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nous passions devant un espace où le rivage au contraire
semblait plus abaissé et couvert de grands a rbres
; mais d’épaisses brumes qui le couvrirent de
bonne heure nous en cachèrent les détails.
La sonde donna vingt-neuf brasses à cinq heures
quarante-cinq minutes, et quarante à sept heures
trente-cinq minutes. Le suif, chargé d’un peu de vase
sur les bords et sec dans le milieu, avec de fortes
impressions , indiquait une couche légère de vase sur
un fond rocailleux. Cette conjecture se trouvait en
outre confirmée par ce qui était arrivé constamment
à la drague des naturalistes ; jetée plusieurs fois à la
mer avec toutes les précautions possibles , elle n’avait
rien rapporté du tout.
A la nuit le vent tomba et il survint des grains.
. Dans une risée fraîche et subite, à onze heures un
q u a rt, le vent sauta au N . E . , puis revint bientôt
au N. O. où il demeura ensuite incertain et fort
irrégulier. Nous passâmes la nuit aux petits bords.
Cette journée fut encore très-peu favorable à nos
opérations, le ciel se chargea de toutes p a rts , des
grains subits et souvent assez violens de l’O. N. O.
au N. O. se succédèrent sans interruption depuis
quatre heures jusqu’à onze heures du matin, avec
une pluie abondante et une mer très-grosse.
Cependant nous forçâmes de voiles pour doubler
la pointe des Rochers qui est un gros cap émoussé,
accompagné de quelques rocs à sa ba se , mais fort
rapprochés de terre. A plusieurs milles au sud de cet
endroit, la côte est très-roide, haute et couverte
d’arbres, sans apparence de p o rt, de calangues ni
d’habitans. A la pointe même des Rochers, un filet
blanc qui tranchait sur la teinte sombre de la terre
nous indiqua la présence d’une cascade dont les
eaux se précipitaient verticalement dans celles de
l’Océan.
Nous l’avions déjà dépassée de quelques milles ,
quand, à la station de trois heures et demie du soir,
la sonde rapporta soixante brasses, gros sable, à
une lieue et demie de terre. Ensuite poussés par une
belle brise d’ouest, nous filâmes rapidement le long
de la terre dont l’aspect devient de plus en plus
agréable, à mesure qu’on se rapproche du détroit. Les
montagnes se reculent vers l’intérieur, et les bords
de la mer se dessinent en pente plus douce ; on distingue
çà et là de belles plages et de jolis bouquets
de bois, mais aucune trace d’habitans.
La mer elle-même devient beaucoup plus tranquille,
et sa teinte fangeuse annonce partout un fond
peu considérable.
Vers six heures, nous crûmes entrevoir à la côte
un vaste bassin, capable d’offrir un bon mouillage, et
je me flattais de l’espoir d’y entrer le lendemain pour
examiner cette partie de la Nouvelle-Zélande. En
conséquence, je serrai la côte de près pour mieux
reconnaître cette ouverture.’ Nous n’en passâmes
guère qu’à deux milles; en ce moment, M. Gressien
monta sur les barres pour en avoir une vue plus
exacte. Il s’assura que ce bassin était en effet très-
spacieux ; malheureusement il ne communiquait à la