Oumou , maison pour cuire les vivres ; Moudi-Wai,
eau située à l’extrémilé ; Patou-One, combat sur la
plage, etc.
C’est commettre la plus grave insulte envers une
personne que d’appliquer son nom à quelque objet
que ce soit. Quand cela arrive et que la personne offensée
en a le pouvoir, elle ne manque jamais de s’en
venger en détruisant ou en pillant les objets qui ont
reçu le nom ainsi profané. Shongui détruisit un jour
tous les cochons de Wangaroa , parce qu’un naturel
dans sa colère avait donné le nom de Shongui à un de
ces animaux.
M. Clarke, se rendant à la Nouvelle-Zélande sur la
Coquille, en 1824 , avait eu la fantaisie de donner à
un beau chien qui l’accompagnait le nom de Pomare ;
mais Taï-Wanga le prévint que les amis de Pomare
ne manqueraient pas de tuer son chien dès qu’ils
auraient connaissance de cette profanation. Alors
M. Clarke donna à cet animal le nom de P a h i, l’esclave
attaché à Taï-Wanga. Tout esclave qu’était Pa in,
il était facile de voir que cela ne lui plaisait nullement,
et qu’il ne voyait pas d’un bon oeil l’animal qui
portait son nom.
Un esclave ayant donné le nom de Tapa-Tapa,
femme du chef Tekoke, aux patates de Kawa-Kawa,
les habitans de cet endroit tremblèrent cTans la crainte
que leurs voisins ne vinssent leur enlever leurs patates
'.
Ce dernier exemple donnerait lieu de penser que,
dans un pareil cas, non-seulement la personne injuriée,
mais encore tous les étrangers ont le droit de
punir un semblable délit. Sans doute ils sont persuadés
qu’une telle profanation est un crime grave
envers l’Atoua, et qu’on ne saurait trop en prévenir
les conséquences.
XVIIl.
LANGAGE.
Ainsi qu’on a pu le remarquer déjà par les mots
que nous avons eu occasion de citer dans le cours
de cet Essai, la langue des Nouveaux-Zélandais n’est
nullement dure ni désagréable; dans la bouche des
femmes, elle a une douceur particulière. Cependant
elle acquiert une énergie et une expression vraiment
remarquables dans les discours animés que les chefs
prononcent dans leurs assemblées ou dans leurs négociations
politiques. Sans doute, comme toutes celles
des peuples sauvages qui ont toujours ignoré une
foule d’idées et d’objets devenus familiers aux nations
civilisées , cette langue est très-bornée quant au nombre
des mots qui la composent. Néanmoins elle a plus
de ressources qu’on ne serait d’abord disposé à lui
en supposer ; au moyen de particules heureusement
appliquées, les différens termes du discours se trouvent
convenablement modifiés. 11 en résulte qu’elle
n’a point de déclinaisons ni de conjugaisons proprement
dites; sous ce rapport, elle ressemble beaucoup
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