né la
dixième année du mariage ; Tanii, borgne ; H ihi,
rayons du soleil ; Kaï-Koumou, qui mange les membres
de son ennemi; Doua-Tara, tombe fréquentée
parles oiseaux de mer; Tepahi, le vaisseau; kVare