
 
        
         
		120 VOYAGE 
 Au moment d’en venir  aux mains,  eomme  prélude  
 indispensable  du  combat  les  guerriers  exécutent  
 leur  chant de  guerre,  et  ils s’accompagnent  de  c ris,  
 de  gestes et  de  grimaces  plus  horribles  les  unes que  
 les  autres 2.  Surtout,  il  leur arrive  souvent  de  faire  
 sortir  leur  langue  de  leur bouche  d’une manière extraordinaire  
 , et de relever leurs paupières  au point de  
 montrer tout le blanc de l’oeil  qui forme alors  un cercle  
 tout  autour  de  l’iris 3.  Cette  attitude de la  figure  
 humaine  est,  suivant  eux,  l’emblème  de  la  gloire,  
 oadou; aussi c’est celle qu’ils donnent habituellement  
 à leurs figures sculptées  4. 
 Le  plus souvent ils n’accordent point de merci aux  
 hommes  qui tombent  entre  leiu s mains au milieu du  
 combats,  surtout si  ce sont des chefs de quelque distinction. 
   Alors ces malheureux sont presque toujours  
 assommés  et  dévorés  sur  le  champ  de bataille.  Les  
 femmes  et  les  enfans  sont  réduits  en  esclavage,  et  
 emmenés  par  les  vainqueurs  en  guise  de  butin  6.  
 Quand  Shongui  s’empara  du  pâ  des  Nga-te-po,  à  
 Wangaroa,  il  n’épargna  aucun  des  habitans,  et  les  
 esclaves seuls eurent la vie sauve 7. 
 Ces  hommes  sont  tellement convaincus que le soi t  
 des  prisonniers  qui  tombent  entre  leurs  mains  dé- 
 ■  Cook,  prem.  V o y .,   II I ,  p.  i 5 o.,  2 8 9 .—   =  Cook,  deux.  V o y .,  V ,   
 p.  286.  Savage,  p.  68.  Rutherford,  d ü r v . ,   I I I ,  p.  78 2 ,  787.  —   3  Cook,  
 prem.  V o y .,  I I I ,  p.  290.  Anderson,  d Ü r v . ,  I I I ,  p.  24.  —   4  Cook,  deux.  
 V o y .,  I ,   p.  264. —   àCooi-,  trois.  V o y .,   I ,   p.  17 5 .  Nicholas,  dÜ r v .,  II I ,  
 p.  6 3 3 .  —   6  Reports,  dÜ r v .,  m,  p.  456 .  —   7  Missionnarr Register,  
 d’ü r v .,  I I I ,  p.  .iag. 
 D E   L ’ASTROLABE. 421 
 pend complètement  de  leur  caprice,  qu’un jour  des  
 naturels  qui venaient d’arrêter  un  déserteur  du Dromedary, 
   sur la  demande  du  capitaine,  en  le  remettant  
 aux Anglais,  demandèrent  à  l’officier  commandant  
 s’ils  ne pouvaient pas actuellement tuer leur prisonnier  
 '.  11  est probable  qu’ils l’eussent  ensuite  rôti  
 et mangé sans scrupule. 
 Quand la  tribu  offensée  croit  avoir  tiré  une  vengeance  
 suffisante  de  son  ennemi,  ses  guerriers  se  
 retirent,  après avoir partagé entre eux les prisonniers  
 et le butin qu’ils ont faits dans le cours de la guerre 2.  
 Souvent les  tempêtes  dispersent  et  submergent  leurs  
 frêles pirogues,  el le triomphe des vainqueurs est plus  
 d’une  fois  troublé  par  les  revers que les  élémens leur  
 suscitent. 
 Naguère,  quand  les  Zélandais  ne  combattaient  
 qu’avec leurs  armes nationales ,  telles que  la lance, le  
 casse-tête,  le p a to u ,  le mere,  e tc .,  les  chances  de  la  
 guerre  étaient  à  peu  près  balancées,  et  les  diverses  
 tribus avaient alternativement le dessus ou le dessous ;  
 mais  depuis  l’introduction  des  armes à  fe u ,  que  le  
 hasard  a  fort  inégalement  réparties  parmi  eux,  les  
 tribus du nord, beaucoup plus favorisées dans ce partage  
 ,  ont un  avantage  immense sur  les  peuplades  du  
 Shouraki,  et  surtout  sur  cellqs  de  la  baie  d’Abondance  
 et  du  cap  Lst.  Chaque  année,  les  premiers  
 font  des incursions chez les malheureux  habitans  des  
 contrées  du su d ,  et malgré  la  résistance que ceux-ci 
 ï  Cruise,  p.  342.  —   2  Marsden,  dÜ rv .,  I I I ,  p.  2 i5 . 
 A 
 m .