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 l ’évrier. 
 ques  du  désespoir,  déclarant  avec  énergie qu’ils voulaient  
 absolument rester à bord ! Alors ils m’apprirent  
 que les habitans  d’Okoura  étaient  leurs  ennemis,  et  
 que,  s’ils  tombaient  en leur pouvoir,  ils ne pouvaient  
 manquer  d’étre mis  à mort et  dévorés.  Ils nous invitaient  
 de la manière la moins équivoque à tirer sur eux  
 et  à les tuer.  Les premiers transports de nos hôtes ne  
 provenaient,  à ce que je sus bientôt,  que de la persuasion  
 où ils étaient que nous allions combattre et exterminer  
 ces  nouveaux  venus,  et  de  l’espoir  du  repas  
 délicieux  qui,  suivant  leurs  idées,  allait  devenir  le  
 prix de la victoire. 
 On  sent  bien  que  je  n’étais  pas  disposé  à  satisfaire  
 les appétits singuliers de mes deux compagnons.  
 J ’eusse été au contraire  flatté  de  communiquer paisiblement  
 avec  les  habitans  du  rocher Okoura,  pour  
 connaître leurs dispositions ,  et me former une idée de  
 leurs ressources. Mais  le  temps me pressait,  je  voulais  
 profiter  du vent favorable ,  et  chercher  avant la  
 nuit un lieu propre à mouiller la corvette dans la vaste  
 baie  d’Hawke. 
 En conséquence,  sans attendre  davantage  ceux de  
 la  pirogue  q u i,  par  une  fausse  manoeuvre,  étaient  
 restés  assez  loin  derrière  n o u s,  je  forçai  de  voiles ;  
 après  avoir  suivi  de  très-près l’espace  de  huit  à  dix  
 milles une jolie grève c|ui règne depuis l’île Okoura jusqu’au  
 cap Mata-Mawi,  nous nous trouvâmes à midi à  
 quatre ou cinq milles au sud de celle-ci. 
 Le cap Mata-Mawi,  pointe méridionale  de  la baie  
 d’Hawke,  est très-remarquable par sa  coupe  étroite. 
 angulaire,  taillée à pic et complètement dépouillée  de  
 verdure.  Il  en est de même des deux rochers qui l’accompagnent  
 ;  ils  ne  sont que des fragmens  détachés  
 de la masse du cap ;  vus du sud ils  ressemblent à des  
 cônes un peu inclinés,  tandis  qu’aperçus du  nord  ils  
 ont plutôt l’air de pyramides quadrangulaires. Des roches  
 à  fleur  d’eau  forment un  brisant  qui  s’étend  à  
 près d’un demi-mille au large. 
 Depuis l’île Okoura les eaux de  la mer avaient pris  
 une teinte  évidemment moins  pure ;  cependant  nous  
 trouvâmes  soixante-cinq  et  soixante-neuf brasses  à  
 une lieue de terre  au plus.  Lorsque nous nous  trouvâmes  
 par le travers du  cap,  la  couleur fangeuse des  
 eaux  se  prononça tellement  qu’elle  formait une  ligne  
 de démarcation très-remarquable,  et semblait annoncer  
 un haut-fond.  Pourtant à  cinquante  brasses nous  
 ne le trouvâmes point,  et j ’en conclus que cette décoloration  
 complète  devait  plutôt  s’attribuer  aux  eaux  
 des  rivières  et  des  torrens  qui  doivent  se décharger  
 au fond de cette grande baie. 
 D’une heui'e à deux,  nous donnâmes dans ce vaste  
 bassin  avec  une  jolie  brise  d’O.  et O.  S.  O.  et une  
 belle mer qui me  promettait  une  navigation  agréable  
 et sûre le long de ces côtes mal connues. Mais à deux  
 heures  le  vent  sauta  subitement  à  l’E.,  et  vint  renverser  
 toutes mes espérances,  car la prudence m’obligeait  
 désormais k me tenir à une plus grande distance  
 de terre. Ainsi, nous en prolongeâmes  la plus grande  
 étendue à six à huit milles de distance,  par  quarante,  
 trente-quatre  et  vingt-quatre  brasses,  fond  de  sable