
 
        
         
		■r  
 ■■i  
 I;  ii' 
 '  [fi 
 ii; 
 1- ' 
 I 
 ■Ii 
 f}' 
 liil 
 à  aller  en  tuer quelques-uns  pour  l’équipage de  ¿’As-  
 trolabe. — Rangui et sa suite eurent la permission spéciale  
 de passer la  nuit à b o rd ,  qu'on  leur accorda par  
 égard  pour  leur  infortune  et  pour  les  liens  de  l’ancienne  
 hospitalité que nous avions contractés ensemble  
 sur la Coquille. 
 Il ne vint a bord dans la matinée que trois pirogues  
 chargées  de  phormium  et  de  pommes  de  terre.  Les  
 hommes  qui  les montaient  ne  consentaient d’abord à  
 livrer ces objets que pour des fusils ; ce ne fut qu’après  
 s etre convaincus que nous n’étions pas disposés à leur  
 en donner, qu’ils voulurent bien recevoir de la poudre.  
 L’étoupe  commençait  à  tirer  à  sa  fin  ; je  fis  acheter  
 une bonne  quantité de chanvre de phormium  pour  le  
 service de l’histoire naturelle.  Les  sauvages de ces pirogues, 
  appartenant pour la plupart à la tribu de K idi-  
 Kidi,  montraient  ce  ton  d’arrogance,  cet  air  de  férocité  
 et  cette  duplicité  dans  leurs  marchés  qui m’avaient  
 déjà  frappé  autrefois.  Aussi  donnai-je l’ordre  
 de les surveiller avec soin,  en même temps queje leur  
 fis interdire l’accès du bord. 
 Curieux  de  vérifier  ce qu’il  y  avait de  vrai dans  le  
 récit de Rangui touchant les cochons de Motou-Doua,  
 je partis  accompagné  de  M.  Dudemaine,  du maitre-  
 commis  et  du  maitre-voilier,  les  chasseurs  les  plus  
 déterminés du bord ;  et,  guidé  par  le  fils  de Rangui  
 et un jeune  naturel  nommé  Kokako ,  je me fis transporter  
 sur cette île. J ’ai contemplé avec intérêt le petit  
 vallon  situé  au sud ,  car  ce  fut là que  Marion  établit  
 son hôpital  et  son jardin.  II n’en  reste  aucun  vestige 
 apparent ;  les  choux et les raves y croissent  en abondance, 
   et ce petit morceau de terre qui est très-borné  
 semble d’une grande fertilité. 
 Nos chasseurs s’empressèrent de parcourir l’ile dans  
 toutes  ses  parties  pour  se mettre  à  la  quête des  cochons. 
  Pourmoi,jegravispaisiblementjusqu’à sa cime,  
 glanant  çà  et  là  quelques  plantes,  car  la végétation  
 n’en est ni variée,  ni  active,  et se  compose en grande  
 partie de  fougères  et  de  broussailles  peu  remarquables. 
  Du sommet, j’admirai la vue magnifique de la baie  
 entière,  de  ses  ramifications  et  des  îles  nombreuses  
 qui lui firent donner son nom par Cook. En réfléchissant  
 aux avantages que ce beau bâvre offre auxnavires,  
 je ne pus m’empêcher de songer au rôle important qu’il  
 jouera un jour, lorsque la Nouvelle-Galles du Sud sera  
 devenue un Etat  puissant.  Après  la baie  Shouraki  et  
 le détroit de Cook,  la baie des lies sera l’un des points  
 les  plus  fréquentés  par  les  navires  qui  sillonneront  
 alors en tout sens l’Océan-Pacifique. 
 Fatigué de finutilité de mes recherches en botanique  
 et  en  entomologie,  je m’étendis  sur  la  fougère  pour  
 me  livrer  à  ces  réflexions.  Après  m’être élancé  dans  
 l’avenir,  après  avoir  en quelque  sorte  assisté  en  imagination  
 au  spectacle  que  les  siècles  et  la  civilisation  
 préparent  à  ces  contrées,  mon  esprit  fatigué  de sa  
 longue  excursion vint  se  reposer  sur  la  corvette.  Je  
 me  rappelai  que  j’avais  fixé  le  départ au lendemain,  
 et je me décidai à reprendre  le chemin du navire pour  
 en hâter  les  préparatifs. 
 Les  chasseurs  n’avaient  cessé  de  courir  après  les 
 ■Ii