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1027.
Février.
de douze à treize ans, et qui s’était singulièrement
attachée à moi, le récitait presque en entier, tel qu’on
le trouve dans la Grammaire des Missionnaires. L’un
el l’autre s’accordèrent à me confirmer que c’était
la prière adressée au grand Atoua du ciel, quand les
vivres sacrés lui étaient offerts sur le champ de
bataille.
La jeune Rau-Tangui paraissait intimement tenir
à Shaki, mais il me fut impossible de savoir si elle
n’était que son esclave ou si elle était sa soeur. Leurs
réponses à mes questions, variant à chaque instant
dans ces deux sens, me laissèrent constamment dans
l’incertitude à ce sujet. Avec les adoptions en usage
chez eux, il serait possible que l’un et l’autre eût lieu
en même temps, et qu’en effet le père de Shaki eût
épousé l’une de ses prisonnières, mère de Rau-Tangui.
Cette petite fille était extraordinairement vive ; son
corps était sans cesse en mouvement et son imagination
était tout aussi mobile, car on la voyait rire,
puis bientôt après p leurer, et souvent faire l’un et
l’autre presqu’au même instant. Plusieurs de ses compagnes
prodiguèrent leurs faveurs indistinctement aux
officiers et aux matelots moyennant toutes sortes de
bagatelles. Mais il était bon d’être sur ses gardes;
car ces belles, fidèles à leurs anciennes habitudes,
non contentes des tributs volontaires qu’on leur accordait
, y ajoutaient tout ce qu’elles pouvaient dérober.
Ainsi l’un de nos galans chevaliers vit à sa grande
désolation disparaître toiit-à-coup sa montre, et ne la
retrouva qu’entre les mains de l’honnête Shaki, car
c’est ordinairement au chef suprême que finit par retourner
la propriété absolue de ces objets.
Nos deux voyageurs de Tera-Witi ont fait connaissance
avec les habitans de Houa-Houa, et Tehi-Nouï
parait décidé à rester avec eux ; je me suis empressé de
l’affermir dans cette résolution, en lui accordant,
sur sa demande, une gargoiisse de poudre afin d’en
gratifier le rangatira qui le prendrait sous sa protection
et lui fournirait une pirogue pour retourner chez
lui. Ln effet, après les fusils [pou] plus précieux pour
eux que l’or et les diamans chez nous, la poudre est
l’objet le plus essentiel à leurs yeux.
Koki-Hore paraît peu satisfait de cette détermination
et préférerait rester à bord , mais l’honneur lui
prescrit de suivre la fortune de son chef.
Toute la journée il avait fait à peu près calme, et je
m’attendais à passer tranquillement la nuit au mouillage,
quand à six heures du soir, dans une légère
risée d’O. N. O . , nous vîmes que notre ancre chassait.
Vingt brasses de chaîne que nous filâmes
à l’instant ne pouvant nous arrêter, j’en conclus que
notre ancre était surjalée. Nous approchions rapidement
les brisans de Mouï-Tera (île Sporing de Cook),
et je ne me souciais pas de mouiller une seconde ancre,
dans la crainte d’exposer notre câble à s’engager avec
la chaîne au changement de marée. Je me décidai
donc à mettre à la voile et à sortir de la baie. Au
même instant, nos deux canots revenaient de terre,
et le parti que je prenais était sans doute le plus sûr.
11 restait à bord une quinzaine de naturels, dont
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