trolabe débouqiie dans la baie Shouraki, gît un rocher
isolé, tout-à-fait n u , sauvage et habité par des myriades
de cormorans. Les habitans lui ont donné le
nom de Tara-Kaï ( de lara, cormoran , et kaî, vivre).
Nous fîmes une station près de ce rocher, par treize
brasses sable et vase, puis nous poursuivîmes notre
route au sud avec de faibles brises de S. O. qui passèrent
au S. à six heures du soir, et nous contraignirent
à laisser tomber l’ancre par dix brasses, à moins d’une
demi-lieue des côtes de Ware-Kawa, et près d’un cap
assez remarquable, nommé Waï-Mango.
La nuit fut belle et tranquille. Lejour suivant, dès
six heures du matin, l’Astrolabe avait remis à la voile,
et je tentai de m’avancer vers la bouche du Waï-Ka-
houpounga. Mais la brise qui régnait d’abord à l’E. S.
E., varia successivement au S. E., S. et même S. S.
O .; ainsi, renonçant au projet de m’avancer davantage
vers le fond de la baie, à huit heures et demie, je
laissai retomber l’ancre par huit brasses vase, à deux
milles environ de la côte, et à sept milles et demi de
l’embouchure de la rivière. Du mouillage nous distinguions
parfaitement les deux pointes de l’entrée ; mais
DE L’ASTROLABE. 181
le fond de la baie qui n’est sans doute qu’une plaine
d’alluvion, est occupé par un terrain si bas que ce
n’était que des hunes qu’on pouvait distinguer clairement
les immenses forêts de podocarpus qui en couvrent
une grande partie. Dès que la corvette fut
mouillée, j’expédiai M. Lottin sur la côte voisine pour
faire une station géographique, et en même temps
pour y déposer notre fidèle pilote Makara. Quoique
appartenant à la classe des esclaves ou kouki, ce
garçon mérita par sa conduite à bord toute notre estime.
En le quittant, je le gratifiai d’un paquet de poudre
, d’une grande hache et de quelques autres bagatelles
qui le rendirent le plus heureux des hommes. Il
n’épargna ni instances ni promesses pom- me déterminer
à attendre ses chefs qui allaient revenir, me disait-
il , de Whï-Kato avec d’immenses provisions de cochons,
de pommes de terre et de patates. Autant et
plus que lui j’eusse désiré prolonger mon séjour dans
ces intéressans parages, mais le temps me pressait, et
r Astrolabe avait à visiter une foule d’autres lieux que
la Nouvelle-Zélande.
En conséquence, dès que le canot fut de retour à
b o rd , nous remîmes à la voile, et je me dirigeai sur
la côte de Shouraki pour la prolonger de près. Elle
est beaucoup plus élevée, et surtout plus abrupte que
celle de Ware-Kawa, et le terrain n’est nullement
propre à la culture. Nous ferons observer ici qu’à l’endroit
où débarqua M. Lottin il ne trouva au rivage
que des galets sur lesquels la mer brisait avec force,
et, un peu au-delà, des marais impraticables et jonchés
7827.
Février.
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