Pirogues.
492 VOYAGE
feclion de leurs hameçons dont le corps est un morceau
de nacre ou autre coquillage taillé ou poli avec
une pointe en os acéré, munie d’une barbe. Les lignes
sont en chanvre de phormium, d’une durée et d’une
force extraordinaires Les hameçons portent le nom
Aemalau.
Enfin, si l’on en croit Rutherford, ils sont si habiles
plongeurs , qu’ils sont capables d’aller surprendre
le poisson à de grandes profondeurs et de le saisir
sans autre moyen que leur adresse et leur agilité 2.
Il est certain que c’est dans la construction de leurs
pirogues que ces insulaires avaient poussé le plus loin
leur industrie ; car nous avons déjà faitobserver que
leurs maisons étaient toujours d’une construction fort
mesquine et ne répondaient guère à leur intelligence
naturelle.
On remarque deux sortes de pirogues ; les unes
longues de vingt à trente pieds seulement sur deux ou
trois de large , et destinées à porter de dix à vingt
personnes, appartenaient à des particuliers ou du
moins à certaines familles, et d’ordinaire chaque tribu
comptait un grand nombre de ces pirogues. Les autres
atteignent jusqu’a soixante et quatre-vingts pieds
de longueur, sur cinq à six de largeur, et quatre de
profondeur 3, et peuvent porter jusqu’à quatre-vingts
et cent hommes. Ces dernières sont réservées pour
DE L ’ASTROLABE. ? 9 3
les combats, et appartiennent à toute la tribu qui en
possède rarement plus de trois ou quatre à la fois '.
Une des pirogues deTepere de Wangaroa avait plus
de soixante-douze pieds de longueur, et contenait
soixante-sept personnes 2.
Du reste, toutes ces pirogues sont semblables par
la forme générale et par les détails de la construction.
Elles se composent d’un énorme tronc de koudi,
creusé intérieurement dans toute sa longueur, et surhaussé
de chaque côté par une planche d’un pied de
largeur environ, adroitement cousue au corps de la
pirogue dans toute sa longueur. La couture est en
outre remplie par du chanvre ou des broussailles, et
calfeutrée avec une espèce de résine 3.
Ces pirogues sont pourvues de bancs pour les rameurs,
qui se servent toujours de pagaies bien taillées,
et susceptibles d’ajouter, par l’élasticité du bois, à la
force d’impulsion qu’on peut leur donner 4. Une pierre
fort pesante sert d’ancre 3. Les voiles, qui sont triangulaires
, se composent de nattes en paille cousues
ensemble 3. Ces pirogues manoeuvrent fort bien, et
peuvent filer sept noeuds dans une belle mer. On
a vu des armées de plusieurs centaines de guerriers
exécuter des voyages de quatre ou cinq cents milles
I Crozet, d ü r v . , II I , p. 66. — 2 Kendall, d’ü r v ., I II, p. 22g. —
3 Cook, prem. V o y ., I I I , p. 282. Savage, p. 62. Cruise, d’ü r v ., I I I ,
p. 668. Rutherford, d’Urv., I I I , p. 760. — 4 Cook, prem. "Voy., III,
p. 284. Crozet, d’Urv., I I I , p. 66. Marsden, d’U r v ., I I I , p. i6 y . —
5 Savage, p. 63 . — 6 Cook, prem. V o y ., I I I , p. 284. Deux. V o y ., I ,
p. 2 5 5. Trois. V o y ., I , p. 201.