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 surtout  par  sa  position  isolée  au  milieu  d’un  
 pays fort  bas,  accident de sol très-rare à la Nouvelle-  
 Zélande. 
 Il n’y eut point de latitude et ce fut la première fois  
 depuis le cap Palliser. On entendait la mer briser avec  
 une  fureur  extrême  le  long  de  la  plage  de  sable  qui  
 borde la côte devant le mont Edgecumbe. 
 Après  midi,  la  brise,  qui  avait  été  tout  le  matin  
 molle  et  variable  au  S.  E.  et  à  l’E.  S.  E ,  passa  à  
 l’E.  N. E .,  et fraîchit.  La  pluie  augmenta  en même  
 temps,  de  sorte  qu’à partir  d’une  heure,  ce  ne  fut  
 plus qu’une averse continuelle qui gêna considérablement  
 les opérations de M.  Lottin.  Cependant il poursuivit  
 tous  ses  relèvemens,  et je ne voulus pas encore  
 abandonner notre  exploration. 
 Nous  donnâmes dans  le  canal formé  entre Motou-  
 Hora et la terre. A cinq à six milles à l’ouest de cette île  
 nous  reconnûmes  les îlots  et les  brisans  indiqués  par  
 Cook  et  qui  rendent la navigation  de  cette  côte  très-  
 périlleuse ; elle le devenait doublement pour nous,  en  
 raison des circonstances. 
 Ici la carte de Cook  est  défectueuse,  et je  regrettai  
 vivement  qu’un  temps  aussi mauvais  me  privât  des  
 moyens de la rectifier avec toute la précision désirable.  
 Je prolongeai la plage à  deux milles  au  plus,  autant  
 pour ne pas la perdre de vue que pour ne pas trop me  
 rapprocher des  écueils qui  s’étendent parallèlement  à  
 sa  direction.  D’abord  très-basse  à  la  suite  du  mont  
 Edgecumbe dans une étendue de six à huit milles,  elle 
 se relève brusquement en falaise escarpée,  d’une médiocre  
 hauteur  et  bordée  à  sa  base  par  une  bande  
 étroite de galets sur lesquels la mer brisait avec impétuosité. 
 De  quatre  heures  à six heures je prolongeais à un  
 mille et demi au plus cette grève  sauvage,  en  forçant  
 de  voiles malgré  le mauvais  temps,  dans  l’espoir  de  
 pouvoir  distinguer  l’île  Plate de  Cook  avant  la  nuit.  
 Dans  ce  cas  j ’eusse  reconnu  notre position,  et notre  
 manoeuvre  eût pu  devenir  plus  assurée;  mais  à  six  
 hçures  onze  minutes  du soir,  n’ayant rien découvert  
 et le  ciel  prenant  un  aspect de plus  en  plus  sinistre,  
 je  vis  que je ne pouvais,  sans une haute imprudence,  
 tarder  à  reprendre  le  large.  Après  avoir  fait  serrer  
 la  grande voile  et  prendre  le  bas  ris  aux  huniers,  je  
 serrai  le  vent  tribord,  pour  écarter  directement  la  
 terre. 
 En  effet,  notre  position  sur  cette  terre  inhospitalière  
 était tout-à-fait  critique ;  si le vent  eût  sauté  au  
 nord,  notre perte devenait presque inévitable.  Quoique  
 la  lame qui venait du N.  E.  fût  prodigieusement  
 haute,  et que nous la prissions presque droit debout,  
 la corvette se comporta bien et  continua de  filer  cinq  
 noeuds  jusqu’à huit  heures,  ou  les  rafales  devinrent  
 très-pesantes,  accompagnées  d’un déluge  de  pluie  et  
 d’une mer de plus en plus mauvaise.  La prudence me  
 força à serrer la misaine,  le petit hunier et le foc d’artimon  
 ,  pour rester  à  la cape  sous  le  grand hunier  et  
 le  petit  foc  seuls.  Ce  fut sous  cette voilure  que nous  
 passâmes la n u it, quoique j’eusse tout lieu de craindre 
 1827. 
 Février. 
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